Vous aimez faire du vélo mais vous avez mal devant les genoux quand vous pédalez. C’est probablement votre rotule qui provoque vos douleurs. Explications et solutions ! Par le docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport. La rotule et le vélo forme un couple impétueux. De leur relation on peut attendre le pire et le meilleur. Le plus souvent, pédaler fait du bien au cartilage rotulien. Plus rarement, le cyclisme engendre une véritable agression tissulaire. Vous l’avez compris, la bonne prise en charge commence par des conseils sportifs. Si ces recommandations ne suffisent pas, la médecine peut déployer de multiples traitements
Confirmons que vous souffrez d’un syndrome rotulien ! Classiquement les douleurs de rotule se situent en avant du genou. Parfois, il existe une gène en arrière, classiquement provoquée par le gonflement insidieux de l’articulation et la tension liquidienne au sein d’un petit sac appelé kyste poplité. Les circonstances sont différentes selon le niveau de pratique. Chez le néo vélo tafeur, on retrouve très souvent de erreurs de réglages ou de pédalage. Chez le cycliste expérimenté et assidu, il faut rechercher une surcharge d’entraînement souvent favorisée par la préparation d’une grosse cyclosportive ou d’un triathlon longue distance. GROS ENTRAINEMENTS RECENTS, GROS BRAQUETS Quoi qu’il en soit, vous avez mal en pédalant, surtout quand vous « envoyez du braquet ». Vous souffrez aussi dans la vie quotidienne. Parfois même la nuit, si vous dormez les genoux pliés. Classiquement, quand vous restez assis au bureau, en voiture ou en avion, vous aimeriez pouvoir étendre les genoux pour vous soulager. Les escaliers sont également très désagréables. A l’examen, votre médecin du sport retrouve des douleurs voir des craquements en vous demandant d’étendre le genou contre résistance. Vous avez mal quand il palpe le face profonde de votre rotule en la décalant légèrement. DOULEUR ASSIS ET DANS LES ESCALIERS Rarement, la radio montre une arthrose ou une désaxation de votre articulation. L’IRM met plus souvent en évidence un cartilage irrégulier et gonflé avec un œdème s’étendant jusqu’à l’os sous-jacent. Néanmoins, un bilan d’imagerie normal n’exclut pas un surmenage articulaire et un authentique syndrome rotulien du cycliste. Le traitement sportif de votre médecin du sport Chez le pédaleur urbain quelque peu novice, les fautes de réglages et les erreurs techniques sont fréquentes. Souvent, pour plus de stabilité au feu, vous ajustez la hauteur de la selle pour rester assis les pieds à plat. Malgré le confort de votre position arrêtée, l’inconfort vous guette quand vous rentrez en action ! SELLE TROP BASSE : ROTULE ECRASEE En effet, vous êtes trop bas, vous pliez trop les genoux et vos muscles écrasent votre rotule en se contractant ! il faut remonter votre selle de façon à placer votre membre inférieur en extension lorsque vous posez le talon sur la pédale. Inévitablement, vous positionnerez votre bassin en avant de la selle quand vous poserez les pieds en patientant aux carrefours. Deuxième erreur très répandue chez le vélo tafeur, une fréquence de pédalage trop faible ! Dans ces conditions, votre quadriceps se contracte plus vigoureusement et écrase votre rotule sur le fémur. Pire, le mouvement lent rabote et irrite votre cartilage. Mieux vaut répartir les contraintes en moulinant entre 80 et 100 tours par minute sur une résistance plus modérée. MOULINEZ : 80 A 100 TOURS PAR MINUTE De cette manière, pour la même vitesse, la rotule glisse plus harmonieusement sur le fémur. On décrit même des effets de lissage de la surface articulaire. Mieux encore, le cartilage n’étant pas vascularisé, les variations rapides de pressions permettent de pomper l’oxygène et les nutriments depuis l’os sous-jacent. Rien qu’en tournant plus vite les jambes, le mode de vie de votre rotule passe du pire au meilleur ! Parfois, le cycliste expérimenté, lui aussi, écrase de trop gros braquets. C’est particulièrement fréquent en montagne. En effet, la culture du pratiquant autorise, une réduction des fréquence de pédalage. Cette habitude date d’une époque où le manque de finesse des matériaux ne permettait pas de proposer suffisamment de pignons. Ce phénomène subsiste du fait d’une gamme de développements souvent trop orientée haut-niveau peut-être du fait du talent des ingénieurs salariés des équipementiers. Quoi qu’il en soit, quel que soit le dénivelé, les études montrent que performance et santé articulaires sont optimisées au-delà de 80 tours par minute. Alors, sur toutes les bosses, essayez de mouliner quitte à faire changer vos plateaux ou vos pignons . Vos rotules vous remercieront ! HUMILITE DANS LE CHOIX DES DEVELOPPEMENTS Les gros blocs d’entraînement et autres week-ends chocs sont parfois l’occasion de surmenage articulaire. Les études prouvent que les stages multiplient par 5 le risque de blessure. L’appareil locomoteur s’adapte trop lentement pour encaisser les grosses surcharges ponctuelles. La progressivité reste indispensable pour éviter les douleurs rotuliennes. Attention aussi au home trainer, tout particulièrement les Biking à pignon fixe. En effet, lors de ces séances, vous n’arrêtez jamais de pédaler. A l’occasion