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POUSSEE D’ARTHROSE DU SPORTIF

Par le docteur Stéphane Cascua, médecin du sport

Rédacteur en chef de www.docdusport.com


Après un bon footing, votre genou a gonflé. La douleur est modérée et la gêne prédomine à l’arrière de l’articulation. Vous êtes un sénior ou vous êtes un jeune pratiquant très assidu ! Et si c’était une poussée d’arthrose ? Explications et solutions !


En regard des articulations, les os sont recouverts de cartilage. Cette substance est parfaitement lisse. Les pièces osseuses glissent et roulent les unes sur les autres presque sans aucun frottement. Malheureusement ce tissu est fragile. Le temps qui passe, les contraintes mécaniques excessives, les blessures du voisinage contribuent à l’altération de ses qualités mécaniques exceptionnelles. Les cellules peinent à se multiplier et les dégradations ne se réparent pas aisément. Vous l‘avez compris, cette détérioration du cartilage porte le nom d’arthrose !





Une poussée d’arthrose, c’est quoi ?


Votre cartilage ne se dégrade pas de façon continue. Souvent, à l’occasion d’un surmenage, vous décrochez des micro copeaux. Les vaisseaux sanguins qui entourent l’articulation s’ouvrent pour laisser passer des globules blancs. Ces derniers ont pour missions de nettoyer les dégâts. Cependant, ils outrepassent souvent leur mission et finissent par dégrader les tissus sains ! C’est l’inflammation !


FRICTION, COPEAUX DE CARTILAGE ET EMBALLEMENT DU NETTOYAGE


Simultanément, pour limiter les frictions, la membrane articulaires sécrète en urgence le lubrifiant biologique, l’acide hyaluronique. Malheureusement, dans la précipitation, elle libère de trop petites molécules inachevées beaucoup moins efficaces mécaniquement. C’est l’épanchement de synovie. Ce liquide visqueux s’accumule souvent à l’arrière du genou. Ce kyste poplité qui tiraille et s’expand lentement explique vos douleurs postérieures. Le plus souvent, votre arthrose préexistait à cette sollicitation excessive et vous n’aviez pas mal ! C’est vraiment l’emballement de l’inflammation qui est responsable vos douleurs … Il faut dans un premier enclencher une stratégie anti-inflammatoire !


Poussée d’arthrose ! Quels sont les premiers traitements ?


Pour limiter les sécrétions sanguines inutiles, il est bon de fermer les vaisseaux. Le froid est efficace : un sac de glace ou un sachet de petits pois surgelés sacrifié feront l’affaire. Un peu de repos articulaire est opportun. Musculation du haut du corps, crawl avec pull boy, Skierg ou Assaut Bike sans les jambes sont envisageables. Des anti-inflammatoires par la voie orale sont les bienvenus ; de même qu’une infiltration si le gonflement est très volumineux ou les douleurs intenses.


ANTI INFLAMMATOIRES VOIRE INFILTRATION POUR FREINER L’AUTODESTRICTION ARTICULAIRE


Vous avez peut-être entendu dire qu’il ne fallait pas bloquer l’inflammation après un traumatisme récent car il s’agissait de la première étape de la cicatrisation. Vous avez raison ! Mais, en cas de « poussée d’arthrose », la situation est différente et spécifique. Premièrement, le processus s’est vraiment emballé et attaque rapidement les tissus sains ! Deuxièmement, le cartilage ne cicatrise pas vraiment … et l’inflammation initiale se révèle inutile !


LA NATURE A LA RESCOUSSE !

Des plantes anti-inflammatoires complètent efficacement l’action des médicaments traditionnels. On peut penser à la curcumine, à l’harpagophytum et la boswellia. Chacune d’elle freine une étape différente du processus biochimique. De fait, apportées en association, leurs actions ne s’additionnent pas, elles se multiplient ! on dit qu’elles sont synergiques.



Poussée d’arthrose, quel bilan ?


La radio constitue une bonne approche. L’espace visible entre les os est constitué de cartilage. Lorsque cette distance est trop étroite l’articulation est usée. On décrit aussi des signes indirects. Un os trop dense caractérise un surmenage tissulaire en regard d’un manque de cartilage. Ce processus peut s’accentuer avec des becs osseux appelés ostéophytes. Parfois, les contraintes sont telles qu’il se constitue de petites cavités osseuses qui portent le nom de géodes. Chez le sportif il est opportun d’affiner l’analyse. Une IRM est nécessaire pour voir l’usure des ménisques situés entre le cartilage du fémur et du tibia. Cette imagerie s’avère aussi essentielle pour quantifier la souffrance osseuse sous-jacente.


RADIO POUR LES OS

IRM POUR LES MENISQUES

ARTHROSCANNER POUR LE CARTILAGE



Quand on retrouve un très gros œdème, il peut s’agir d’une véritable nécrose de l’os qui impose de limiter l’appui de la jambe. Parfois, notamment dans les semaines qui suivent une chirurgie des ménisques, ces constatations sont évocatrices destruction rapide et quasi complète du cartilage. On parle de chondrolyse. Dans ces circonstances une courte opération est nécessaire pour nettoyer les débris articulaires attisant l’inflammation. Lorsque le tableau clinique est moins bruyant, l’arthroscanner fait suite à l’IRM. C’est l’examen de référence pour analyser finement le cartilage. Votre radiologue injecte dans votre genou un liquide opaque qui détoure finement les surfaces cartilagineuses. En pratique, c’est l’occasion d’ajouter dans la même piqûre un corticoïde afin de réaliser la fameuse infiltration qui apaisera l’inflammation et apaisera l’autodestruction articulaire. Vous l’avez compris : une aiguille et deux produits, un premier pour affiner le diagnostic, un second pour vous soulager et protéger votre cartilage !


