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L’AUTRE ENTORSE DE CHEVILLE

Dernière mise à jour : 24 mars 2023

Attention à la confusion ! Votre cheville bascule et se blesse parfois dans le sens inhabituel. Les lésions sont différentes. On parle d’entorse de la syndesmose ou péronéo-tibiale inférieure. Un traitement spécifique s’impose sous peine d’évolution longue et parfois de séquelles.


Par le Docteur Stéphane CASCUA. Médecine et Traumatologie du sport.

Il y a 3 mois, Pierre s’est tordu la cheville droite lors d’un match de foot et il souffre toujours. Un adversaire l’a taclé et son articulation a basculé vers la gauche … On lui a mis une attelle et il a fait quelques séances de kiné. Il a longtemps eu des douleurs en marchant même quand son pied restait dans l’axe. 6 semaines plus tard, en courant aussi, il ne sentait pas bien, surtout en tournant à droite. Aujourd’hui la gêne persiste et frapper de l’intérieur du pied provoque encore une décharge qui remonte vers la jambe. Pierre n’a pas été victime d’une entorse banale des ligaments externes de la cheville mais d’une déchirure reliant le tibia et le péroné. Son traitement n’était pas adapté. En plus des douleurs qui n’en finissent pas, il risque d’user définitivement son articulation.




Des lésions inhabituelles et des complications !


L’os de la cheville porte le nom d’astragale. Il est pris en pince entre les 2 os de la jambe, le tibia et le péroné. Le premier est plus volumineux et transmet le poids du corps. Le second est plus fin, descend plus bas et serre la mortaise articulaire. Ainsi, quand la cheville se tord, elle bascule plus volontiers vers le tibia et les ligaments externes sont brusquement étirés. C’est l’entorse banale. Le mécanisme inverse est plus rare mais possible. C’est notamment le cas quand le sportif met le pied dans un trou ou pire encore lorsqu’il prend un choc sur la face externe de la jambe comme Pierre. Dans ces circonstances l’astragale pousse sur le péroné qui s’écarte du tibia. Les ligaments et la grosse membrane qui les relient se déchirent. Si le traitement n’est pas approprié. Si le blessé n’est pas immobilisé de façon rigoureuse, s’il continu à marcher en s’appuyant sur sa jambe, les 2 os vont s’éloigner, les ligaments ne vont pas cicatriser, la pince articulaire va rester ouverte. Dans les suites, l’astragale ballote et se cogne. La course, les appuis, les pivots et les frappes restent douloureux. Le cartilage, la substance lisse qui recouvre les os au niveau des articulations, risque de s’user. L’arthrose de cheville menace !


Ne jamais confondre !


La mésaventure de Pierre est tout à fait caractéristique. Elle vous rappelle peut-être votre histoire … Lorsque votre médecin du sport vous interroge, il vous demande de décrire le mouvement traumatisant. Le contexte est alors très évocateur d’une torsion dans le sens inhabituel. Le plus souvent, il est impossible de reprendre la séance. Malgré des lésions potentiellement invalidantes, votre cheville gonfle moins que dans l’entorse traditionnelle. Les dégâts sont plus profonds, plus éloignés de la peau. Étonnamment, quand votre médecin bascule votre pied vers l’intérieur, comme dans l’entorse banale, vous n’avez pas mal ! Lorsqu’il le fait tourner vers l’extérieur vous hurlez ! Au moment où il appui sur votre cheville, il constate que votre douleur se situe 1 à 2 centimètres au-dessus de l’emplacement classique, plutôt en avant du péroné. Souvent, elle remonte, le long de la jambe : la déchirure du petit ligament antérieur et aggravée d’une lésion de la grosse membrane rigide rejoignant le péroné et le tibia. A la radio, on visualise parfois un léger écartement des 2 os de la jambe. A l’échographie, on voit le ligament « péronéo-tibial inférieur » abîmé alors que l’externe est normal. Sur l’IRM, on constate aisément la rupture de la « membrane interosseuse ».


Un traitement spécifique s’impose !


Afin de permettre la cicatrisation de ces structures, il est vivement conseillé de porter une botte en résine. Quand la lésion n’est pas trop grave, elle peut être courte et s’arrêter sous le relief du mollet. Cette immobilisation stricte peut ne durer qu’une dizaine de jours. En revanche, il faut éviter d’appuyer pour ne pas ouvrir la pince des 2 os sous l’influence du poids. Lorsque les dégâts sont plus importants, la résine doit être conservée 6 semaines. De surcroît, le pied peut être fixé en position légèrement tombante par rapport à la jambe. Dans cette attitude, la portion de l’astragale située entre les 2os de la jambe est plus étroite. Cette astuce favorise le resserrement de votre mortaise articulaire et vous dissuade de l’appui ! Parfois l’écartement est si important qu’une intervention doit précéder l’immobilisation. La membrane et le ligament ne sont pas suturés, mais une vis rapproche le péroné et le tibia. 6 semaines plus tard, quand les tissus sont cicatrisés, elle est enlevée en même temps que la résine.


Garder la forme et se rééduquer.


La durée des étapes proposées varie en fonction de la gravité des lésions mais la succession est toujours identique. La reprise du sport avec pivots a lieu de 15 jours à 2,5 mois après le traumatisme. Votre médecin du sport vous donnera le tempo. Alors que vous portez la résine, gardez en éveil votre coordination : assis sur une chaise, posez votre pied sur un ballon et bougez-le en tous sens. Faites de la musculation. Renforcez les bras bien sûr mais aussi les jambes ! De nombreux appareils ou des élastiques permettent de travailler sans appuyer les pieds. Pour entretenir l’endurance, n’oubliez pas les parcours de musculation. Enchaînez les séries longues de 30 à 40 répétitions en soulevant des charges légères. Ne faites pas de pause mais changez d’exercice. Le top consiste à disposer d’un vélo à bras avec lequel on peut atteindre environ 70% de sa puissance cardiaque. Très vite, vous pouvez pédaler avec les jambes, même avec votre pied légèrement incliné. Souvent, vous pouvez commencer immédiatement, plus rarement vous devez patienter 3 petites semaines. A vélo, les pressions sur la cheville sont inférieures au poids du corps. Avec les appareils à dossier dits « semi-couché», le poids de la jambe ne repose même pas sur la pédale. Sur les vélos traditionnels, c’est le cas et la pression augmente avec la résistance. Le travail en danseuse représente un bon intermédiaire avec la reprise d’appui. A l’ablation de la résine, votre kinésithérapeute assouplit votre cheville. Cette fois votre pied doit pouvoir remonter vers la jambe et retrouver son mouvement naturel. Alors, peu à peu, vous renouez avec le trottinement. En rééducation, vous validez progressivement des exercices de coordination de difficulté croissante. Sur le terrain, vous pouvez reprendre le travail d’appui et les changements de directions. Avec votre ballon de foot, jonglez, faites des passes puis des transversales. Vous n’avez pas de douleurs ! Ce n’est pas un miracle, vous avez juste bien soigné votre entorse « péronéo-tibiale inférieure ».


LÉGENDES DESSINS


L’entorse par écartement du péroné et du tibia dite « péronéo-tibiale inférieure »

1 / membrane rigide reliant le péroné et le tibia dite « interosseuse »

2 / ligament reliant le bas tibia et le bas péroné dit «péronéo-tibiale inférieure »

























L’entorse de cheville habituelle

3 / Ligament externe de cheville





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