Quelques semaines après son « Méga Jump » depuis la Tour Eiffel, le Champion du monde de rollers sur rampe, nous parle de son entraînement et de ses blessures. Une belle leçon de courage et de persévérance !
Propos recueillis par Stéphane CASCUA.
Entre rendez-vous business, émission de télé et entraînement intensif, ce beau gosse de 34 ans nous accueille avec gentillesse. « Hyper sympa » et passionné, il revient sur son parcours sportif : talent modéré, manque de confiance, énergie, travail, obstination, « dépassement de soi » … victoires et exploits !
Taïg, parlez-nous de votre enfance ! Avez-vous fait plein de sport ?
J’ai fait pas mal de sport, surtout du tennis à bon niveau. J’ai même hésité à faire une carrière « pro ». J’ajoutais à ce programme un bon cocktail d’acrobatie et de roller en loisir. J’aimais aussi la natation et l’apnée.
L’apnée ! Ça vous a aidé pour la concentration ?
Non, pas particulièrement. En revanche, le tennis m’a beaucoup appris. Je n’avais pas confiance en moi ! Mon frère était toujours meilleur que moi ! Avant les compétitions, j’avais les jambes qui flageolaient. Pour me rassurer, je me suis énormément entraîné ! Et ça a marché ! Puis, je suis passé au roller de haut niveau, à la rampe, sans mon frère ! … c’était mieux !
En roller, vous avez enfin pris confiance en vous ?
Non ! Ce fut encore difficile ! Toujours en compétition, je me mettais une pression dingue ! Mais, un jour le déclic s’est produit ! Cette fois encore, j’avais raté les sélections. Les dix premiers étaient retenus et j’avais fini onzième ! A l’échauffement, l’un des finalistes se fracture la jambe. Je suis repêché ! Je n’ai pas le temps de réfléchir, j’enfile mes rollers et je gagne ! Depuis, j’ai participé à 115 compétitions, raté 6 fois le podium et remporté 75 victoires !
Votre talent a pu enfin s’exprimer !
Oh là ! Je ne suis pas super doué ! Premier défaut : je mesure 1mètre 78, je suis trop grand ! Dans ma discipline, comme en gymnastique, mieux vaut être petit pour tournoyer dans les airs. Alors, je travaille avec acharnement. C’est la persévérance qui paie ! Vous savez pour réussir un saut, j’ai compté qu’il me fallait tomber environ 2000 fois ! Avant de terminer un de mes enchaînements complexes, j’ai commencé par 2000 chutes … Et, je ne suis parvenu à le maîtriser qu’à l’issue de 5000 répétitions !
Mes entraînements sont plus durs que les compétitions ! Heureusement, j’ai mis au point et breveté un Air Bag qui m’évite de trop me casser lors de mes gamelles.
Comment se déroule l’une de vos séances d’entraînement ?
Si je suis en forme, je m’échauffe peu. J’attaque progressivement le travail spécifique. Je me mets dans ma bulle. Pour ne pas me déconcentrer j’enchaîne les sauts pendant 1 heure. J’en fais 20 à 40. Je fais un 1 à 3 blocs par jour. Entre chacun d’eux, je me repose 1 à 2 heures. Je bois des litres de jus d’orange. J’avale souvent un substitut de repas ENERGYDIET, c’est équilibré, ça me cale bien et c’est digeste ! Je fais un débriefing technique, je travaille un peu puis je repars par une série de sauts.
Vous faites aussi de la préparation physique ?
Non, je ne réalise que des séances spécifiques ! Pas de jogging, pas de musculation ! Mon corps se renforce naturellement à chaque saut ! Il se transforme, se moule à mes enchaînements ! Néanmoins, j’effectue des entraînements techniques sans roller. Pour initier certains automatismes, je travaille sur trampoline avec harnais. Ensuite, j’utilise le plongeoir de 3 mètres à la piscine ! Pour mon record de la Tour Eiffel, j’ai même bossé dans une soufflerie destinée aux parachutistes.
J’imagine que vous avez eu beaucoup de blessures !
Et comment ! J’ai été opéré des ligaments croisés, au genou droit et au genou gauche ! Mes épaules aussi étaient instables et j’ai bénéficié d’interventions chirurgicales de stabilisation. J’ai eu des entorses graves à chacun de mes poignets, des fractures de côtes, du nez et du bassin ! C’est inévitable ! Si la prévention est souvent illusoire, la prise en charge doit être rigoureuse ! Je voudrais recommander à vos lecteurs de solliciter un réseau médical de confiance : médecin du sport, chirurgiens spécialisés, etc. Un autre conseil : profitez des blessures pour rebondir ! Au cours de mes longues convalescences, j’ai utilisé le temps disponible pour beaucoup travailler : j’ai monté mes entreprises, j’ai tissé des liens de confiance avec mes sponsors ! Ainsi, les plus fidèles d’entre eux : M6 MOBILE, RED BULL, AIR WALK, SEAT et ENERGYDIET m’ont suivi dans mon projet de saut depuis la tour EIFFEL. Pourtant nous étions au pied d’un monument historique et aucun affichage n’était autorisé …
Comments