Visco et PRP après votre poussée d’arthrose


Lorsque l’arthrose s’est exprimée bruyamment à l’occasion d’une poussée inflammatoire, il est souvent nécessaire de proposer un traitement énergique et préventif. Il limitera les récidives et l’érosion insidieuse du cartilage. Il vous permettra de reprendre vos activités sportives … accompagnées de quelques réglages, nous y reviendrons 😊. La viscoinduction représente la première option médicale. Il s’agit de l’injection d’une molécule ramifiée voisine de notre lubrifiant biologique, l’acide hyaluronique. Les maillons sont les mêmes mais ils sont bien plus nombreux et pourvus de multiples branchements. De fait, loin de provoquer à nouveau le gonflement inefficace de la poussée inflammatoire, ces longues chaines améliorent considérablement l’amortissement, le glissement et le roulement articulaire. Pendant plusieurs mois, elles se comportent comme des patrons de couture qui favorisent la haute polymérisation de nos maillons naturellement secrétés. Selon l’évolution de vos symptômes. Ce geste thérapeutique peut être unique, occasionnel ou régulier tous les 6 a 12 mois.



VISCO SUPPLEMENTATION : CONFORT ET EFFICACITE RAPIDE

PRP : REPARATION PARTIELLE ET CICATRISATION LONGUE



Désormais, on alterne volontiers avec un PRP. Cet acronyme signifie plasma riche en plaquette. Le médecin vous fait une prise de sang, centrifuge le prélèvement et récupère la zone correspondant à vos plaquettes. Il vous réinjecte ces dernières dans votre genou. Vous le savez, ces microcellules sont faites pour s’agglutiner sur les plaies, boucher les trous et attirer vos cellules souches qui savent reconstituer le tissu initial presque à l’identique. Dans votre articulation le phénomène est voisin. Tout se passe comme si vos plaquettes allaient combler les trous et les nids de poule du cartilage, reformer un tissu fibreux presque cartilagineux. Le chemin communal avec pierres et ornières n’est pas redevenu une autoroute … mais vous cheminez à nouveau sur une départementale 😊 ! Vous l’avez compris, le PRP répare en partie les tissus mais nécessite un temps de cicatrisation au cours duquel il faudra aménager vos activités.


DES COMPLEMENTS ALIMENTAIRES POUR VOTRE ARTHROSE


Pour préserver votre cartilage et l’aider à se reconstituer, des compléments alimentaires sont les bienvenus. Bien sûr, vous avez appris que les cellules cartilagineuse ne se multipliaient pas ! Mais elles peuvent travailler plus et reconstituer le tissu qui les entoure. Les principaux compléments alimentaires sont les matières premières de ce maillage : le collagène pour les fibres qui le structure, le silicium pour le minéral qui fixe l’architecture, la glucosamine et la chondroïtine pour la gélatine qui glisse et amortit. A noter qu’ils n’agissent directement comme matériaux de construction. Ils fonctionnent plutôt grâce à un « effet signal ». Ils stimulent les cellules en les informant qu’il y a des dégâts moléculaires dans leur secteur …


Plus de sport fait partie du traitement 😊 !


Bien sûr, une grosse séance de course à pied a été à l’origine de votre poussée d’arthrose ! Mais, à l’inverse, une activité physique bien dosée fait du bien à votre cartilage. Ce tissu n’est pas vascularisé. Il a besoin de variation de pression pour s’oxygéner et se nourrir. Le sport lui apporte l’effet de pompage dont il a besoin. Les muscles en action produisent des messagers biologiques qui stimulent la construction du cartilage. La course à pied est le plus souvent autorisée.


COURSE A PIED 30 A 40 KM PAR SEMAINE


ZATARIAN a mis en évidence que cette pratique n’aggravait pas l’arthrose … à condition de ne pas dépasser 30 à 40 kilomètres par semaine. Pour compléter votre programme, l’entraînement croisé est le bienvenu ! Le mouvement rapide et sans impact violent est bénéfique car il oxygène, nourrit mais aussi lisse les surfaces articulaires. Le vélo est emblématique de ces modes d’action. La brasse aussi … la mauvaise réputation de cette nage pour les rotules tient à la gestuelle du haut niveau, en hyper rotation externe, parfois douloureuse chez des sportifs prédisposés ! Rien à voir avec la natation d’entretien physique !


VELO ET CARDIOTRAINING POUR OXYGENER, NOURRIR ET LISSER LE CARTILAGE


Le cardiotraining en salle, l’elliptique et le rameur notamment, adhèrent au même concept biomécanique de santé articulaire ! La musculation permet aussi d’améliorer le contrôle du geste et harmonise le mouvement articulaire. Elle accroît la force de freinage qui se transfère dans l’amortissement de chaque foulée. Les mises en tensions musculaires à la réception réduisent d’autant l’impaction du cartilage ! Les appareils comme la chaise à quadriceps ou à ischiojambiers proposent des exercices assis, les pieds dans le vide. Vous comprenez que ces gestes n’écrasent pas les surfaces portantes des genoux. Vous pouvez y réaliser des séries longues avec des charges légères menant à l’échec en 30 à 40 répétitions. La presse n’est pas interdite.


MUSCULATION POUR CONTROLER ET FREINER L’IMPACT


Conservez les mêmes modalités de travail et fléchissez le genou modérément afin de retrouver les amplitudes de la course à pied. Ces activités permettent de réduire la charge de travail dans les sports incluant de la course et des sauts. Mais, plus que de substituer à votre programme, elles viennent le compléter voire s’y ajouter ! Voilà votre arthrose soignée avec plus de sport ! On est loin du vieux concept « d’économie articulaire » !




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