Un tendon relie le muscle à l’os. Il transmet la force de contraction. Il est plus résistant qu’un os en croissance. Chez l’enfant, en cas de surmenage sportif, c’est l’os qui se fissure !
Par le docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport .
Le tendon de l’enfant est jeune et souple ; il résiste bien à la mise en tension. Les tendinites sont exceptionnelles. Celui de ses parents est plus raide et plus cassant. En cas de surutilisation, il souffre volontiers de micro-déchirures à l’origine de tendinite. Chez le jeune sportif, l’os à proximité des articulations est en pleine croissance ; il est encore cartilagineux et fragile. À force de tractions, il finit par être victime de microfissures au point d’insertion des tendons. En langage médical, on parle «d’ostéochondrose » : « ostéo » pour os, «chondro » pour cartilage et « ose » pour microlésion mécanique.
C’est vrai partout !
Cette souffrance osseuse en zone d’amarrage du tendon peut exister à peu près partout. Votre médecin du sport va l’évoquer systématiquement. Elle est plus fréquente au membre inférieur dont les muscles mobilisent le poids du corps… mais le coude et l’épaule du jeune tennisman ne sont pas épargnés ! La localisation la plus classique se situe juste sous le genou, à l’endroit où le quadriceps, le puissant muscle de la cuisse s’accroche. Cette blessure porte le nom de « maladie d’OSGOOD SCHLATTER » comme le nom des 2 médecins qui ont décrit pour la première fois cette blessure. Pour briller dans les dîners en ville et évoquer les aléas sportifs de vos progénitures, les noms propres ne manquent pas dans la catégorie des ostéochondroses. Au niveau du talon, là où s’insère le tendon d’Achille, on note la présence de la « maladie de SEVER ». À cet endroit, le docteur a trouvé tout seul la nature de cette blessure ! Il s’agit de la localisation la plus répandue, juste après l’OSGOOD SCHLATTER puisque le muscle du mollet est également très costaud. Juste sous la rotule, toujours en rapport avec la contraction du quadriceps, c’est la « maladie de SINDING LARSEN JOHANSON »… cette fois, ils se sont mis à trois pour réfléchir… c’était sûrement plus compliqué ! Vous l’avez compris, le siège de ces blessures dépend de la force des muscles qui s’y accrochent et du sport pratiqué. Mais, l’âge de survenue est fonction de l’emplacement des poussées de croissance qui fragilise le cartilage qui grandit. Ainsi, la « maladie de SEVER » apparaît plus volontiers vers 9 ou 10 ans car le talon grandit beaucoup, celle de « SINDING LARSEN JOHANSON » vers 11 ou 12 ans et celle d’« OSGOOD SCHLATTER» vers 14 à 16 ans. Il arrive que des bambins très actifs enchaînent allègrement toutes ces blessures !
Pour soigner : gérer l’activité et patienter !
Votre médecin du sport confirme qu’il s’agit bien d’une ostéochondrose. Votre enfant ne souffre pas au repos, notamment la nuit. La pression sur l’os, à l’endroit caractéristique, fait mal. La contraction du muscle qui s’y accroche reproduit aussi la douleur. Le plus souvent, les radiographies sont inutiles. Le traitement passe par le repos… relatif. En fait, votre enfant a le droit de pratiquer toutes les activités physiques indolores et il ne doit pas être gêné après l’effort. Habituellement, les sports sans impacts sont bien tolérés. Au-delà des chocs, c’est aussi l’amortissement des foulées qui provoque des douleurs. Lors de la réception, l’os part dans un sens alors que le muscle tire dans l’autre pour freiner le mouvement. La zone d’insertion est écartelée et les fissures s’aggravent. En pratique, votre enfant victime d’ostéochondrose parvient souvent à pédaler ou à nager sans se faire mal. S’il est très motivé, il peut, après ses longueurs de piscine, réaliser ses « éducatifs techniques » dans l’eau. Allégé de la pression d’Archimède, le jeune footeux peut faire ses déplacements latéraux, sauter et frapper ! Si la souffrance est modérée, réduire la durée ou la fréquence des entraînements suffit parfois. En cas de « maladie de SEVER », une petite talonnette aide souvent le jeune sportif à conserver une activité. Ce simple équipement réduit les tensions sur le tendon d’Achille et amortit les microtraumatismes sur l’arrière pied. À l’inverse, si votre enfant présente des douleurs de genou très intenses, notamment dans la vie quotidienne, en marchant ou en montant les escaliers, une immobilisation par résine, pendant un mois, environ est à envisager. On opte plus volontiers pour cette solution si votre chérubin est du genre super actif, rebelle aux consignes et s’il continue à taquiner le ballon en récréation avec les copains ! Votre médecin vous suggérera parfois ce traitement strict si ces douleurs importantes s’associent à des radiographies montrant de larges fissurations ou un ample déplacement des fragments osseux. En effet, exceptionnellement, dans ce contexte, il arrive que le point d’accrochage osseux s’arrache, à la faveur d’une contraction vigoureuse de la cuisse. Cet accident sérieux impose alors une intervention chirurgicale compliquée. Quoi qu’il en soit, l’évolution des ostéochondroses est toujours longue. Des récidives plus ou moins handicapantes sont toujours possibles. Les douleurs disparaissent définitivement quand la zone de croissance a fini de grandir et que l’os est parfaitement soudé. Exceptionnellement, l’excès de sollicitation en période de fragilité a décroché des petits fragments osseux qui se sont logés dans les tendons sous la rotule. Il arrive qu’à l’âge adulte, ces calcifications irritent les fibres tendineuses, imposent des soins voire une intervention chirurgicale pour les extraire.
