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TONY PARKER ET SES ENTORSES DE CHEVILLE …

Le célèbre champion n’a pas échappé à la blessure typique du basketteur : l’entorse de cheville ! Il nous parle du traitement rigoureux qu’il s’impose. Il nous raconte la prévention qu’il met en place tout au long de la saison.


Propos recueillis parle docteur Stéphane Cascua, médecin du sport


Tony Parker est souvent interviewé sur ses performances. Comme bon nombre des sportifs de haut niveau que vous retrouvez dans SantéSportMag, il a apprécié cet entretien plus original où il nous fait part de son expérience de la blessure.






Avez-vous fait des entorses de cheville ?


Au cours de ma carrière oui, un très grand nombre, plus d’une dizaine. Je joue plus de 100 matches par an, les risques sont donc multipliés et mon style de jeu n’aide pas. Je suis très en « rupture » de rythme dans mes actions de basket, très proche du sol, tout en vitesse et en percussion et je sollicite énormément mes articulations. Je suis donc un joueur à risque.


Comment avez-vous été traité ?


J’ai toujours eu la chance d’être suivi par des professionnels du sport qui m’ont toujours indiqué les bonnes méthodes. Les soins diffèrent en fonction du type de blessure. Les grosses entorses sont toujours suivies d’une suspension totale d’activité. Les béquilles sont obligatoires pour ne pas poser le pied par terre pendant au minimum trois jours. Il est très important de glacer, sans se bruler la peau, et dormir avec la jambe légèrement relevée pour aider au flux sanguin. Ensuite j’ai des soins de drainage et de réflexologie pour remuscler ma cheville. Puis j’effectue un gros travail de proprioception afin de réadapter ma cheville à la course, en ligne dans un premier temps, puis aux sauts et aux courses latérales.


Quels sont les éléments thérapeutiques qui vous semblent importants ? Avez-vous des astuces ?


Il faut du repos et surtout si j’avais un conseil à donner ne pas reprendre trop vite. Le glaçage est aussi un élément de récupération essentiel à mes yeux. Mais je crois que la prévention est primordiale dans ce domaine. Il ne faut pas négliger la musculation et la préparation. Je fais énormément de travail de proprioception avec mon préparateur physique aux « Spurs » ou avec les kinésithérapeutes de l’Equipe de France. Je ne strappais pas mes chevilles au début de ma carrière, c’est désormais une obligation ou presque à chaque séance d’entraînement et à chaque match, tout comme le travail d’échauffement de ma cheville.


« JE METS DES CHEVILLIERES OU JE ME STRAPPE AVANT CHAQUE SÉANCE. JE FAIS BEAUCOUP DE TRAVAIL DE COORDINATION AVEC MON PRÉPARATEUR PHYSIQUE »


Quels éléments préventifs vous semblent importants ? Pourquoi ?


La fatigue est un élément déterminant dans la cause de la blessure. Nos réflexes sont altérés en période de forte activité physique et le repos avant l’effort est déterminant pour la prévention des blessures, notamment de la cheville. Ensuite le strapping est un facteur de réduction de la gravité de l’entorse. Mes plus grosses entorses se sont faites sans strapp. Il est donc important de prévenir plutôt que de guérir. Il n’en reste pas moins que c’est aussi une question de hasard et si je retombe sur un pied lors d’un saut et que ma cheville se tord je ne pourrais pas y faire grand-chose.


Vous choisissez quel type de chaussures ?


Pour jouer au basket il faut des chaussures spécifiques. Je prends des « mid » ou des hautes. J’ai des semelles spécifiques adaptées à ma voûte plantaire. Je joue strappé ou avec des chevillières, mais je ne l’étais pas au début de ma carrière.


Exercices de coordinations ? Lesquels ?


Je fais à chaque séance d’entraînement et avant les matches des exercices d’équilibre sur chaque pied séparément et je fais des passes avec un des assistants ou un coéquipier. Je m’échauffe d’abord en faisant des courses en ligne, puis je sollicite crescendo ma cheville avec des sauts pour la tester et bien la faire réagir. Enfin pour terminer si j’avais un conseil à donner, ne négligez pas votre première entorse. Il faut impérativement bien la soigner et ne pas reprendre trop vite. Écoutez les conseils du médecin ou du kiné, il vous indiquera la bonne méthode et le temps nécessaire avant de reprendre une activité physique. N’oubliez pas que la récupération et le repos sont essentiels pour prévenir les blessures.



PLUS DE COORDINATION POUR MOINS DE RÉCIDIVE


Tony PARKER travaille beaucoup sa coordination pour limiter les entorses à répétition, il a raison ! La récidive constitue la première complication de ce type de blessure.


L’entorse : une lésion du système nerveux !


Lors de ces traumatismes, le ligament s’est distendu ou déchiré. Cette cordelette reliant deux os est constituée de fibres microscopiques mais aussi de récepteurs nerveux. Les premières arrivent à cicatriser grâce au repos articulaire suivi d’une remise en tension progressive. Les seconds sont souvent définitivement lésés. De fait, quand le ligament s’étire à l’occasion d’un faux-mouvement, le système nerveux n’est plus informé ; il ne peut plus ordonner la contraction des muscles stabilisant la cheville … et l’articulation se tord violemment.


Enclenchez les circuits de secours


Pour compenser, il est impératif d’entraîner intensément les récepteurs indemnes. Il faut aussi tenter d’accroître la contribution d’un autre réflexe : le « réflexe myotatique ». Quand un muscle est étiré rapidement, il se contracte ; c’est ce qui se produit quand votre médecin tape avec son marteau sous votre rotule et que vous tendez la jambe. De la même manière, lorsque la cheville bascule vers l’intérieur, les muscles situés à l’extérieur de la jambe sont mis en tension. Ils doivent apprendre à se contracter rapidement pour remettre l’articulation dans le droit chemin. Pour cela, rien ne vaut un entretien permanent de la coordination, les kinés parlent de « proprioception » pour décrire le travail des « sensations de notre propre corps ».


La balle est dans votre camp !


En pratique, si vous êtes sujet aux entorses, faites comme Tony PARKER, entraînez un peu chaque jour votre coordination. Travaillez votre équilibre debout sur un pied, genou fléchi. Vous pouvez faire cet exercice discrètement n’importe-où : en attendant le bus, en faisant la queue ou en discutant devant la machine à café. Pour augmenter progressivement la difficulté, commencez devant une glace et terminez les yeux fermés. Débutez sur un sol dur et stable, finissez sur un appui mou … le pied sur un matelas ou un canapé en regardant la télé. Initialement concentrez-vous sur votre posture, peu à peu intégrez des déséquilibres volontaires : utilisez vos membres supérieurs pour jouer avec un ballon. Sur le terrain, faites des déplacements latéraux, des demi-tours, des sauts sur le côté. Sur quelques-unes des réceptions, restez en équilibre, stabilisez vos appuis. Ce type de travail peut très bien s’intégrer à chacun de vos échauffements.


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