Vous êtes cavalier. Vous ne souffrez ni de handicap physique ni de souffrance psychologique invalidante. Pourtant, l’équithérapie ou médiation équine pourrait bien améliorer votre équitation … et vous faire avancer !
Par le docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport
Le film JAPPELOUP raconte la véritable histoire de ce cheval courageux et talentueux, champion olympique en 1988 à Séoul sous la selle de Pierre Durand. Loin d’une épopée mièvre et idyllique, Guillaume CANET a su donné à cette aventure une densité émotionnelle sincère et touchante. L’un des messages rejoint étrangement le sujet de notre réflexion autour des liens subtiles entre médiation et équitation …
La technique ne suffit pas …
Quatre ans avant la gloire, Pierre DURAND prépare JAPPELOUP pour les Jeux de Los Angeles. Ce cavalier brillant est aussi un jeune avocat bordelais hyperactif. Au sein d’un agenda surchargé, il grappille quelques minutes pour filer jusqu’à un modeste centre équestre afin de monter son petit bai brun explosif surnommé « bout de Zan ». Pour ne pas perdre de temps, Sarah, sa groom dévouée lui prépare son cheval. Pierre saute sur JAPPELOUP, l’échauffe un peu, dresse un soupçon puis réalise une prestation technique parfaite en enchaînant les barres. Enfin, il rend l’animal à Sarah, quitte à vive allure l’arrière-pays verdoyant et s’en retourne dans la capitale de Gironde.
S’ARRETER POUR AVANCER ! UN REFUS FONDATEUR
Quelques mois plus tard, sur la côte ouest des Etats-Unis, l’équipe de France fait une bonne prestation à l’occasion de la première manche. Pour la seconde, Pierre a la pression. Il est le dernier français à entrer sur l’immense carrière. S’il fait sans faute, la France est médaille de bronze ! Le parcours est superbe, le minuscule bai brun survole les monstres de bois multicolores … et soudain il s’arrête ! Refus du cheval, chute du cavalier. La bride tombe et reste dans ses mains ! Face aux caméras du monde entier, devant des millions de téléspectateurs, Pierre est effondré dans le sable et le fougueux JAPPELOUP libéré, semble fuir au grand galop !
La médiation comme une révélation …
Pierre DURAND sombre alors dans une profonde et douloureuse dépression. Les interprétations scientistes vont bon train : « Je lui ai demandé trop d’effort en début de parcours pour sécuriser chaque saut. J’ai trop relâché à l’approche, la foulée était trop longue ! ». La remise en question est totale et il envisage de tout arrêter ! Mais la reconstruction de Pierre n’utilisera pas les projections vectorielles décrivant l’équilibre du cheval au galop ! Il avancera sur un autre chemin … Quand, il demande à Sarah de reprendre du service, c’est un électrochoc : « Vous ne connaissez rien au chevaux ! Vous n’avez pas passé 5 minutes avec lui dans son boxe ! Il n’a pas confiance ! C’est pour ça qu’il s’arrête ! ». Le « BAC + », le « CSP + » est secoué, collé au mur par « la petite fille de Gitan » ! Pour reprendre la route, un contrat tacite s’instaure.
LE CHEVAL N’EST PAS UNE PROJECTION VECTORIELLE MAIS UNE EPONGE A EMOTIONS
Pierre se pose, se consacre uniquement à son sport et à son cheval. Sarah lui apprend à s’en occuper, à l’écouter et à percevoir ses émotions ! Avec bienveillance, au contact de ses deux enseignants, le maitre devient l’élève … et progresse ! Un cheval, un soignant et un soigné, voilà qui ressemble à une équipe de médiation équine ! Sarah dans le film, Florence dans la vraie vie … TONDEUR DE RETZ dans le film, JAPPELOUP dans la vraie vie … ont unis leur effort pour redonner la joie de vivre et le succès à Guillaume CANET et à Pierre DURAND ! Une belle histoire de médiation équine au bénéfice de l’équitation … et de l’Homme !
Médiation, méditation, équitation !
Tous ceux qui montent à cheval sont invités à tirer les leçons de cette jolie fable authentique ! Bien-sûr, elle peut bénéficier à la performance du couple et à son harmonie. Elle peut surtout profiter au bien-être de chacun. Comment faire en pratique ? Certains se gaussent déjà des nattes nouées sur les crins et de l’onguent posé sur les sabots par les cavalières ! Mais aux dires des experts en médiation équine, c’est un bon début … mais ni nécessaire, ni suffisant ! Les plus grands médecins spécialistes de pleine conscience vous parlent d’instant présent, de langage du corps et de nature ! Ils vous suggèrent même de méditer en marchant ! Le cavalier dispose de la médiation équine, du cheval et de l’équitation … Essayez d’arriver un peu en avance, couper votre portable. Sentez et savourez l’odeur du foin, écoutez le cliquetis des fer sur les pavés … et peut-être ce renâclement au loin qui salue votre arrivée dans l’écurie. Regardez votre cheval, il est magnifique ! Engagez la conversation, parlez-lui, papouillez-le, sentez son souffle chaud dans votre cou, vérifier s’il va bien tout simplement … commencer à faire l’éponge à émotion.
GESTE, SOUFFLE ET SENSIBILITE FUSIONNENT POUR PLUS D’EMPATHIE ET DE COMPLICITE
Accueillez son message corporel pour mieux écouter le votre à ce moment de votre vie. En selle, cette complicité charnelle parvient parfois à s’amplifier, jusqu’à rentrer en phase. Votre appareil locomoteur, votre souffle, vos sensibilités fusionnent ! Les plus complices accèdent à l’empathie dans les périodes difficiles ou au bonheur tendre et chaleureux quand tout va mieux pour les deux … Aux risques de s’attirer les foudres des adaptes de l’égalité, certains psychologues pensent que les filles sont plus douées ! Plus sensibles, moins techniciennes disent les poncifs, elles perçoivent mieux le langage non verbal de l’animal ! … C’est probable ! 85% des cavaliers sont des cavalières et les hommes de chevaux sont plus souvent des femmes ! Pour illustrer ce concept avec plus de rigueur 😊, il me revient une véritable anecdote statistiquement significative 😊 ! Passionné de médecine du sport, je terminais mes articles planqué sur la parking du centre équestre. Je disposais encore d’un bon quart d’heure car je savais que mon épouse allait longuement câliner son cheval ! A son appel, je sortais, je bridais, je sellais, je partais monter ! A l’occasion d’un barbecue convivial organisé par le club, je m’avance pour faire la bise à Sylvie, une jolie cavalière dont le cheval logeait à coté du mien. Je sens comme un bref mouvement de recul … puis elle me sourit et se rapproche : « Désolé Stéphane, je ne t’avais pas reconnu … je ne te voyais qu’avec ton casque, tes lunettes de sport et ton airbag ! » 😊 Bref, après 40 d’équitation, j’étais un peu cavalier … et pas du tout homme de cheval ! Sylvie fut un peu ma Sarah … Mon épouse et NOUFY … une fille aussi 😊 … ont pris le relais pour me faire avancer !
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