LES PRP POUR SOIGNER VOS MENISQUES
Par le docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport
Rédacteur en chef de www.docdusport.com
Vous avez abîmé un ménisque dans votre genou. On vous parle de chirurgie suivie d’usure articulaire. Heureusement, dans de nombreux cas, il existe une solution plus confortable, plus rapide et plus protectrice : les PRP.
L’acronyme PRP signifie Plasma Riche en Plaquettes. Le médecin vous fait une simple prise de sang, centrifuge le prélèvement et récupère la zone la plus riche en plaquettes. Ces dernières sont les petites cellules qui s’agglutinent sur les plaies, bouchent le trou, libèrent des facteurs de croissance et attirent vos cellules souches qui savent reconstituer tous les tissus du corps. On sait désormais vous les réinjecter de façon ciblée, dans une zone lésée afin de la faire cicatriser.
Votre blessure méniscale est-elle une bonne indication ?
Les ménisques sont de petites cales caoutchouteuses situées dans le genou, entre le tibia et le fémur. Le premier est plutôt plat, le second plutôt rond. Les deux ménisques, placés de chaque côté de l’articulation, ont une forme de croissant et favorisent l’emboîtement. La nature a réalisé ce montage complexe pour faciliter le mouvement. En effet, quand le genou se plie, les ménisque reculent. Lorsque le genou tourne, les ménisques pivotent. Inévitablement, avec le sport … et la vie qui passe, ils sont régulièrement pincés voire coincés. Parfois, à l’occasion d’un geste rapide et puissant, un ménisque jeune et ferme peut être impacté et se casser verticalement ! Plus insidieusement, même en l’absence de douleur, ils se dégradent. Ils se ramollissent et se fendillent. Du fait de contraintes en rotation, les fissures de cisaillement sont plus volontiers horizontales.
INDICATION DU PRP : UN MENISQUE USE AVEC UNE FISSURE HORIZONALE
Pour cause d’écrasement lors des flexions répétées, les lésions se localisent préférentiellement à l’arrière de l’articulation. En raison d’appui sur une seule jambe lors de la course, c’est le compartiment interne qui est le plus souvent écrasé et abîmé. Vous tolérez cette érosion progressive jusqu’au jour où, à l’occasion d’un surmenage ponctuel, vous aggravez les lésions. Il peut s’agit d’un petit refend vertical ou de la libération de micro fragments. Parfois, pour cause de nouveaux accrochages dans le mouvement articulaire, le genou sécrète en urgence du lubrifiant de mauvaise qualité … et il gonfle. Le liquide peut s’accumuler à l’arrière du genou et former un kyste poplité douloureux. Plus souvent, les globules blancs arrivent pour nettoyer les copeaux décrochés. Ils enclenchent alors un processus inflammatoire douloureux. La fissure verticale nette et brutale du jeune footballeur ne constitue pas l’indication idéale du PRP. La lésion est trop profonde et la languette souvent très mobile. Une résection chirurgicale de la petite portion instable constitue souvent une solution efficace, rapide et peu péjorative à long terme. En revanche, la blessure d’usure décompensée chez le quadra et plus répond parfaitement à une injection experte de plaquettes.
Comment reconnaître la lésion du ménisque ?
Classiquement, vous approchez ou vous dépassez la quarantaine. Vous faites de la course à pied, du trail ou du tennis. Voilà quelques mois que vous ressentez une petite gène à la face interne de votre genou. Classiquement, l’inflammation descend sur le haut du tibia. Depuis quelques jours la douleur est devenue invalidante et vous ne parvenez plus à vous entraîner. Dans votre programme récent, le doc du sport retrouve une charge de travail plus importante : la préparation d’une course avec plus de kilomètres et de vitesse, un trail engagé avec des pierres et des ornières, un tournoi de tennis avec des adversaires difficiles … ou une initiation au yoga avec de nombreux agenouillements. En vous regardant, il constate que vous avez des jambes arquées favorisant la compression des ménisques … mais souvent votre morphologie est normale.
SURCHARGE D’ENTRAINEMENT, DOULEUR A LA FACE INTERNE DU GENOU.
