Par le docteur Stéphane CASCUA, Médecin du sport
Julien a 38 ans. Il est ingénieur informatique. Il fait du running et un peu de triathlon. L’an dernier, il a couru un semi en 1H35. Cette année, il voulait cocher la case du marathon. Plein d’enthousiasme face à ce nouveau projet, il a englouti un peu trop de kilomètres, un peu trop vite … Ce qui devait arriver arriva ! Il s’est blessé : une périostite des deux tibias. Rien de grave mais des douleurs gênantes à la course.
Le Doc : Alors Julien ! Où en êtes-vous ?
Julien : Mon généraliste m’a prescrit une IRM qui a fait le diagnostic. Il m’a fait une ordonnance de rééducation. J’ai trouvé un kiné du sport qui a bénéficié de la formation de la « clinique du coureur ». Cependant, je vous consulte car j’ai lu vos avis Google et votre site internet. J’ai compris que vous connaissiez bien la course à pied. Je voudrais votre avis. Je souhaiterais peaufiner mon programme …
Le Doc : Vous avez déjà bien avancé. Votre médecin traitant n’a pas tergiversé pour vous programmer une IRM. C’est opportun afin de confirmer et quantifier les lésions … notamment pour faire le différence entre une périostite et une fracture de fatigue. En cas de périostite, il est possible et même vivement de continuer à courir. En cas de fracture de fatigue, il est quand même préférable de faire un petit break et de garder la forme avec des activités cardio sans impact.
Julien : Et, la « La clinique du coureur », qu’en pensez-vous ? C’est une bonne méthode de prise en charge ?
« LA CLINIQUE DU COUREUR » : DE BONS CONCEPTS PREVENTIFS ET REEDUCATIFS
Le Doc : « La clinique du coureur » propose de bons concepts préventifs et rééducatifs. Réapprendre à courir en tonifiant et en amortissant vos appuis constitue une bonne piste en cas de périostite. En effet, cette blessure est favorisée par l’onde choc de la réception mais aussi par la torsion de votre tibia quand vous vous écrasez en pronation.
Julien : Oh là, c’est vrai ! Je fais plein d’éducatifs pour attaquer avant pied … j’ai les mollets qui bossent et qui font mal. Et, pendant mes séances d’entraînement, pour ne surmener ni mes mollets ni mes tibias, je dois alterner marche et course dans le cadre d’un protocole très rigoureux. En toute honnêteté, ces sessions de marche me gonflent et je sens bien que je perds toute ma condition physique …
« LA CLINIQUE DU CROISEUR » : AUCUNE SESSION DE MARCHE ENNUYEUSE
Le Doc : Mais vous faites du vélo ? Vous allez nager ? Vous pratiquez le cardiotraining en salle ?
Julien : Eh non ! On ne m’en a pas parlé … je croyais qu’il fallait que je me contente du programme pour optimiser ma cicatrisation …
Le Doc : Aïe ! Ça c’est un souci ! C’est vrai, à « La clinique du coureur », ils sont un peu monomaniaques de la course. Bien sûr, vous pouvez poursuivre des activités d’endurance sans impacts. Pour la majorité des blessures du coureur, cette stratégie indispensable afin de garder la forme et revenir plus vite. Conserver voire améliorer votre condition physique, se révèle essentiel pour renouer avec un foulée tonique, pour ne pas vous effondrez en pronation en fin de parcours, pour ne pas récidiver ! En plus, riche de votre culture triathlètique, ce type de programme ne vous posera aucun problème. D’ailleurs, les triathlètes ont montré, sur le terrain, l’intérêt de ces transferts de condition physique. De fait, pour mes patients, je suis plutôt adepte de la « Clinique du croiseur » 😊 … ça marche très bien !
« LA CLINIQUE DU CROISEUR » : DU CARDIO SANS IMPACT POUR GARDER LA FORME ET PROGRESSER
Julien : Alors que me proposez-vous ?
Le Doc : Retournez à la piscine ! sans appui, vous n’aurez aucune douleur. Mettez parfois des palmes pour faire travailler les cuisses. Bien-sûr faites du vélo. Là encore, pas d’impact, pas de freinage, pas de douleur ! Home trainer pour des fractionnés structurés, sorties longues pour l’endurance. Passez souvent en danseuse. Votre geste ressemble plus à la course et le maintien du cintre constitue un véritable exercice de gainage.
« LA CLINIQUE DU CROISEUR » : DU VELO, DE L’ELLIPTIQUE, ETC.
Julien : Je peux aussi profiter de mon inscription en salle ?
Le Doc : Evidemment, la salle de sport est faite pour vous ! L’elliptique est vraiment l’appareil à privilégier. Le mouvement est proche de la course et le transfert des acquis est évident. En engageant les bras, vous sollicitez vos abdos obliques, vous mobilisez harmonieusement votre bassin, vous réalisez un véritable gainage dynamique ! Encore une qualité qui stabilisera vos appuis en courant et réduira les torsions et les impacts sur vos tibias !
