Par le docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport
Rédacteur en chef de www.docdusport.com
Julie est une ravissante triathlète blonde de 28 ans. Sa silhouette est sculptée par l’entraînement assidu. Elle travaille dans l’immobilier de luxe. Toute la semaine, elle fait visiter de superbes appartements de l’ouest de Paris à des clients fortunés ! Une vraie série télé !
Pour préparer l’IRONMAN de Nice, elle a nettement augmenté sa charge de travail et elle a renouée avec le fractionné sur piste. (NDLR : Comme moi, les adeptes de subtilités genrées peuvent être surpris de la dénomination de cette compétition. Cette appellation semble rendre cette épreuve inaccessible aux femmes ! C’est faux ! Et en l’honneur de Jolie Julie, nous l’appellerons dans cet article IRONWOMAN 😊)
Quelques semaines plus tard, elle m’a consulté pour une tendinite haute des ischiojambiers. Il s’agit d’une douleur au niveau du pli fessier qui correspond au point d’accrochage de ces muscles. Ils sont connus pour plier le genou mais en course à pied, ils s’expriment plutôt comme extenseur de hanche. De fait, ils sont particulièrement mis en tension et sollicités dans le griffé de la foulée quand l’athlète va chercher devant pour gagner en amplitude. Les séances de VMA sur le tartan en déroulant une foulée talon avaient fini par léser ce tissu surpris par cette nouvelle contrainte.
Dans la perceptive de cette compétition, nous avions enclenché un traitement adapté ! Pas de repos sportif ! C’est inutile voire nuisible ! Il faut guider la cicatrisation et orienter les fibres dans l’axe forces mécaniques. Bien sûr, nous avions mis en place des réglages et soigner la cause : arrêt du fractionné mais poursuite de la course à vitesse marathon sur IRONWOMAN. Quelques courtes sessions au seuil avaient pu être préservée en l’absence de douleur. L’entraînement à plus haute intensité était réalisé exclusivement sur vélo et en natation. je lui avais transféré mon article sur l’autorééducation de la tendinite des ischios et elle avait manié le pistolet de massage et la ventouse électrique avec dextérité. Nous avions arrêté la kiné dont les étirements excessifs avaient exacerbé les douleurs. J’avais ajouté des compléments alimentaires, du collagène, de l’acide hyaluronique et du silicium pour favoriser la réparation tendineuse. (NDLR : La peau de jolie Julie en avait bien profité pour retrouver une tonicité enfantine. En effet, les structures cutanées et tendineuses contiennent des molécules voisines omniprésentes dans le tissu conjonctif) Bref, jolie Julie avait pu mener à bien sa préparation malgré sa blessure !
Le vendredi précédant l’IRONWOMAN de Nice, elle descend en voiture pour rejoindre la promenade de anglais. Elle m’appelle en panique …
Jolie Julie : Stéphane, c’est la catastrophe ! Ma tendinite est revenue, elle s’est même aggravée ! J’ai super mal aux fesses …
Le Doc : Qu’as-tu fais de particulier ?
Jolie Julie : … mais rien ! Je suis juste assise dans la voiture !
Le Doc : 😊 Oh là ! Pas de souci ! Tu appuis depuis des heures sur ta cicatrice ! Pour des raisons de sécurité, les sièges de voitures sont durs et l’assise est légèrement basculée vers l’arrière. Cette configuration évite le sous-marinage, c’est-à-dire le glissement de ton bassin vers le tableau de bord en cas de freinage violent voire de choc frontal. Tout le poids de ton buste écrase tes ischions.
Jolie Julie : Que dois-je faire ? c’est grave ?
Le Doc : Pas de tout ! Arrête-toi toutes les deux heures, marche un peu, balance ta jambe d’avant en arrière pour ramener du sang et redonner un peu d’élasticité à ta fibrose ! Et, surtout prend le départ de ton IRONWOMAN sans inquiétude !
Le dimanche soir, elle m’appelle ravie ! Elle a terminé aisément son IRONWOMAN avec un beau chrono de 12H45 ! Sans aucune douleur aux fesses ni à vélo, ni en course à pied ! Bravo Jolie Julie !
De cette anecdote authentique et souriante, on peut tirer quelques leçons pour tous ceux qui souffrent de cette blessure fréquente ! La douleur en position assise, particulièrement en voiture, est sans importance ! Elle n’aggrave pas les lésions ! Elle est volontiers plus intense qu’en courant. Elle persiste plus longtemps ! Cependant, ce message plein d’optimisme doit être affiné ! La persistance de cette douleur caractérise la présence d’une cicatrice encore un peu désorganisée, dure et fibreuse. Elle justifie la poursuite de l’autorééducation associée à un programme d’entraînement préventif !
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