A l’examen, le sautillement et l’accroupissement sont très désagréables. En position couchée, le doc du sport retrouve un gonflement articulaire discret. La flexion forcée avec rotation, l’appui sur le ménisque sont très sensibles. Parfois, la douleur est plus vive en dessous, sur la partie haute du tibia. Il s’agit de l’inflammation et du décollement membranaire qui s’étend classiquement vers le bas. C’est pour cette raison qu’on vous a parlé de tendinite de la patte d’oie … alors qu’il s’agit d’une authentique lésion méniscale ! Une IRM est indiquée … inutile de passer par la radio et l’échographie recommandée dans un premier temps par la sécurité sociale 😊 La collectivité va économiser deux examens inutiles … et vous allez gagner un temps précieux. Les images réalisées montrent bien la corne postérieure du ménisque blanchie et inflammatoire, une fissure horizontale plus ou moins marquée et parfois quelques refends plus verticaux. On va vous soigner !
Le PRP, un super traitement !
Le temps que tout s’organise vous pouvez continuer le sport ! Vous l’avez compris le ménisque interne est comprimé par la bascule du genou inhérente l’appui sur une seule jambe. Bref, si vous êtes en charge sur les deux membres inférieurs, les douleurs disparaissent souvent totalement. C’est encore mieux si votre bassin est en posé. De fait, allez pédaler à la salle ou même dans la campagne ! Testez l’elliptique ou le rameur sans trop fléchir. Les demi squats légers, la musculation des jambes en position assise ou couchée, typiquement pour isoler les quadriceps, ischiojambiers, adducteurs ou fessiers sera possible. Vous entretenez votre cardio et votre force. C’est essentiel pour votre forme … et pour protéger votre genou !
GARDEZ LA FORME : VELO, ELLIPTIQUE, MUSCU !
Si vous êtes en fin de préparation à une compétition qui vous tient à cœur, des anti-inflammatoires voire une infiltration peuvent se négocier ! Si les lésions mécaniques ne sont pas majeures, si l’emballement inflammatoire agressif et douloureux prédomine, il est envisageable de conserver votre dossard ! Attention, pour le plaisir ! Pas pour le chrono ! Et sur distance raisonnable ! On décale alors le PRP pour traiter la cause à l’occasion d’une période plus calme de votre planning.
ANTIINFLAMMATOIRES OU INFILTRATION PARFOIS POUR COMMENCER
Le PRP est également réalisable en urgence mais les résultats sont moins rapides. Ce geste enclenche une cicatrisation qui nécessite 3 à 6 semaines. Le plus souvent, il est préférable d’effectuer ce traitement lorsque votre agenda sportif vous permet d’adapter votre entraînement. En pratique, le radiologue vous fait une prise de sang. Il centrifuge le prélèvement et récupère la hauteur correspondant aux plaquettes. Sous échographie, il réinjecte ce PRP précisément dans les fissures. Parfois, il étend la zone traitée à la membrane articulaire décollée et irritée.
SOUS ECHOGRAPHIE, LE MEDECIN INJECTE VOS PLAQUETTES DANS LA FISSURE DE VOTRE MENISQUE
Enfin, le volume restant est classiquement poussée dans la cavité articulaire afin de soigner les refends verticaux voire l’usure du cartilage en regard. Dans les suites, les consignes d’usage sont les suivantes : 15 minutes assis en salle d’attente pour laisser coller les plaquettes, 2 heures sans activité pour profiter du relargage et de la fixation des facteurs de croissance (retour accompagné ou taxi, petit café ou restaurant au voisinage). Pendant, les 5 jours d’après, réduisez la marche au maximum. Evitez les trajets en vélotaf, en transport en commun ou les embouteillages. Si possible, négociez un peu de télétravail. Cependant, la « vraie vie » peut vous imposer moins de rigueur … pas de prise de tête ! Faites au mieux ! En cas de métier très physique, un arrêt de travail est envisageable. En tout cas, pas de natation … même avec pull boy. La piscine municipale est trop sale et vous avez un petit trou dans le genou qui cicatrise.
J0 J5 MARCHE MINIMUM
J5J10 VELO OU ELLIPTIQUE COOL
J10J21 TROTTINEMENT
J21J45 COURSE … PUIS TEST TERRAIN IRREGULIER ET RELIEF
En revanche, la musculation du haut du corps est autorisée et encouragée ! De J5 à J10, vous renouer avec les trajets sereinement mais aussi avec le pédalage puis l’elliptique. A partir de J10, reprenez tranquillement la course à pied. Idéalement en salle. Ainsi vous intensifiez le vélo et l’elliptique puis vous enchaînez avec un peu de trottinement sur tapis. Vous augmentez progressivement la durée et la vitesse. Vers J21, vous courrez sur macadam pendant 30 minutes à 1 heure. Vous pouvez allonger jusqu’au seuil de l’essoufflement aux alentours de 80% de votre VMA. Faites des détours sur des chemins plus irréguliers et reprenez un peu le relief. Si vous êtes tennisman, renouez avec les éducatifs techniques sur le petit carré puis échanger quelques balles bienveillantes avec un prof ou un copain de bon niveau. Entre 4 et 6 semaines, lorsque la cicatrisation a bien avancé, il est d’usage de faire un débriefing en consultation avec votre médecin du sport.
