Vous avez mal dans l’aine. Vos copains footballeurs vous ont asséné un diagnostic : « C’est une pubalgie ». Attention, il existe bien d’autres causes de douleurs à cet endroit, même lorsque qu’on est jeune et sportif ! La prudence s’impose.
Par le docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport.
«Pubalgie » signifie étymologiquement « douleur du pubis ». On parle aussi de « carrefour pubien ». En effet, à cet endroit se croisent 3 structures anatomiques : l’articulation du pubis, les adducteurs et les abdominaux. La première peut être surmenée et irritée. Son cartilage est inflammatoire et l’os sous-jacent rongé par les contraintes mécaniques. Les tendons des adducteurs reliant les muscles de l’intérieur de la cuisse au bassin sont parfois victimes de tendinites. Ces cordelettes présentent alors des microdéchirures et des cicatrices anarchiques fragiles. Les abdominaux plats, les obliques et les transverses, constituent le cylindre abdominal. En bas, ils se terminent par un tendon plat et fin, un peu comme un trampoline. Il peut se distendre et devenir douloureux, on parle d’une « insuffisance de la paroi ». Pour affiner la prise, il faut préciser les différentes structures abîmées… tout en sachant que les lésions sont rapidement multiples et intriquées. Les traitements vous sont expliqués dans l’article consacré à la pubalgie.
Une authentique « hernie inguinale »
Lorsque le large tendon fin et plat des abdominaux est détendu ou déchiré, le sac contenant le tube digestif peut descendre vers le testicule. C’est la hernie inguinale. Il s’agit soit d’une aggravation de votre pubalgie soit d’un accident par augmentation brutale de la pression dans l’abdomen. Classiquement, elle se produit en faisant des abdominaux ou lors d’un effort de musculation réalisé respiration bloquée. De façon moins glorieuse mais plus fréquente, cette lésion survient en soulevant un gros carton en déménageant… Vous percevez une voussure en bas du ventre, notamment quand vous toussez. Votre médecin perçoit l’élargissement de l’orifice menant au testicule en enfilant la peau comme un doigt de gant. L’échographie confirme la présence de la hernie. Cette blessure ne cicatrise jamais spontanément. Elle ne peut que s’aggraver, surtout si vous faites du sport ! Parfois, ce sac peut se vriller sur lui-même et coincer les vaisseaux qui nourrissent l’intestin. Ces derniers peuvent mourir et votre vie est en jeu ! C’est la « hernie étranglée », elle est effroyablement douloureuse ! Absence de guérison naturelle, complication grave possible, autant de paramètres qui doivent vous inciter à une opération. Votre chirurgien place une grille pour renforcer le tendon ou le suture en paletot à la manière d’une vieille veste que l’on transforme en blazer croisé. Selon la technique employée vous reprenez le sport 2 à 4 mois plus tard.
Seriez-vous en conflit avec votre hanche ?
C’est dans l’aine que la tête du fémur s’emboîte dans une cavité creusée dans le bassin, le « cotyle ». Parfois, la première n’est pas parfaitement sphérique mais plutôt en forme d’obus. De temps à autre, le cotyle est très fermé, à la manière d’une tenaille. Ces pièces osseuses peuvent se cogner, on parle de « conflit de hanche ». On retrouve cette blessure chez les sportifs pratiquant une activité imposant des mouvements de hanche de grande amplitude. Il s’agit particulièrement de la danse, de la gymnastique, des sports de combat et bien sûr du foot… d’où la confusion possible avec la pubalgie ! Vous avez mal quand le médecin tourne votre hanche et surtout quand il reproduit votre geste spécifique. La radio montre cette morphologie trop emboîtante et des traces d’impaction osseuse. Lors de l’arthroscanner, on injecte un produit opaque dans l’articulation et on détecte mieux les irrégularités du cartilage. On peut y associer une infiltration pour tenter de vous soulager. Il faut surtout essayer de modifier et mieux contrôler votre geste. En cas d’échec et de douleur invalidante, votre chirurgien spécialisé redonne une forme sphérique à votre tête fémorale et élime les berges contondantes de votre cotyle. Vous reprenez le sport 3 à 4 mois plus tard.
