Par le Docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport,
Faire du sport le dimanche et QUE le dimanche, c’est dangereux ! Votre corps se désadapte entre ces deux séances trop éloignées et considère cette sollicitation comme une agression !
Le dimanche, c’est le jour de votre séance de sport : un bon jogging dans les bois ! C’est bien, mais c’est loin d’être idéal ! Surtout si ce footing a pour mission de nettoyer votre soirée arrosée de la veille. Le pire, c’est encore la traditionnelle sortie vélo du club. Après 7 jours de sédentarité, vous voilà parti pour une virée de 100 kilomètres avec quelques attaques en règle dans les bosses ! Prudence et explications s’imposent.
Un entraînement par semaine : danger !
L’effort a sur le cœur un effet paradoxal. Pendant votre séance, vous le stimulez et sa demande en oxygène s’accroît, votre risque de crise cardiaque augmente. Si vous êtes sportif, il prend l’habitude de cette sollicitation, il devient plus résistant ! De fait, au repos ou au cours d’une émotion, votre risque d’infarctus est divisé par 2 à 3. Plus votre entraînement est fréquent, plus votre cœur préserve cette adaptation … plus il est rare plus vous prenez des risques dans la vie quotidienne mais aussi à l’effort ! Une étude menée par le professeur Jouven, cardiologue du sport, spécialiste de la mort subite du sportif à l’hôpital Européen Georges Pompidou, permet de quantifier ce phénomène.
AU COURS DE VOTRE FOOTING DOMINICAL, VOTRE RISQUE DE CRISE CARDIAQUE EST MULTIPLIÉ PAR 20
Ainsi, une pratique régulière réduit la probabilité de crise cardiaque pendant l’effort. Si vous effectuez 2 à 4 séances par semaine, au cours de chacune d’elle votre probabilité d’infarctus est multipliée par 2,4. Et puisque, le sport régulier divise par 2 à 3 le risque de crise cardiaque, vous prenez autant de risque en courant qu’un sédentaire assis dans son fauteuil ! Alors continuez ! Si vous ne faites qu’un footing hebdomadaire, le risque est multiplié par 20 ! Se contenter d’un entraînement par semaine n’est vraiment pas la solution idéale ! Souvenez-vous, votre corps progresse au rythme du processus de décompensation/surcompensation. Il se fatigue pendant l’exercice puis se reconstruit plus fort au cours de la récupération. En cas d’entraînement le dimanche, ce phénomène se produit le lundi ou le mardi. Le reste de la semaine, vos aptitudes diminuent et se calent sur les contraintes de votre vie quotidienne. Vous ne progressez pas ! Pire, votre organisme désadapté considère la séance suivante comme un stress ! Preuve en est, le risque accru de crise cardiaque ! À ce stade, quelques remarques s’imposent. La situation s’aggrave quand les séances sont encore plus rares. Si vous reprenez le sport ou si vous ne pratiquez que pendant les vacances, la probabilité de crise cardiaque pendant l’effort est multipliée par 100.
SI VOUS REPRENEZ LE SPORT EN VACANCES, VOTRE RISQUE DE CRISE CARDIAQUE EST MULTILIPLIÉ PAR 100
Enfin, il faut noter que lorsque la décompensation est profonde, par exemple après un marathon, la surcompensation est bien plus longue. Conforté par un entraînement assidu au cours de votre préparation, vous pouvez vous octroyer une semaine de récupération sans scrupule ni inquiétude !
Trois fois par semaine : votre cœur adore !
Les cardiologues du sport ont opté pour un consensus. La dose santé correspond à 3 entraînements cardiovasculaires chaque semaine. Un jour sur deux ! Le corps semble apprécier cette cadence : un jour de travail, un jour de récupération. Ces données correspondent à une réalité physiologique. L’effet de l’activité physique sur les facteurs de risque cardio-vasculaires répond à ce rythme. Le sport protège le cœur et réduit la tension artérielle en diminuant la fréquence cardiaque de repos et en ouvrant les vaisseaux. En rebond à une séance d’endurance, le cœur ralentit comme pour optimiser sa récupération et les petites artères se dilatent pour favoriser les échanges régénérants entre le sang et les cellules.
APRES UNE SÉANCE, LES BIENFAITS CARDIAQUE DURENT 2 JOURS
L’exercice lutte contre le diabète et l’excès de mauvais cholestérol. Il limite l’encrassement des artères en diminuant la concentration de sucre et d’acide gras dans le sang. Pendant et après une séance « santé », les muscles sont demandeurs de glucose et de graisse, ils aspirent mieux ces substances qui circulent dans le sang. Il y a plus de place sur les grosses protéines qui transportent le gras et ces dernières parviennent plus aisément à racler le cholestérol qui traîne sur la paroi des vaisseaux. A l’issue d’une sollicitation cardiovasculaire de 30 minutes à 1 heure, cette « fenêtre biologique » bénéfique pour la santé du cœur dure environ 48 heures ! Vous avez ici, la justification scientifique d’un entraînement régulier 3 fois par semaine !
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CRISE CARDIAQUE À L’EFFORT ! QUE SE PASSE-T-IL ?
Quand vous faites du sport, le sang est propulsé plus vigoureusement par le cœur. La pression augmente dans les artères, notamment dans celles qui entourent le muscle cardiaque, les coronaires. S’il existe au sein de leurs parois une plaque de graisse, elle peut se déchirer. Il se constitue alors une véritable petite plaie qui provoque la formation d’une croûte. Ce caillot finit par obstruer l’artère. Le sang ne parvient plus à la portion de muscle cardiaque située en aval. Cette zone meurt, on dit qu’elle se «nécrose» : c’est l’infarctus ou crise cardiaque. Plus rarement, le cœur privé d’oxygène fait une crampe. Il vibre de façon anarchique au lieu de se contracter harmonieusement pour éjecter le sang ! C’est la fibrillation ventriculaire. Si, dans les 3 minutes, la circulation sanguine n’est pas restaurée à l’aide d’un massage cardiaque ou d’un choc électrique administré par un défibrillateur, c’est la mort subite ! Pour l’anecdote, notons que les études montrent que tous ces évènements dramatiques sont plus fréquents le dimanche ! Normal, il y a plus de sportifs qui s’entraînent le dimanche? notamment ceux qui ne s’entraînent QUE le dimanche !
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