COLLAGENE, ETC.
Vous connaissez le collagène comme complément alimentaire. Il existe désormais sous forme d’ampoule injectable qui peut être associée au PRP. Vous le savez, il s’agit de la protéine ubiquitaire qui structure le tissu du vivant animal. Et comme son étymologie l’indique, elle colle et redonne de la consistance à la zone lésée, déchirée ou fissurée. J’utilise désormais systématiquement la synergie PRP et collagène injectable pour soigner l’usure des ménisques.
Bien évidemment, la forme orale peut-être ajoutée au grand bénéfice de la consolidation. De nombreuses études commencent à valider son intérêt dans la cicatrisation des membranes. Il faut noter que ce complément alimentaire n’agit pas comme de la matière première mais grâce à un « effet signal ». En effet, le collagène est coupé, on dit « hydrolysé ». Le processus est optimum lorsqu’il se déroule jusqu’à l’obtention petits fragments appelés « peptides ». Idéalement, ces derniers sont constitués de trois maillons d’acides aminés : la glycine, la proline et l’hydroxyproline. Cette molécule est suffisamment petite pour franchir la barrière intestinale sans être coupée par les enzymes digestives. Elle passe dans le sang et dans les tissus tout en conservant cet enchaînement spécifique du collagène. Elle va se fixer sur les cellules du cartilage, des ménisques, des tendons, des ligaments et de la peau et donne le signal de dégâts collagéniques alentours. Les cellules réagissent en boostant le synthèse de cette molécule essentielle !
Des résultats souvent excellents !
Rarement, la gêne persiste. Dans ce cas de figure, un deuxième PRP est envisageable. Si ce traitement ne vous donne toujours pas satisfaction, une IRM refait le point sur l’extension des fissures et la mobilités des fragments. Et, une intervention chirurgicale s’inscrit comme une solution de bon sens. La technique consiste à enlever un minimum de ménisque notamment la portion molle et usée ainsi qu’une éventuelle languette instable à l’origine du dérangement mécanique. Même dans ces conditions, pas de drame ! La portion méniscale éliminée est souvent petite. La structure restée en place préserve au mieux sa fonction d’amortissement, de stabilisation et répartition des pressions. L’arthrose n’est pas inéluctable en quelques années ! Parfois même, elle sera moins précoce que si votre cartilage continuait à rouler et à glisser sur un ménisque trop fragmenté.
EN CAS DE RESULTAT PARTIEL, UN DEUXIEME PRP EST POSSIBLE
EN CAS D’ECHEC, LA CHIRURGIE N’EST PAS UN DRAME 😊
Heureusement, le plus souvent les douleurs sont absentes à l’entraînement et les tests réalisés au cabinet sont rassurants. Dans ces circonstances, une IRM de contrôle est inutile. Le ménisque a retrouvé une bonne cohésion mécanique grâce à du tissu fibreux de jonction dans les fissures. Cependant, son aspect reste comparable à celui retrouvé sur les premières images. Bref, les voyants sont au vert et vous pouvez reprendre votre activité. Votre médecin du sport vous invite néanmoins à faire quelques réglages. Il vous suggère de croiser un peu plus votre entraînement. Alors, que vous avez découvert le confort locomoteur propre à l’elliptique et le vélo, il vous recommande de continuer le premier notamment pour les séances intenses et le second pour les sorties longues dans la nature. Idem pour la musculation ! Presse, squat et renforcement sans appui permettent de travailler la force de freinage qui réduit d’autant le choc articulaire de la réception. Il vous autorise bien-sûr le tennis et la course mais vous conseille de ne pas pratiquer des sports d’impact deux jours de suite. Un contrôle est envisageable dans 3 à 6 mois … où à l’occasion d’une réapparition de douleur. Pas de stress, un nouveau PRP sera possible ! C’est un geste naturel sans effet délétère sur l’articulation. Le but de cette stratégie thérapeutique : vous accompagner dans la poursuite du sport !
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