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QUEL CARBURANT POUR LA VOILE ?

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Un skipper brûle 5000 calories par jour, entretient ses muscles, gère sa vigilance, lutte contre le froid ou la chaleur … et tente de garder le moral. Une alimentation copieuse, équilibrée et savoureuse est indispensable ! Encore faut-il que son poids soit minimum et sa préparation facile.


par le docteur Stéphan CASCUA, médecin du sport

  

Eve Tiollier, docteur ès sciences et diététicienne, s’occupe de nombreux navigateurs. Elle suit notamment Jean-Pierre Dick depuis déjà quelques années et nous livre les secrets de l’alimentation de cet amateur de bonne chair.




 

SantéSportMag : En quoi consiste exactement votre travail avec Jean-Pierre Dick ?

 

Eve Tiollier : A l’aider à terre et en mer ! La préparation à terre est importante pour faire en sorte que le navigateur entame sa course dans les meilleures dispositions physiologiques et qu’il n’ait pas de carences nutritionnelles. Cela passe par un bon équilibre alimentaire mais aussi je dois penser à adapter l’alimentation à la préparation physique pour que la récupération soit optimale. Le deuxième travail consiste à préparer des menus et toutes les prises alimentaires pendant la course. Pour une course longue, comme un Vendée Globe, une des choses importantes est d’adapter l’alimentation aux zones climatiques traversées. On ne mange pas la même chose à l’équateur ou dans le grand sud. On adapte l’apport énergétique et les types d’aliments. Une soupe sera la bienvenue quand il fait froid et des salades en conserve quand il fait très chaud. On pense aussi aux aliments dits « plaisirs », composante très importante pour les skippers qui sont seuls longtemps, qui subissent beaucoup de pression et de fatigue.

 

SantéSportMag : Alors, quels sont les « petits plaisirs » de Jean-Pierre Dick ?

 

Eve Tiollier : Le foie gras ! je lui en propose une fois par semaine dans ses menus ! En mer, il a 1 sac quotidien avec des sous-sacs par repas plus un bac de produits sucrés où il peut aller piocher pour récupérer après une grosse manœuvre et qui permet d’ajuster la ration. J’essaye de varier au maximum les aliments car même si la personne aime quelque chose elle peut finir vraiment par se lasser. Il y a bien sûr beaucoup d’aliments lyophilisés car le problème sur un bateau c’est le poids, le volume de stockage et la conservation.

 

 

JE PROPOSE A JEAN PIERRE DICK DU FOIE GRAS UNE FOIS PAR SEMAINE.

 

SantéSportMag : Comment cela se passe concernant l’hydratation ?

 

Eve Tiollier : Au niveau réglementaire, les navigateurs sont obligés d’emporter une certaine quantité d’eau mais sinon ils ont tous des dessalinisateurs. Pour Jean-Pierre Dick qui aime que tout ait du goût, je propose 2 types de boissons. Des boissons énergétiques qu’il va diluer la journée et la nuit, quand il doit rester éveillé, des boissons dites d’attente qui sont sucrées avec du fructose ce qui va avoir un impact beaucoup moins important sur la glycémie et donc potentiellement sur la vigilance.

 

SantéSportMag : Alimentation et vigilance sont très liés en effet ?

 

Eve Tiollier : Oui, d’une manière caricaturale, la consommation de glucides (sucres) entraîne des moments de somnolence alors que les protéines (viande, poisson, produits laitiers) permettent au contraire de maintenir la vigilance. Ce principe est d’autant plus marqué que l’on se trouve en dette de sommeil, ce qui est le cas de ces navigateurs.

 

SantéSportMag : Observe-t-on de grandes différences entre navigateurs concernant l’alimentation en mer ?

 

Eve Tiollier : Oui, chacun a sa propre approche de l’alimentation, et je dois m’adapter. Thierry Dubois avait un objectif de performance où la notion de plaisir avait moins de place. Il ne partait qu’avec du lyophilisé, pas de conserves, pour optimiser au maximum le poids du bateau. Marc Thiercelin avait choisi lui il y a quelques années de bien manger et s’était associé au traiteur Lenôtre qui lui avait mitonné des plats sous vide. J’ai assisté à une dégustation avant le départ et c’était vraiment très bon !

 

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Les champions nous inspirent …

 

PAS DE SUCRE POUR LE CERVEAU !

 

Pendant la nuit, ou avant de réaliser une manœuvre nécessitant énergie et vigilance les skippers privilégient les protéines. Ils limitent les sucres ou les féculents. 

 

La viande, le poisson, les œufs contiennent des acides aminés qui en entrant dans le cerveau se transforment en messagers chimiques de l’éveil : l’adrénaline et la dopamine. A l’inverse, le glucose provenant des friandises ou des pâtes favorise la production des hormones du sommeil : sérotonine et mélatonine.

 

Laissez-vous inspirer ! Au cours d’un long trajet en voiture, avant un exposé important, oubliez la peur de l’hypoglycémie ! Fuyez les sucreries et autres barres chocolatées, votre cerveau comblé s’endormirait ! Préférez un œuf dur ou une tranche de jambon, vos neurones seront stimulés !

 

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Au menu, « Chez Jean Pierre »

 

Eve TIOLLIER nous propose quelques journées culinaires types à bord du voilier de Jean Pierre DICK : 

 

Par temps chaude (4500 kcal)

 

Matin

-Salade de fruits

-Muesli

-Lait

-Pain + beurre+confiture

Midi

-Salade en conserve

-Risotto poulet 

-Yogourt fruit des bois

-Mini napolitain

AprèsMidi

-Barre céréales

-Fruits secs/Oléagineux

Soir

-Spaghetti bolognaise 

-Fromage

-Crumble Abricot

Nuit

-Viande grison

-Pain

-Oléagineux

 

Par temps très froid (5500kcal)

 

Matin

-Oeufs brouillés

-Muesli

-Lait

-Pain + beurre+confiture

Collation

Matin

Biscuits

Fruits secs / Oléagineux

Midi

-Soupe

-Jambon

-Pâte au bœuf et cèpes 

-Riz au lait 

-Mini cake

Après Midi

-Crème dessert  énergétique

-Pâte amande

-Fruits secs/Oléagineux

Soir

-Soupe

-Poulet curry Riz 

-Fromage

-Apple pie

Nuit

-Fromage

-Pain  

-Oléagineux

 

Les aliments lyophilisés sont en gras

 

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