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TENDINOPOROSE !

Par le docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport

Rédacteur en chef de www.docdusport.com 

 

Vous connaissez l’ostéoporose, la fragilisation des os après la ménopause. En réalité, l’arrêt de la sécrétion des hormones sexuelles altère la structure de nombreux tissus, notamment les tendons. Explications et préventions de ces tendinites !




 

Dominique a 57 ans. Elle adore la randonnée. Elle vient me voir à l’issue de son périple estival dans les Alpes. Elle a mal sur le cote des hanches et tout en haut des cuisses non loin du pli fessier. L’entretien est déjà très révélateur mais l’examen le confirme, elle est victime de tendinites des moyens fessiers et des ischiojambiers, des lésions emblématiques de la tendinoporose !



 

Pourquoi la tendinoporose ?

 

Les glandes sexuelles féminines, les ovaires, produisent les ovules. Ces cellules sont libérées au milieu de chaque cycle. Elles sont destinées à être fécondées par les spermatozoïdes pour donner naissance à l’embryon. Les ovaires produisent aussi les deux hormones sexuelles, l’œstrogène et la progestérone. La première stimule la production de protéines indispensables à la construction des tissus, particulièrement les os, les muscles, la peau et les tendons. C’est l’équivalent de la testostérone chez l’homme.

 

LES OESTROGENES MANQUENT A LA MENOPAUSE

LES OESTROGENES SONT LES ANABOLISANTS FEMININS

 

A la ménopause, ces processus s’arrêtent ; l’entretien et la réparation de ces structures se dégradent. L’ostéoporose constitue le processus le mieux connu car il provoque de sérieuses complications. En effet, il est à l’origine de trois fractures graves : la fameuse fracture du col du fémur, le tassement vertébral et la fracture du poignet dite de Pouteau Colles. Ces traumatismes peuvent réduire sérieusement l’autonomie et engagent parfois le pronostic vital. C’est pourquoi la prévention de la dégradation osseuse est à l’origine de messages institutionnels. Si la tendinoporose se révèle moins grave, elle peut parfois altérer l’activité physique dont l’impact sur le bien-être et la santé est incontestable et validé ! Une bonne raison pour en parler !

 

Des hormones pour continuer le sport ?

 

Pour limiter la tendinoporose, les stratégies sont voisines de celles destinées à la prévention de l’ostéoporose. On pense bien-sûr à remplacer les hormones manquantes. Le THM ou traitement Hormonal de la Ménopause est envisageable. Bien évidemment, il existe des contre-indications. Il s’agit principalement des antécédents personnels et parfois familiaux de cancers gynécologiques, de phlébites, d’embolies pulmonaires, de crises cardiaques, d’accidents vasculaires cérébraux.

 

LE TRAITEMENT HORMONAL DE LA MENOPAUSE : UN VRAI CONFORT LOCOMOTEUR. PARLEZ EN A VOTRE GYNECOLOGUE !

 

En dehors de ces circonstances, la polémique subsiste entre les médecins qui pensent que « le jeu n’en vaut pas la chandelle » compte tenu des risques évoquées et ceux qui mentionnent que les études les plus pessimistes ont été réalisées avec des grosses doses d’hormones qui ne sont pas utilisées en France. En pratique, faites confiance à votre gynécologue qui tiendra compte de votre gout pour l’activité physique si bénéfique dans la prévention des cancers et des maladies cardiovasculaires … il évaluera en expert « l’équilibre risque / bénéfice ».

 

De l’activité pour l’activité

 

Plus simple et plus consensuel, l’entraînement régulier stimule l’adaptation tissulaire. Il est bien validé que les contraintes mécaniques activent l’entretien et la construction des os. Il en est de même pour les tendons. Dominique, dont vous avez fait connaissance en début d’article, manquait d’une pratique assidue. Elle marchait bien au quotidien ses 10 000 pas mais ne faisait pas beaucoup de randonnée dans l’année. Une semaine complète à crapahuter sur les reliefs montagneux a surpris et agressé ses tendons inadaptés à une telle répétition de contraintes.  

