Vous avez mal à l’avant du genou depuis longtemps. Votre chirurgien vous a proposé de ré-axer votre rotule. Vous n’avez pas tout compris. Choisissons les mots et prenons le temps de vous expliquer !
Par le Docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport, avec la participation du docteur PAILLARD, chirurgien du sport.
Les sportives souffrent souvent de leur rotule, parfois même elle se déboite vers l’extérieur. Un article dans ce numéro de SANTESPORTMAG vous en donne les raisons et expose le traitement. Les jambes en X constituent l’une des causes principales. Après échec de la rééducation et des autres soins, une opération est envisageable.
Section des haubans rotuliens rétractés
La rotule est stabilisée dans son couloir osseux par des haubans latéraux fibreux appelés « ailerons ». A force d’être attirée vers l’extérieur, son aileron interne se relâche et son aileron externe se raccourcit. Cette dernière altération anatomique aggrave nettement les frottements sur ce versant de l’articulation. Le cartilage s’irrite et ne tarde pas à s’user. Le geste chirurgical initial consiste à couper l’aileron externe. Cette étape se révèle bien utile pour recentrer la rotule dans son rail et équilibrer les pressions de chaque côté du rail osseux. En cas d’anomalie anatomique mineure, cette technique peut suffire. Souvent, il faut y associer une « étape osseuse» afin de réaligner le rail du fémur et le point d’accrochage rotulien sur le tibia.
Réalignement du point d’accrochage de la rotule.
Le tendon rotulien est une cordelette qui transmet la force de contraction du quadriceps, le puissant muscle de la cuisse. Il relie le bas de la rotule au tibia. Il s’y accroche sur une bosse osseuse appelé tubérosité tibiale antérieure. Quand les jambes sont en X, ce relief est décalé vers l’extérieur. Votre chirurgien prend alors l’initiative de couper cette proéminence et la déplacer vers l’intérieur. L’ampleur du repositionnement est souvent guidée par un scanner réalisé avant l’intervention. Cet examen mesure votre « baïonnette » : l’écart entre le rail articulaire situé dans le fémur et la bosse osseuse sur le tibia. En pratique, votre chirurgien réaligne ces deux structures alors que votre genou est en position de propulsion, légèrement fléchi à 30°. Il fixe le petit bloc osseux à l’aide de 2 vis. Cette jonction « os/os » met autant de temps à consolider qu’une fracture : elle prend en masse après 6 semaines, elle est solide au bout de 3 mois. Ces délais guident la reprise des activités.
3 à 5 mois après : reprise du sport
Lorsque ces 2 gestes sont associés vous restez à la clinique 3 à 4 jours. Vous utilisez des cannes anglaises pour marcher pendant 1 mois environ. Vous portez une attelle durant 6 semaines. L’objectif est de limiter les contraintes sur le nouveau point de fixation osseux en réduisant la contraction du quadriceps qui s’y accroche. Simultanément, vous faites de la rééducation. Votre kinésithérapeute entretient en douceur la mobilité de votre genou. Il sollicite également la contraction de votre cuisse mais avec des contraintes inférieures au poids de votre corps et sans trop fléchir le genou. Ainsi, après 6 semaines d’immobilisation, vous avez retrouvé la force indispensable à la marche. Quelques jours plus tard, dès que vous êtes à l’aise pour vous déplacer, allez à la piscine et crawlez, vous utiliserez des palmes dans quelques semaines. Faites de l’elliptique. Tout en limitant la flexion de genou, cet appareil renforce votre cuisse. Si vos amplitudes articulaires vous le permettent, grimpez sur un vélo de salle. Vous pouvez y ajuster finement la résistance indépendamment de votre poids de corps. Commencez par « mouliner ». Mettez du « braquet » à 8 ou 9 semaines de l’intervention. Passez en « danseuse » après 10 à 11 semaines. Trottinez vers 3 mois. Accélérez et reprenez des appuis plus francs à 4 mois. Renouez avec les activités qui vous tiennent à cœur, notamment le fitness et les cours collectifs chorégraphiques après 4 mois. Attention cependant ! Les lésions du cartilage pré existantes ralentissent parfois cette progression théorique. Il faut alors vous « donner un peu plus de temps », prendre des compléments nutritionnels et parfois bénéficier d’injections dans l’articulation de produits visqueux et lubrifiants.
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