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LA LUXATION D’EPAULE

Ce traumatisme n’arrive pas qu’à Josiane Balasko dans les bronzés. C’est un grand classique du ski ! Explications et traitement … sans le coup de bâton sur la tête !


Par le docteur Stéphane Cascua, médecin du sport

Rédacteur en chef de www.docdusport.com


L’épaule est devenue très mobile il y a 6 millions d’années, lorsque nous nous sommes transformés en bipèdes. Ainsi, nous avons pu manipuler l’outil et lancer la sagaie : un vrai cercle vertueux mécanique et cognitif ! Malheureusement, nous l’avons payé au prix de l’instabilité ! L’humérus, l’os du bras, est surplombé d’une sphère. Cette dernière entre au contact de l’omoplate sur une surface quasi plate appelée glène. Les anatomistes comparent cette articulation à un ballon posée sur une assiette plate. Une petite bouée nommée labrum tente d’améliorer l’emboitement … et les enseignants filent la métaphore en parlant d’assiette à soupe. Bref rien de miraculeux ! L’épaule est l’articulation du corps qui se luxe le plus facilement !





Que s’est-il passé ?


La chute vers l’avant, bras en croix, constitue le mécanisme de luxation le plus fréquent aux sports d’hiver. Dans ces circonstances, le coude part en arrière et l’autre extrémité de l’humérus file en avant. Sa tête déchire le sac articulaire, ébrèche le labrum et sort de l’articulation ! C’est la luxation antérieure ! D’autres traumatismes provoquent cette blessure mais ils sont plus rares. Ce peut-être un impact direct sur l’épaule ou une chute en arrière sur la main qui fait pistonner l’humérus jusqu’au déboitement. La douleur est violente et croissante. L’impotence est complète et la descente en barquette est indispensable. Rassurez-vous, les beaux garçons en rouge ont habituellement un meilleur sens de l’orientation que Thierry Lhermitte ! Ils vous amènent rapidement au centre médical de la station


Un diagnostic pas si facile !


Au sport d’hiver, les docs du sport ont l’habitude de la luxation d’épaule. Le blessé tient son côté blessé avec l’autre main. Le galbe de l’épaule a disparu et le buste semble plus étroit. Cependant, la prudence et des radios s’imposent ! D’autres diagnostics sont envisageables et ne toléreraient pas les réductions intempestives à la mode Christian Clavier ! Il peut s’agir de fractures de l’humérus, de l’omoplate, de la clavicule ou d’entorses graves entre l’omoplate de la clavicule. Au-delà de ces diagnostics différents, il faut d’emblée évoquer des lésions associées. Il est indispensable de contrôler le nerf de l’épaule appelé axillaire. Il est parfois violemment étiré. Le blessé perd la sensibilité de l’épaule et surtout l’action de deltoïde. Il ne peut plus lever le bras pendant plusieurs mois … et parfois définitivement. Il est impératif de le prévenir … même si le traitement consiste essentiellement à patienter ! De temps à autre, lors du traumatisme, la glène scalpe la tête de l’humérus et fracture un petit relief appelé trochiter. Chez les plus de 50 ans, il arrive que les tendons qui entourent l’extrémité supérieure de l’os du bras se déchirent à l’occasion de la luxation. On parle de rupture de coiffe associée.


Réduction de la luxation et traitement


La manœuvre permettant de remboiter l’épaule est bien connue des urgentistes. Elle est relativement simple après une radio confirmant cette lésion sans autre complication. Elle devient plus compliquée à distance du traumatisme, lorsque le transfert et la prise en charge ont été compliqué et que les douleurs ont envahi le skieur. Dans ces circonstances, une anesthésie gazeuse et légère est nécessaire. Plus rarement, il faut endormir complètement le blessé.





A l’issue, il est d’usage de proposer une immobilisation coude au corps pendant 3 semaines. Certains protocoles sont plus conciliant et privilégient une rééducation quasi immédiate. Quoi qu’il en soit de la kinésithérapie précoce s’impose. Même avec le bras en écharpe, il est confortable de masser les cervicales et la chappe de l’épaule. Il est très intéressant de travailler la posture et d’entretenir les muscles contre des résistances statiques, sans faire bouger l’articulation. On parle de travail isométrique. A l’ablation du gilet, votre thérapeute vous aide à retrouver vos amplitudes gestuelles. Surtout, il redonne de la force, de l’endurance et de la coordination aux muscles qui stabilisent votre épaule. Six à douze semaines après votre traumatisme, vous pourrez reprendre les sports de votre choix. Mais attention ! Vous devrez poursuivre la musculation stable et instable jusqu’à 112 ans … En effet, la principale complication de la luxation de l’épaule, c’est la récidive !


LA CHIRURGIE PARFOIS


En théorie, une intervention est nécessaire à partir de la troisième luxation. Dans ces circonstances, on considère que les lésions sont telles qu’il existe une brèche béante sur la route de la luxation. On parle de poche de Broca. Cette indication est encore plus justifiée quand vous pratiquez des sports dangereux où une luxation possible engagerait votre pronostic vital, on peut citer l’escalade en haute montagne ou le surf. Parfois, il est même envisageable d’opérer dès la première luxation. C’est le cas si vous avez moins de 20 ans car les études montrent que la récidive est inévitable ! C’est aussi conseillé si vous pratiquez à très haut niveau des sports avec impacts, typiquement le rugby.


La technique chirurgicale consiste alors à mettre une butée osseuse affleurant la glène à l’endroit où sort la tête humérale. Elle est fixée avec une petite vis. Cette portion d’os est prélevée sur l’omoplate et elle n’est décalée que de quelques centimètres. Le biceps qui s’y accroche est laissé en place. Ce muscle et son tendon forment alors un hamac sous l’articulation qui améliore encore sa stabilité. Après ce geste, l’épaule est immobilisée 3 à 4 semaines. La reprise du sport se fait après rééducation et consolidation de la jonction osseuse, c’est-à-dire à 3 mois environ.

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