Une véritable arthrose de hanche
Si vous avez plus de 40 ans, si vous pratiquez des sports de ballon ou de raquette assidûment depuis votre enfance, il est possible que le cartilage de votre hanche soit déjà un peu usé ! Les lésions commencent souvent par le ménisque qui entoure l’articulation comme une bouée, le « bourrelet cotyloïdien ». La souffrance du cartilage débute parfois plus précocement, notamment quand le fémur et le bassin s’emboîtent insuffisamment… un peu à l’inverse du « conflit de hanche ». Il s’agit d’un autre type de malformation, appelée « dysplasie ». Dans ces circonstances, les surfaces d’appuis articulaires sont plus réduites, les pressions exercées sont beaucoup plus élevées et le cartilage s’abîme lors de la course, des sauts et des changements de direction. Votre médecin du sport va essayer de vous convaincre de modifier un peu votre entraînement : plus de vélo et de natation, moins de course et surtout moins de ballon ou de raquette ! De la kinésithérapie, des médicaments protecteurs du cartilage, des infiltrations et des injections de produits visqueux peuvent vous soulager pour un temps. Lorsqu’elles sont prises en charge précocement, les malformations importantes peuvent bénéficier d’interventions destinées à augmenter les surfaces d’appui. Lorsque les dégâts sont plus avancés et les symptômes invalidants, se pose la question de la prothèse.
Une fracture de fatigue et une destruction osseuse ?
Le col fémoral rejoint la tête au cylindre osseux de la cuisse appelé « diaphyse ». Il assume des contraintes en cisaillement. Exceptionnellement, il peut se fissurer. C’est la fracture de fatigue. Elle survient le plus souvent chez le coureur de fond. Quand le col se tasse en bas, votre médecin du sport vous proposera sûrement d’éviter l’appui 2 à 3 mois puis de reprendre le sport en charge prudemment au quatrième mois. Quand le col s’ouvre en haut, la fracture présente un risque élevé de déplacement : un avis chirurgical s’impose ! Parfois, c’est le bassin qui se brise insidieusement, notamment la branche osseuse sur laquelle s’accrochent les adducteurs. Les footballeurs sont particulièrement concernés. Là encore, ne pas courir pendant 3 mois est nécessaire à la consolidation. Il ne faut pas oublier la possibilité de « nécrose de la tête fémorale ». Il s’agit de la mort de cellules osseuses provoquant un tassement et une perte de sphéricité de la tête. D’ordinaire, cette nécrose se produit suite à une impaction violente de l’articulation. Cette dernière peut survenir à l’occasion d’un choc sur la face externe de la hanche. Les plongeons des gardiens de but ou des volleyeurs sont pourvoyeurs de ce type de blessure. Le traitement est complexe. Il varie selon l’ampleur et l’emplacement des lésions. Une modification des activités sportives et une intervention chirurgicale s’avèrent souvent indispensables.
Une simple souffrance musculaire ou tendineuse ?
A l’avant de la hanche, on trouve les muscles et les tendons qui fléchissent cette articulation et font monter la cuisse vers l’avant. En premier lieu le « droit antérieur », l’un des faisceaux du quadriceps qui, comme son nom l’indique, en compte quatre. Le « droit antérieur » a pour particularité de passer par-dessus le genou et la hanche. C’est le muscle de la frappe au foot. Il est mis en tension lors de l’armé et se contracte puissamment en fin de mouvement. Du coup, il se déchire parfois… tout particulièrement près de son point d’accrochage supérieur, en regard de la hanche. De temps à autre, persiste une cicatrice fibreuse qui vous tiraille quand vous sollicitez votre muscle. L’échographie confirme sa présence. Plus rarement, la radio montre des séquelles d’un petit arrachement osseux ancien. Le plus souvent, la kinésithérapie redonne un peu de souplesse à ces tissus enraidis et vous soulage. Des lésions voisines peuvent exister au sein d’un muscle plus profond, le « psoas ». Ce dernier coulisse sur un relief osseux du bassin. à ce niveau, on retrouve parfois une poche de glissement irritée, une « bursite » ou « bourse inflammatoire ». Habituellement, les anti-inflammatoires et la kinésithérapie apaisent les douleurs et restaurent un fonctionnement articulaire harmonieux, sans frottements intempestifs. En cas de résultats incomplets, une infiltration guidée par une échographie peut vous soulager.
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