 

S’ENTRAINER TOUTE L’ANNEE POUR PREPARER SES TENDONS !

 

Pour prétendre à des randonnées quotidiennes en été sans tendinite, il est impératif de marcher tous les jours mais aussi de programmer des grandes balades le week-end. La spécificité s’impose. Ces longues virées doivent notamment inclure du relief. En effet, les tendons sont particulièrement sollicités en descente. Pour freiner les articulations qui se fléchissent, les muscles doivent tirer en sens inverse. Et le tendon qui les relie est comme écartelé. Imposées ponctuellement à haute intensité, ces contraintes brutales provoquent des lésions ! A contrario, un stress mécanique distillé régulièrement et à petite dose donne au tissu le temps d’une réaction d’adaptation et il devient plus résistant.

 

LE RENFO : UN BON COMPLEMENT DES RANDOS HEBDOMADAIRES

 

Ainsi, en complémentarité de cette activité d’endurance, le renforcement musculaire et particulièrement sa phase de freinage booste la résistance des tendons. Des charges raisonnables et des séries longues se montrent tout à fait bénéfiques. Ainsi, squats et fentes à poids de corps tels qu’ils sont pratiqués au cours des séances de « gym d’entretien » sont les bienvenus. Dans le même esprit, les étirements doux stimulent la solidité des tendons. Mais attention ! Les assouplissements pour gagner en amplitude, tels qu’ils sont parfois pratiqués au yoga, font parfois basculer de l’adaptation vers la lésions !

 

Des compléments alimentaires contre la tendinoporose

 

Comme le calcium et la vitamine D sont souvent prescrits par les rhumatologues contre l’ostéoporose, des compléments alimentaires peuvent s’avérer utiles pour lutter contre la tendinoporose. De façon comparable, il est permis d’envisager la pertinence de matière première tendineuse. Le silicium constitue pour les tendons l’équivalent du calcium pour les os. Il forme un lien souple entre les fibres. L’acide hyaluronique est comparable à une gélatine glissante qui permet aux fibres de coulisser. Le collagène est la principale de molécule de cet échafaudage.

 

COLLAGENE, SILICIUM ET ACIDE HYALURONIQUE

 

Il est prescrit sous forme de petits polypeptides qui franchissent la barrière intestinale sans être coupés. Ils se fixent sur les cellules du tendon, miment une libération de fragments brisés qui stimulent la formation de collagène.  On parle d’effet signal. Un nombre croissant d’études valide son efficacité. La vitamine C est indispensable à la synthèse du collagène. Les acides aminés constitutifs voire spécifiques du collagène apportent les pierres de cet édifice, en particulier la glycine, la proline et l’hydroxyproline.

 

 

Le style anti tendinoporose !

 

Une bonne technique de marche contribue à la prévention des tendinites de la ménopause. Les ischiojambiers sont particulièrement mis en tension lorsque la hanche est pliée et le genou tendu. Cette gestuelle correspond à un pas de grande amplitude associé à une attaque talon … telle qu’elle est décrite malheureusement en marche nordique. Il est pourtant préférable de réduire un peu l’amplitude quitte à augmenter la fréquence du mouvement.

 

MARCHE BATONS A PETITS PAS RAPIDES

 

Les coureurs dits médio-pieds voire minimalistes ont validé la réduction des blessures à l’aide de ces ajustements … et certaines marcheuses devraient s’en inspirer ! Les moyens fessiers sont situés sur les côtés des hanches. Ils assurent la stabilisation du bassin. L’utilisation des bâtons permet de réduire l’intensité de leurs contractions et les tensions sur leurs tendons. De surcroît, ils participent à 20% de la propulsion et ménage d’autant les ischiojambiers. Ainsi une « marche bâtons à petits pas rapides » contribue à réduire les blessures chez les femmes sujettes à la tendinoporose. 

 

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