Par le docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport, entraînement du sportif, et rédacteur en chef de www.docdusport.com
De nombreuses études démontrent que l’activité physique réduit nettement le risque d’infection hivernale. En revanche, il semblerait que le sport plus intensif soit nettement moins bénéfique.
Le Docteur NIEMAN a publié un article dans le « journal sports of medecine ». Il a suivi 1200 personnes pendant 12 semaines automnales et hivernales. Plus les individus étaient actifs moins ils étaient malades ! Ceux qui pratiquaient de l’exercice physique 5 fois par semaine réduisaient de 43% le nombre de jours au cours desquels ils étaient enrhumés. De surcroît, les symptômes étaient plus modérés !
Les sportifs de loisir sont gagnants
De la même manière, une pratique sportive d’intensité modérée, du type 30 minutes à 1 heure à la limite de l’essoufflement, 3 fois par semaine, se révèle efficace pour réduire les infections bénignes de la gorge, du nez et des oreilles. PEDERSEN l’a mis en évidence avec des cyclistes de loisir. L’adrénaline sécrétée pendant l’effort provoque la libération dans le sang des globules blancs chargés d’attaquer les microbes. Ils quittent la paroi des vaisseaux, les ganglions ou la rate pour entrer en action.
LE SPORT PROVOQUE UNE LIBÉRATION DE GLOBULES BLANCS ET D’ANTICORPS
Leurs taux restent plus élevés pendant environ 2 jours. Cet accroissement des défenses immunitaires pendant l’effort est cohérent avec les mécanismes de sélection rencontrés au cours de notre évolution. Au Paléolithique, l’exercice physique était classiquement associé à la chasse. Il fallait fuir ou combattre, traverser les ronciers ou prendre des coups de griffes. Ces lésions imposaient de réquisitionner le système de lutte contre les microbes.
Des bienfaits mécaniques aussi …
Les infections sont également favorisées par la stagnation des microbes dans les cavités et les tuyaux de l’organisme. La médecine habituelle prend en considération cette notion. En cas de bronchite ou de sinusite, votre généraliste vous prescrit des fluidifiants favorisant l’évacuation des germes mêlés aux sécrétions des muqueuses. En réanimation, les patients victimes d’infections des poumons bénéficient aussi de techniques de drainage du pus. Les infirmières aspirent les liquides visqueux coincés dans les bronches. Les kinésithérapeutes réalisent des vibrations thoraciques pour les décoller et mobiliser. En cas de sinusite chronique, la chirurgie consiste principalement à élargir les orifices d’évacuation de ces cavités osseuses du visage. Les sécrétions ne s’accumulent plus et les microbes sont aisément éliminés par le nez.
HYPERVENTILATION, HUMIDIFICATION, MOBILISATION DES POUMONS ET SECOUSSES FAVORISENT LE DRAINAGE DES MICROBES
Le sport reproduit ces procédés, particulièrement en hiver ! L’air froid que vous inspirez ferme les vaisseaux et réduit l’inflammation des conduits les plus superficiels. La muqueuse bordant les trous menant aux sinus est moins gonflée et le drainage est facilité. Plus en profondeur, le corps réchauffe l’air inspiré en l’humidifiant. Vous le constatez en voyant un nuage de vapeur d’eau se former quand vous expirez dans le froid. Cette hydratation des conduits fluidifie les sécrétions et facilite leur évacuation. Les impacts des foulées secouent les poumons comme les vibrations des kinés ! L’hyperventilation augmente le débit de l’air dans les bronches et favorise leur nettoyage. Une respiration plus profonde permet d’ouvrir des zones habituellement moins ventilées où stagnent les microbes. Les mouvements des bras tirent sur les fascias pulmonaires, les membranes qui structurent ces gros ballons, et complètent l’action de décrochage des plaques purulentes. Vous l’avez constaté, le nez coule à vélo et vous avez tendance à sentir les sécrétions remonter en course à pied. Ne les avalez pas ! Elles sont pleines de germes ! Ne les crachez pas sur le trottoir … pour les mêmes raisons. En ville, utilisez de préférence un mouchoir en papier. A la campagne, la nature peut retourner à la nature ! Avant votre séance, ajoutez quelques gouttes d’huiles essentielles sur votre maillot pour bien désinfecter le nez, la gorge, les bronches et la profondeur des poumons ! De cette manière, votre entraînement devient une véritable thérapeutique pour les petites infections.
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Pas de sport en cas de fièvre ou de courbatures !
Si vous êtes fiévreux, votre corps consacre son énergie pour lutter contre l’infection ! Si vous avez des courbatures, vous avez probablement des microlésions voisines dans votre cœur ! Le sport peut être à l’origine de lésions cardiaques définitives qui favorisent la mort subite du sportif ! Reposez vous !
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Les sportifs de haut niveau sont perdants
A l’inverse, il semble que l’entraînement intensif altère notre immunité. PETERS a surveillé 140 marathoniens. Le nombre d’infections respiratoires augmente parallèlement à leur kilométrage à l’entraînement. Ils étaient particulièrement sensibles après les séances intensives ou les compétitions. Si la quantité de globules blancs s’élevait toujours dans le sang pendant la course, elle s’effondrait au cours des 6 heures après l’arrêt de l’exercice. Elle restait basse pendant toute la journée suivante.
DANS LES HEURES QUI SUIVENT UN ENTRAÎNEMENT INTENSE, LE CORPS EST PLUS SENSIBLE AUX INFECTIONS
D’autres mécanismes justifient la plus grande vulnérabilité des pratiquants assidus. L’essoufflement prolongé finit par assécher la bouche, le nez et les bronches. Trop longtemps respiré, l’air froid provoque la fermeture des petits vaisseaux apportant le sang à ces muqueuses. Les globules blancs désertent les voies respiratoires. Il a été prouvé que les anticorps étaient moins nombreux dans la salive des sportifs surentraînés. Tout se passe comme si la libération habituelle pendant l’effort avait fini par épuiser les stocks. Ces athlètes surmenés baignent aussi dans l’hormone du stress, le cortisol, connue pour son action inhibitrice des défenses immunitaires.
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Votre grand-mère avait raison …
Elle vous disait : « Ne prend pas froid, ne traîne pas en sueur après ton sport ! Va prendre ta douche !». Son bon sens d’autrefois était en accord avec les données scientifiques actuelles. Après une séance intense, la quantité de globules blancs diminue et le froid les éloignent des zones à défendre. On sait désormais qu’un grand bain chaud de 20 minutes stimule l’immunité !
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