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DOULEUR D’ENTRAINEMENT OU BLESSURE ?

  • secretariatdocteur4
  • 30 mars
  • 4 min de lecture

Par le docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport

 

Il vous arrive d’avoir mal pendant votre sport ! Que faire ? Vous arrêtez par prudence à la moindre gène ? Insistez quitte à aggraver une lésion ? Essayons d’y voir plus claire !



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Bien évidemment, la douleur a été sélectionnée par l’évolution pour protéger l’animal et favoriser sa survie. La brûlure au-dessus de la flamme provoque le retrait rapide de la main. La souffrance après fracture de jambe incite à ne pas prendre appui jusqu’à consolidation. Pourtant bon nombre de sensations désagréables provenant de l’appareil locomoteur caractérise une sollicitation source d’adaptation et de progression.

 

VOTRE CORPS PARLE POUR VOUS INFORMER D’UNE LESION … OU D’UNE SOLLICITATION SOURCE D’ADAPTATION

 

On pense bien-sûr aux muscles qui chauffent lors du renfo, aux tensions pendant les étirements et aux lourdeurs de jambes en fin de trail ou de cyclo. Mais au-delà des perceptions musculaires, existe-il des gènes locomotrices à traiter par le mépris, à négliger ou à surveiller ?

 

Une gêne pour éviter le déconditionnement !

 

Exemple : si vous présentez une périostite, la fameuse inflammation de la membrane entourant votre tibia, vous avez mal à la jambe pendant la course. Vous êtes tenté d’arrêter pour laisser vos tissus cicatriser et consolider. Malheureusement, il s’agit d’une blessure par manque d’adaptation tissulaire. Le repos ne fera qu’aggraver votre déconditionnement et la fragilité globale de votre squelette.

 

L’ARRET COMPLET DESADAPTE LE CORPS ET FAVORISE LA SPIRALE DE LA BLESSURE

 

A la reprise vous risquez une autre blessure … pourquoi pas une fracture de fatigue. De fait, éviter le déconditionnement global constitue l’une des indications essentielles de la poursuite d’activité malgré une gêne ! C’est ainsi que vous pourrez renouer avec le sport sans entrer dans la spiral des blessures. Le plus souvent, la méthode consiste à garder la forme avec des activités mécaniquement moins contraignantes. On utilise classiquement le vélo, la natation, la marche nordique ou le cardio en salle et la musculation. On complète avec la discipline spécifique, course, raquette ou ballon, en taquinant le seuil douloureux. Au-delà de préserver l’adaptation de tous les tissus, ce type de sollicitations contribue à guider la cicatrisation de la blessure dans l’axe des contraintes. Un vrai gage de solidité pour éviter la récidive !

 

Une gêne pour favoriser l’adaptation !  

 

Le corps gère les urgences ! Une déchirure, une fissure, une fracture et l’organisme comble le vide avec du sang, une croute puis un noyaux fibreux. Ces derniers sont identiques dans tous les tissus et enchevêtrés. Si vous optez pour le repos strict, la cicatrice se transforme en magma anarchique comparable à une balafre cutanée, fragile comme une gerçure qui se déchire à la moindre remise en tension. A l’inverse, il faut proposer à cette zone lésée un climat biologique spécifique du futur tissu pour différencier les cellules souches arrivées sur le site.

 

SOUVENT DES CONTRAINTES MECANIQUES AU VOISINAGE DE LA DOULEUR GUIDENT LA CICATRISATION

 

Il est nécessaire d’exercer des sollicitations mécaniques bien dosées pour orienter les fibres dans l’axe de contrainte sans aggraver la blessure. La poursuite de l’activité au voisinage du seuil douloureux constitue une bonne stratégie. Une petite douleur est possible le matin et à l’échauffement. En effet, à la faveur de l’inflammation nocturne et de l’immobilité, un emballement cicatriciel s’est enclenché. Tout a collé ! Le tissu abîmé s’est en partie reconstitué mais on constate aussi l’apparition de micro adhérences anarchiques sur les plans de glissement voisins. Une remise en mouvement progressive libérera ces petites fibroses sans dégrader les bonnes réparations. Dans ces conditions, les douleurs s’apaiseront rapidement après la remise en fonction.  Au-delà, une gêne est possible mais la boiterie reste interdite … Si, vous avez bien placé la curseur, l’articulation ne gonfle pas, la douleur disparaît rapidement après la séance. Dans le cas contraire, attendez d’avoir récupéré au quotidien puis reprenez moins intensément et moins longtemps. Bien-sûr, n’oubliez pas l’entraînement croisé pour garder la forme cardiovasculaire et métabolique avec moins de contraintes locomotrices.

 

Une gêne pour prévenir d’une lésion !

 

Parfois, la douleur devient un véritable message protecteur et vous suggère de la respecter ! Dans ce contexte, elle est souvent présente au repos et se prolonge au-delà du dérouillage matinal. Elle ne cède pas après 5 à 10 minutes d’échauffement progressif. Pire, elle augmente tout au long de la séance, provoque une boiterie et impose l’arrêt de l’activité. Elle ne disparait pas à l’arrêt de l’effort voire augmente à froid ! La zone sensible présente un aspect anormal. Elle est chaude, gonflée, rouge ou bleutée.

 

UNE DOULEUR QUI PERSISTE APRES L’ECHAUFFEMENT, AUGMENTE PENDANT LA SEANCE ET S’INTENSIFIE A FROID ORIENTE VERS UNE VRAIE BLESSURE

 

Cette fois, la prudence s’impose et l’avis d’un médecin du sport est indispensable. Un entretien exhaustif, un examen clinique consciencieux et souvent un bilan d’imagerie se révèlent incontournables. C’est en déployant cette expertise que l’on parvient à différencier avec plus d’exactitude une douleur d’entraînement d’une véritable lésion. Ce n’est pas un hasard si les équipes de sportifs professionnels disposent d’un staff médical au quotidien. Au moindre doute, l’athlète entre dans le bureau du doc qui examine son « bobo » du jour pour le rassurer ou pour adapter son entraînement et enclencher un bilan complet.   

 
 
 

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