« LA CLINIQUE DU CROISEUR » : DES FRACTIONNES EN SALLE, DE L’ENDURANCE DANS LA NATURE …
Julien : Puis-je aussi faire de la musculation ?
Le Doc : Là encore, le renforcement musculaire est le bienvenu ! Il est vrai que l’absence de freinage à la réception altère la spécificité du cardiotraining sans impact. Voilà qui pourrait provoquer des courbatures et un manque de contrôle des appuis. Heureusement, la musculation permet de ralentir le retour de la charge et bosser ce qu’on appelle la contraction excentrique. Vous comprenez aisément que les appareils proposant des exercices sans appuis ne malmènent pas votre tibia. Vous connaissez ces machines dites « en chaine ouverte ». Alors que vous poussez sur des rondins et des plaques molletonnées, elles sollicitent les quadriceps, les ischios, les adducteurs et les abducteurs.
« LA CLINIQUE DU CROISEUR » : DE LA MUSCU POUR PROGRESSER
Même la presse participe à votre entretien physique et vos progrès. Pour une spécificité running, faites cet exercice sur une jambe puis sur l’autre : nous ne sommes pas de kangourous ! Horizontalisez le dossier. Ne pliez pas le genou à plus de 45°. Et surtout, gainez votre membres inférieurs. Hanche, genou et pied doivent rester alignés. Ainsi vous apprendrez à contrôler votre pronation. Pour tous ces exercices, optez pour des séries longues et des charges légères, environ 30 à 40 répétitions jusqu’à l’échec … et même 70 à 80 si vous ne voulez pas prendre de masse du tout ! Vous boosterez vraiment votre endurance musculaire ! Et, une seule série suffit pour créer l’adaptation ! C’est démontré ! Encore, une astuce pour la presse ! Vous pouvez renouer avec la pliométrie avec une charge bien inférieure au poids de corps. Avec une charge croissante, vous lancez la plaque et vous amortissez la réception en gardant toute les articulations sur le même axe. Super rééducation !
Julien : C’est super ! Je peux même progresser pendant ma blessure ! C’est plus intéressant que d’alterner marche et course !
Le Doc : La blessure est souvent une opportunité pour faire de la préparation physique, découvrir des exercices, peaufiner son entraînement croisé … et apprendre à courir grâce à la « clinique du coureur »
Julien : Mais selon vos préceptes de la « clinique du croiseur » 😊… quand et comment reprendre la course ?
Le Doc : Ce soir ! C’est vrai pour la périostite comme pour la majorité des blessures : la course à pied reste la meilleure rééducation à la course à pied ! Le concept est en phase avec celui de la « clinique du coureur » mais le protocole est différent ! Il met un point d’honneur à vous faire garder la forme ! Vous cochez la case cardio à la piscine, à vélo ou sur elliptique … et vous trottinez à l’occasion du retour au calme. Vous augmentez peu à la durée. Par exemple, vous courez 2 à 3 minutes et vous ajoutez 2 à 3 minutes à chaque entraînement. Bien sûr, la durée est à privilégier sur le vitesse pour se forger un appareil locomoteur solide. En salle, on peut même profiter d’une astuce pour réduire l’onde de choc à la réception : Vous mettez un peu de pente ! Et, il n’y aura pas descente pour secouer votre tibia !
Julien : Et je dois toujours travailler ma foulée avant-pied ?
Le Doc : En rééducation, avec vos kinés de « La clinique du coureur », c’est une bonne idée. Mais lors de vos petits joggings de « la clinique du croiseur », pour ne pas martyriser vos mollets et vos avant-pieds, contentez-vous d’une attaque medio-pied : pied à plat à la verticale du buste, amplitude réduite, fréquence augmentée, « sol qui brûle » et silence 😊 ! je suis même pour des chaussures anti-pronations voire des semelles anti-pronations … provisoires ! Lorsque votre foulée sera plus tonique, vous pourrez vous passer des unes puis des autres. En attendant, vous ne déconditionnez pas ! Vos tendons et vos muscles restent adaptés aux sollicitations de pliométriques, à savoir le freinage de la réception et la relance. De la même manière, ces contraintes progressives guident la consolidation de l’os et l’orientation des fibres du périoste. En cela, « La clinique du croiseur » s’accorde parfaitement avec la « clinique du coureur » 😊 ! Mais la première revendique de vrais petits footings … et pas de marche chronophage, remplacée par de vraie séances de cardio !
Julien : Si je comprends bien, je bosse la technique de ma foulée avec « La clinique du coureur » et je garde la forme et le moral avec la « clinique du croiseur » ! Et les deux m’aident à consolider mon périoste et contribuent à éviter la récidive !
Le Doc : Bonne synthèse Julien ! je vais vous concocter tout ça !
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