Par le docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport et rédacteur en chef de www.docdusport.com
Vous ne savez pas nager le crawl. Les champions de triathlon ne font que ça ! Qu’importe ! La brasse, c’est formidable ! Elle permet aux coureurs d’accéder plus facilement au plaisir et aux bienfaits du triple effort. Les articulations souffrent moins et les performances sont à peine altérées. Idéal aussi pour le sénior !
Le crawl reste la nage la plus rapide. L’action continue des jambes et alternée des bras assure une propulsion à vitesse constante. A l’inverse, la brasse impose des à-coups. L’inertie dans un milieu aussi dense que l’eau nuit au rendement. Heureusement, elle recèle bien des avantages et mérite d’être pratiquée !
Un super sport d’endurance !
Par définition un sport d’endurance est une activité faisant travailler le cœur à intensité moyenne pendant une durée prolongée. Pour cela, il faut solliciter modérément une volumineuse masse musculaire réclamant un gros débit sanguin. La brasse en associant mouvement des bras et des jambes sur de grandes amplitudes répond exactement à ces critères. De surcroît, le rythme respiratoire est imposé par le geste.
BRASSE : SÉANCE RÉCUP DU COUREUR
C’est une bonne manière de le contrôler et d’éviter l’essoufflement. Voilà qui fait de la brasse un sport particulièrement favorable à la santé et à la récupération active du coureur. Enfin, si la brasse, c’est pour vous l’occasion de vous lancer avec philosophie dans le triathlon, chapeau ! Vous enchainez désormais sans complexe les 3 disciplines symbolisant l’endurance ! Votre cœur adore ça !
Articulations préservées
En brasse, il faut ramener les mains en luttant contre la résistance de l’eau. Voilà qui altère le rendement mais protège les épaules. En crawl, le retour aérien des bras est un point clé de son efficacité. Mais, la répétition de ces grandes rotations des membres supérieurs provoque des lésions des tendons par coincement. Même chose pour le cou dont les disques se tassent avec les années. En crawl, les rotations de la tête sont parfois excessives et agressives. C’est particulièrement vrai chez le débutant qui manque de vitesse et présente quelques difficultés à creuser la vague dans laquelle il tente de respirer. En revanche, une belle brasse bien coulée mobilise la colonne cervicale de façon harmonieuse.
ÉPAULES, COU ET GENOUX : PAS DE PROBLEME !
Bien ondulée, elle permet d’aller inspirer en redressant le buste et pratiquement sans extension du cou. Cette mobilisation s'avère toute aussi salutaire pour les vertèbres lombaires d'autant que les abdos et les muscles du dos fonctionnent de façon équilibrée. Les rotules souffrent parfois lors de la brasse chez ceux … et surtout celles … dont les genoux sont en X. N’abusez pas de la rotation des pieds vers l’extérieur quand vous fléchissez les jambes. Pensez surtout à les relever puis à les étendre à fond lors de l’extension et du fouetté des membres inférieurs. De plus, la pratique du vélo et de la course inhérente au triathlon muscle les cuisses ce qui permet de mieux guider la rotule. Vous n’aurez pas mal en brasse !
Technique adaptée, performance optimisée !
L’erreur la plus fréquente consiste ramener les mains en suivant un grand arc de cercle latéral. Dans ces conditions, tout au long du mouvement, vous poussez sur de l’eau déjà lancée vers l’arrière. C’est comme si vous courriez dans le sable ! Optez pour un geste au cours duquel vous fléchissez progressivement le coude. Vos mains s’enfoncent. Vous prenez appui sur des masses d’eau différentes et stables. Votre propulsion est beaucoup plus efficace ! Les mains remontent et se rejoignent sous la poitrine et contribuent au relèvement du buste. Vous inspirez plus aisément. Elles filent discrètement vers l’avant alors vous vous étirez. Le bon mouvement des mains ressemble à celui d’un cœur inversé, un beau symbole pour un excellent sport d’endurance.
LE MOUVEMENT DES MAINS RESSEMBLE A CELUI D’UN CŒUR INVERSÉ
Il est d’usage d’affirmer que les bras participent pour 25% au déplacement contre 75% pour les jambes. Certaines études réalisées aux Pays-Bas indiqueraient plutôt l’inverse si tant est que la technique de bras soit bonne ! Ainsi, opter pour le crawl afin de réserver l’énergie des jambes au pédalage et à la course n’est peut-être pas la meilleure des justifications ! De surcroît lors des épreuves S ou XS, l’épuisement du stock en sucre musculaire n’est pas vraiment un facteur limitant !
Honneur préservé !
Observez bien un groupe de nageurs en triathlon. Les brasseurs sont de plus en plus nombreux. Ils ont compris que ne pas nager le crawl ne suffit pas pour se priver du bonheur d’un triathlon! Ils savourent le départ grisant d’un peloton écumant. Souvent, ils ont la philosophie de laisser partir les meilleurs. Ils se lancent sereinement à distance de l’empoignade. Regardez ! Les bons brasseurs se mêlent rapidement aux crawleurs moyens ! Ces derniers ont souvent la trajectoire aléatoire … Ils foncent loin de la bouée indiquant le prochain virage. Dommage ! Tout en brassant, vous voyez où vous allez, vous filez droit vers l’arrivée. En améliorant un peu votre technique, vos performances aquatiques deviennent très correctes.
BRASSE : IDÉALE POUR L’ENTRAÎNEMENT CROISÉ DU COUREUR
Il reste de nombreux vélos quand vous atteignez le parc pour la première transition. Même si vous arrivez en queue de peloton, le plaisir est au rendez-vous. En pédalant et en courant, vous doublez tous ceux dont les qualités natatoires compensaient une moins bonne condition physique. Enfin, la ligne d’arrivée franchie, vous êtes triathlète ! Auprès des copains, vous profitez de l’image mythique de cette discipline. Surtout, pour vous préparer, vous pratiquez régulièrement 3 sports d’endurance. Ils sont particulièrement bénéfiques à la santé cardiovasculaire. Sur le plan articulaire, les sollicitations variées et complémentaires sont favorables à l’entretien de l’appareil locomoteur du coureur. Tout ça parce que vous avez plongé dans le triathlon grâce à la brasse !
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