Par le docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport
A l’issue de l’étude américaine « Women’s Health Initiative » parue en 2002, la prise en charge médicamenteuse de la ménopause a été associée à un risque accru de cancer du sein. Un quart de siècle plus tard, la terreur doit-elle perdurer ?
Chez la sportive, la ménopause … et même la péri-ménopause … diffusent leurs méfaits précocement. Les œstrogènes sont produites par les ovaires tout au long de la vie génitale. Elles sont essentielles aux différentes étapes de la procréation. Mais leurs fonctions biologiques sont bien plus étendues ! A la manière de la testostérone chez l’homme, elles constituent les hormones anabolisantes féminines. Elles activent la synthèse des protéines de structure de votre corps à destination des muscles, des tendons, des ligaments, de la peau et des os ! L’ostéoporose est bien connue. Sa prévention est relayée par les instances sanitaires et les médias. En effet, les fractures qui en résultent à un âge parfois avancée engagent le pronostic vital … et engendrent des frais de santé prohibitifs !
LES HORMONES FEMININES STIMULENT LA SYNTHESE DES PROTEINES DES OS … MAIS AUSSI DES TENDONS, DES MUSCLES ET DES ARTICULATIONS !
Chez les femmes actives les détériorations tissulaires s’expriment bien plus précocement. Tendinites, faiblesse musculaire, douleurs articulaires sont à l’origine d’un inconfort qui altère profondément le bien-être au quotidien. Mais les coûts induits pour la sécurité sociale sont bien plus modérés … ou plus exactement dilués dans un budget non spécifique à la ménopause ! De plus, comme la testostérone chez l’homme, les œstrogènes sont des hormones stimulantes améliorant considérablement la production de neuromédiateurs comme la dopamine et la sérotonine. L’érosion de leur sécrétion altère précocement et insidieusement l’hédonie. Voilà qui fait dire à de nombreux psychiatres que la première thérapeutique de la dépression péri-ménopausique est le traitement hormonal substitutif ! Entre douleurs multiples et manque d’entrain, l’arrêt du sport vient souvent aggravé le cercle vicieux des souffrances articulaires et de l’érosion des capacités physiologiques ! Les couteux ravages de la sédentarité alourdissent alors l’addition d’une ménopause oubliée par les autorités de santé !

Histoire d’une étude délétère et mal fagotée !
En 1991, débute en Amérique l’étude « Women’s Health Initiative ». Elle doit notamment analyser l’impact du traitement hormonal de la ménopause. En 2002, elle est arrêté prématurément car les résultats préliminaires mette en évidence une augmentation de 26% du risque de cancer du sein et de 29% concernant les crises cardiaques ! Les médias prennent connaissance de cette information encore confidentielle et la diffuse à grand bruit dans la presse grand public. Les médecins prescripteurs habituels sont déstabilisés. La présence d’un avocat en embuscade derrière chaque cabinet médical états-uniens finit de tarir toute ambition de soin ! Rapidement, le cataclysme intellectuel et émotionnel envahit la terre entière !
DE NOMBREUX BIAIS REDHIBITOIRES … A L’ORIGINE DE SOUFFRANCES INUTILES !
Un quart de siècle plus tard, de nombreux biais ont été mis en évidence et invalident cette posture dramaturgique ! On y utilisait des œstrogènes de … cheval ainsi que de la progestérone de synthèse. Ces substances étaient administrées par voie orale et subissaient des modifications dans le foie ! La posologie était identique et constante pour toutes les femmes. Elle n’a jamais été adaptée au ressenti des patientes laissant craindre de fréquents surdosages ! La prise en charge avait été instaurée bien trop tardivement, souvent plus de 10 ans après la ménopause, en moyenne à 63 ans ! 70% des femmes avaient plus de 60 ans … un âge où les cancers et les maladies artérielles peuvent être déjà initiés ! De surcroît, 50% des sujets étaient obèses ou en surpoids et hypertendues, facteurs de risque connus d’infarctus et de cancer du sein !
Le traitement actuel à la française n’a rien à voir !
Désormais, en France, les protocoles sont bien différents. Un bilan initial est réalisée pour exclure tout cancer débutant ou maladie des artères du cœur. Les molécules utilisées sont naturelles, identiques à celles produites par les ovaires. Les œstrogènes sont administrées par patch transdermique pour éviter la transformation dans le foie qui explique la formation des caillots de sang. Le traitement est initiés précocement, moins de 10 ans avant le fin de la ménopause, pour éviter le développement de cancer et de lésions artérielles existants.
UN TRAITEMENT SUR, VALIDE ET INDIVIDUALISE POUR PLUS DE BIEN-ETRE ET DE SPORT
La posologie est ajustée et individualisée très progressivement au cours d’un suivi régulier et attentif ! La dose choisie est minimum pour un bénéfice optimum. Pour finir de vous rassurer, l’étude observationnelle E3N pour Etude Epidémiologique Education Nationale a été coordonnée par l’INSERM. Elle a suivi 100 000 femmes depuis 1990 et n’a décelé aucun accroissement du risque de cancer ou de crise cardiaque chez les femmes suivant ce nouveau protocole. Alors, si vous souhaitez continuer la randonnée … mais aussi la gym, le yoga, le Pilates … et pourquoi pas la running, le triathlon, la musculation, le crossfit … ou tout autre activité de votre choix, le tout sans douleurs, n’hésitez pas à en parler à votre gynécologue ! … Et les bénéfices seront multiples !
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