Pour éviter ces liaisons : modération et diversification
Doser et diversifier l’activité physique de votre enfant constitue la base de la prévention. Pour réduire le risque de blessure, il est bon de limiter les agressions mécaniques, il faut modérer le nombre, la durée et l’intensité des entraînements. Il est également vivement conseillé de s’octroyer un délai suffisant entre chaque séance, le temps que les microlésions osseuses se réparent. Bref, à 13 ans, 3 entraînements et un match de basket par semaine, ça fait beaucoup ! Varier les sports est une excellente astuce pour bouger son corps sans surmener son squelette ! En effet, en pratiquant des sports différents, votre enfant répartit les contraintes sur ses os en croissance. Pendant qu’il nage, il poursuit son entraînement physique mais ses os malmenés par le tennis récupèrent. Sans compter que son « cerveau se muscle » en programmant une autre intelligence, celle dite «motrice » ! Ainsi, la prévention des ostéochondroses de l’enfant s’inscrit dans l’éternel débat de la « spécialisation précoce» … risquée sur le plan santé et pas toujours efficace pour la performance !
Pour limiter les risques : nutrition osseuse !
La vitamine D est indispensable pour absorber le calcium et le fixer dans l’os. Les études mettent en évidence que la majorité de la population manque de cette précieuse molécule. En effet, à 80%, elle est synthétisée dans la peau sous l’influence des rayons solaires… et nous vivons habillés, dans des maisons, dans l’hémisphère nord, bien loin de l’Afrique de l’Est, berceau de l’humanité ! De fait, vous comprenez pourquoi les pratiquants de sport en salle sont plus affectés d’une insuffisance en vitamine D. Quand votre enfant fait du sport en plein air, proposez-lui, dès que la température le permet, de remonter ses manches ou d’enlever son survêtement. Mais surtout, demandez à votre pédiatre ou à votre médecin du sport de réaliser une complémentation. Il existe des protocoles qui évitent la carence sans provoquer de surdosage ! Et, pensez aux poissons gras (thon, saumon, maquereau, hareng, sardine) 2 à 3 fois par semaine qui contribuent à l’apport en vitamine D. Bien sûr, ajoutez-y 3 à 4 produits laitiers quotidiens pour encore un peu de vitamine D et surtout le calcium nécessaire à la construction osseuse. Souvenez-vous que les eaux minérales sont souvent riche en calcium notamment CONTREX, VITTEL et HEPAR. Rappelez-vous aussi que les fruits et les légumes contiennent beaucoup de calcium. À croire que les vaches concentrent le calcium après avoir mangé des végétaux ayant poussé dans la terre riche en calcaire…
Pour réduire les tensions : assouplissements
Votre enfant grandit, vous l’avez remarqué ! Et, vous le savez, ce sont les os qui s’allongent ; les muscles se contentent de tenter de suivre le mouvement. En fait, ils sont toujours en retard et vos enfants manquent de souplesse ! Rien à voir avec la bonne mobilité articulaire liée à la présence d’un cartilage tout neuf, totalement dépourvu d’arthrose ! Faites le test, allongez votre enfant sur le ventre, pliez-lui le genou. Il est fort probable que vous ne parveniez pas à toucher la fesse avec son talon… sans cambrer ni décoller le bassin : son muscle quadriceps est encore trop court en comparaison de son fémur qui a grandi rapidement ! Dans ce contexte, les muscles raides exercent des tensions intempestives sur leurs points d’accrochage osseux et majorent le risque d’ostéochondrose. En pratique, les enfants doivent s’étirer régulièrement afin d’aider leur masse musculaire à suivre la croissance de leur squelette ! De surcroît t, c’est l’âge où l’on apprend aisément les gestes techniques et le stretching tient une place universelle au sein du schéma moteur des sportifs !
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