Si l’adulte bénéficie de l’activité physique pour entretenir son organisme, l’enfant en a besoin pour se construire des articulations et des os plus résistants. Grâce à l’exercice, il peut se constituer un « capital santé » pour la vie entière !
Par le docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport
C’est vrai, les effets de l’entraînement sur les muscles et le cœur disparaissent rapidement à l’arrêt de la pratique sportive. En revanche, les bénéfices du sport pour l’appareil locomoteur en pleine croissance restent acquis définitivement !
Le sport densifie les os !
À chaque réception de foulée, le squelette subit une impaction. Lorsqu’un muscle se contracte, il tire sur son point d’insertion osseux. Dans ces deux circonstances, il se produit d’infimes fissures dans les os. Heureusement, à l’occasion du repos qui suit l’entraînement, le squelette se répare. Il se reconstitue même plus fort, comme s’il souhaitait pouvoir se prémunir contre de nouvelles agressions. A l’image du couvreur bâtissant sa charpente, l’exercice oriente au mieux la trame osseuse pour résister aux contraintes mécaniques. Les poutres deviennent aussi plus épaisses et l’os se densifie. Entre 20 et 25 ans, la calcification de l’os s’achève. Les enfants, les adolescents et particulièrement les filles doivent être actifs afin de se constituer un squelette solide pour leur vie entière. Ainsi, l’exercice physique pratiqué tout au long de la jeunesse devient un facteur de protection contre l’ostéoporose et les fractures survenant après la ménopause ! Pour optimiser la densité et l’architecture osseuse, il a été démontré que 3 entraînements hebdomadaires suffisaient. Ils doivent durer de 30 à 60 minutes et inclure des courses et des sauts.
Le sport moule les articulations
Lorsque la cuisse se contracte, elle écrase et fait glisser la rotule sur le fémur. Peu à peu un sillon se creuse pour guider le mouvement articulaire. En appui sur une seule jambe, le poids du corps incurve progressivement l’axe des membres inférieurs. On sait désormais que le manque d’activité physique au cours de la croissance perturbe le fonctionnement du genou. De nombreuses jeunes filles peu motivées par le sport sont victime de symptômes caractéristiques. La rotule est douloureuse et peut se luxer car elle est moins bien emboîtée dans le fémur et parce que les jambes sont en X. Ainsi, en bougeant, toutes les articulations du corps se construisent une structure adaptée à leur mission.
Le sport renforce le dos
Quand un enfant court, tourne ou saute, les muscles longeant sa colonne travaillent pour soutenir son buste. Lorsqu’il lance un ballon ou frappe vigoureusement avec sa raquette, il sollicite ses abdominaux. En ramassant sa balle, il étire puis contracte les muscles de son dos. Mieux encore, toutes ses masses musculaires sont sollicitées pour maintenir le subtil équilibre du corps en mouvement. Le sport constitue un véritable entraînement à la vie de quotidienne ! Ainsi, la gravitation se montre moins pesante pour la colonne. L’écolier se fléchit moins sur son pupitre et son cartable paraît plus léger. Une pratique sportive variée et modérée réduit les douleurs. La sédentarité, le manque de force des extenseurs de la colonne favorise une attitude voutée. Durant la croissance, les vertèbres sont souples et fragiles. Si elles subissent en excès de pression en avant, elles se tassent définitivement et l’adulte conserve un dos rond voire douloureux ! L’exercice régulier aide la colonne à assumer une scoliose mais ne semble pas limiter son évolution.
Le sport réduit le risque d’obésité
Au cours d’une heure de footing, le corps brûle 500 kilocalories, soit une belle pâtisserie. Une telle pratique, 3 fois par semaine, évite de prendre 11 kilogrammes de graisse dans l’année ! De plus, l’activité physique est responsable d’une dépense énergétique en période de repos. Juste après l’entraînement, il faut reprendre son souffle et retrouver une température corporelle normale. Certains chercheurs évoquent même une combustion énergétique spontanée pour préparer l’effort comme un pilote fait tourner son moteur avant la course. Par la suite, il est indispensable d’entretenir et de réparer la masse musculaire. Le sport est également un excellent passe-temps. Il évite de rester affalé de longues heures devant la télé ou l’ordinateur tout en grignotant des friandises. L’activité physique favorise souvent une meilleure hygiène alimentaire. Toutes deux font équipe pour réduire le risque d’obésité.
ATTENTION À L’EXCÈS DE SPORT !
En cas de pratique excessive la stimulation de l’organisme se transforme en agression. Les fissures osseuses prédominent face au processus de reconstruction : c’est la fracture de fatigue. A l’endroit où le muscle de la cuisse s’accroche sur le tibia, l’os finit par se fêler : c’est l’ostéochondrose d’Osgood Schlatter. Sous l’effet des mouvements et des pressions imposés à la colonne, l’avant des vertèbres se tasse et le dos se voûte : c’est la maladie de Scheuermann.
LA NATATION N’A PAS TOUTES LES VERTUES !
La natation se pratique en apesanteur et en position horizontale. Le mouvement propulsif est sans rapport avec la marche ou la course. L’os ne s’adapte pas aux contraintes gravitationnelles. Ainsi, la colonne ne se renforce pas. Le genou ne se moule pas pour assurer une bonne stabilité en position debout. Les jeunes nageurs assidus ont une structure osseuse peu dense et ils ont le dos voûté. Les spécialistes de la brasse souffrent souvent de leurs rotules. Les crawleurs de haut niveau rabotent et finissent par user les tendons de leurs épaules. Heureusement, la natation a d’autres avantages. Elle entraîne efficacement le cœur. Elle permet une importante dépense d’énergie sans que les membres inférieurs ne subissent le poids du corps. Cette activité se révèle idéale pour renouer avec le sport en cas de surcharge pondérale.
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