des sessions longues ou intenses, votre rotule ne bénéficie d’aucun répit ; rien à voir avec l’alternance pédalage et roue libre propre à un parcours naturel ! DE LA ROUE LIBRE POUR UNE RECUPERATION ROTULIENNE De fait, vous avez été nombreux à souffrir des rotules pendant le confinement ! Alors n’hésitez pas arrêtez de pédaler, à vous mettre en roue libre de temps à autre pendant vos entraînements sur vélo fixe. Il en va du bonheur de votre rotule ! Les cales de vos pédales automatiques sont aussi à l’origine de douleurs rotuliennes. Souvenez-vous que l’extension du genou s’associe automatiquement à une légère rotation du fait de la forme des surfaces articulaires. Pour un glissement harmonieux de la rotule dans son couloir, le plus simple consiste à utiliser des cales qui respectent ce léger pivot naturel. CALES A ROTATION MAXIMUM POUR EPOUSER LA ROTATION AUTOMATIQUE DU GENOU Chez look, elles sont rouges. Chez Shimano, elles sont jaunes. Si vous souhaitez limiter l’effet patinage décrit par certains cyclistes, deux options. Soit, vous serrez un peu plus le ressort de votre pédale. Soit, vous choisissez les cales à rotation intermédiaire en prenant soin de les orienter parfaitement dans l’axe de la chaussure. En tout état de cause, il faut proscrire celles qui sont totalement fixes. Elles provoquent des frottements intempestifs sur les berges du chenal osseux. CHANGEZ LES CALES. VERIFIEZ LA BONNE ORIENTATION De la même manière, votre rotule peut être malmenée si votre cale est usée ou si elle a pivoté sur la chaussure pour cause de vissage insuffisant. Changez souvent. Vérifiez régulièrement l’orientation. Le traitement médical de votre médecin du sport. Si les ajustements techniques et ergonomiques sont insuffisants pour vous soulager, la médecine peut vous aider. Les compléments alimentaires à visée cartilagineuse sont intéressants. Collagène, glucosamine, chondroïtine et silicium s’associent pour stimuler et nourrir les cellules de cartilage appelées chondrocytes. COMPLEMENTS ALIMENTAIRES SYNERGIQUES Si l’irritation provient d’un surmenage récent, il est opportun d’apaiser l’inflammation qui devient délétère. En effet, les processus de nettoyage des microlésions finissent par agresser les tissus sains. Là encore, des compléments à base de plantes peuvent être utiles. Harpagophytum et curcumine sont synergiques en régulant deux voies différentes du phénomène. CALMER L’INFLAMMATION TOXIQUE : PLANTES, ANTI INFLAMMATOIRES VOIRE INFILTRATION Bien-sûr, si votre genou est très douloureux, des anti-inflammatoires traditionnels sont indiqués pendant quelques jours. Il faut vous soulager et vous permettre de pédaler en douceur afin de ne pas vous déconditionner. De la façon comparable, une infiltration de corticoïde peut s’avérer nécessaire pour préserver votre cartilage. On profite alors de l’injection pour réaliser un arthroscanner. Le liquide de contraste injecté simultanément permet de détourer parfaitement les irrégularités de la surface cartilagineuse et de faire un bilan précis des lésions, bien mieux qu’à l’IRM. Apaisement du processus inflammatoire, compléments alimentaires et prévention des facteurs favorisant la blessure peuvent suffire. Il faut alors renouer avec un entraînement bien conçu, avec matériel adapté et une bonne technique ! Si votre genou reste récalcitrant, il est d’usage de vous proposer une visco induction, c’est-à-dire l’injection d’un lubrifiant biologique appelé acide hyaluronique. Les produits développés sont de gros polymères qui comptent bien plus de maillons que la molécule naturelle. De fait, ils permettent d’assurer un amortissement, un roulement et un glissement encore plus efficace. VISCO INDUCTION POUR FAIRE GLISSER LA ROTULE A la manière d’un patron de couture, ils induisent pendant de long mois la production de molécules naturelles plus performantes. L’injection pourra être renouvelée après 6 à 12 mois, si nécessaire. A l’issue de geste, vous ne faites pas de sport avec le genou pendant 2 jours puis vous reprenez votre nouveau programme bien conçu. Le PRP ou Plasma Riche en Plaquettes constitue une options thérapeutique supplémentaire ou complémentaire. Dans les suites d’une simple prise de sang, il s’agit de l’injection intra-articulaire de vos propres plaquettes. Habituellement, ces mini cellules ont pour mission de boucher les plaies et d’attirer des cellules souches qui savent refaire le tissu à l’identique.
PRP : VOS PLAQUETTES POUR REGENERER LE CARTILAGE Dans votre genou, elles comblent les irrégularités cartilagineuses et contribuent à une réparation partielle. Visco induction et PRP peuvent être réalisées en alternance, il existe même un kit associant les deux traitements dans une même injection. Après une PRP, il est d’usage de laisser les plaquettes s’agglutiner sur le cartilage sans leur imposer trop de contraintes mécaniques … comme vous évitez de tirer sur une plaie récente. Ainsi, vous évitez le sport pendant 5 jours puis vous moulinez très cool jusqu’au dixième jour. Enfin, vous pouvez reprendre votre entraînement bien adapté. A l’issu de l’ensemble de cette prise en charge tous azimuts, vous devriez oublier votre rotule en pédalant !
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