DES COMPLEMENTS ALIMENTAIRES POUR VOS BLESSURES ?
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Par le docteur Stéphane CASCUA
Médecin du sport, rédacteur en chef de www.docdusport.com
Collagène, chondroïtine, silicium et les plantes anti-inflammatoires peinent parfois à susciter l’adhésion. Pourtant, dans les études et surtout dans la « vraie vie », les retours sont plutôt satisfaisants. Validation et explications !

Les produits naturels ne bénéficient pas de grosses études pour démontrer leur efficacité. Dans le jargon, on dit que ces publications manquent de « puissance statistique ». De fait, les compléments alimentaires ont des difficultés à emporter l’adhésion du monde scientifique et ne parviennent pas à obtenir un remboursement. Ils sont souvent balayés d’un revers de manche par les médecins qui ne s’y intéressent pas : « ça ne se sert à rien ! » … En effet, ces molécules n’appartiennent à personne ! Elles ne peuvent pas profiter d’un brevet offrant l’exclusivité pendant 20 ans pour amortir la recherche … et ces investissements colossaux profiteraient à la concurrence !
LES COMPLEMENTS NATURELS NE PEUVENT PAS BENEFICIER DE BREVETS TRES LUCRATIFS. ILS NE FONT L’OBJET QUE DE PETITES ETUDES
Sachez que le budget pour valider l’efficacité d’une molécule produite par l’industrie pharmaceutique tourne autour d’un milliard d’euros ! Ce montant inclus la recherche fondamentale notamment celle réalisée à l’aide de puissants modèles informatiques qui étudient l’emboitement d’une multitude de molécules sur des récepteurs biologiques. Il faut y ajouter, les études in vitro, celles dans les tubes à essai, suivies des études in vivo sur l’animal puis l’homme sain et l’homme malade. Le tout multiplié par le nombre de molécule qui finissent par échouer sur ce chemin particulièrement exigeant … Toujours est-il que big pharma continue à explorer les forêts primaires et les abysses afin de découvrir des solutions thérapeutiques … que la nature a déjà trouvées 😊
Le collagène, la fibre universelle du vivant animal !
La protéine la plus abondante du corps humain est le collagène ! Elle représente 30% de notre masse protidique. Elle structure l’ensemble de nos tissus : les os, le cartilage, les tendons, les ligaments, les membranes musculaires, les fascias mais aussi la peau, la paroi des vaisseaux et le socle des cellules. Elle assure un soutien mécanique et la transmission des forces. Sa production, son organisation se révèle essentiel à la cicatrisation. Recourant à une logique de premier degré, les détracteurs des compléments alimentaires n’hésitent pas à mentionner : « C’est une protéine, elle est digérée comme du blanc d’œuf ». C’est mal connaitre le mode d’action des polypeptides de collagène proposés.
LES POLYPEPTIDES DE COLLAGENE MIMENT DES DEGATS TISSULAIRES ET STIMULENT LES CELLULES
En effet, ces derniers sont de petits fragments de cette protéine. Idéalement, ils pèsent environ 2000 daltons. Ils regroupent une vingtaine d’acides aminés qui conservent une séquence spécifique du collagène. Ces petites chaines passent la barrière digestive sans être coupées. Elles circulent dans le sang et viennent au contact des cellules responsables de la construction tissulaire. Ressemblant trait pour trait à des fragments de collagène, elles se comportent comme des marqueurs de destruction de cette protéine ! La cellule réagit en stimulant ces systèmes de production. Bref, les polypeptides de collagène n’agissent pas comme de la matière première mais comme des activateurs de la production ! En langage pharmacologique, on parle d’effet signal ! Des métanalyses … des études sur les études … confirment son intérêt. On pense notamment à celles de Martinez-Puig de 2023 et de Simental-Mendia de 2025. Bien-sûr, il ne s’agit pas d’un miracle thérapeutique mais d’un effet intéressant et significatif qui s’inscrit en synergie avec une prise en charge globale ! Comme j’aime à le préciser à mes patients : « Le collagène constitue un maillon de la chaine d’efficacité ! »
Chondroïtine, glucosamine et acide hyaluronique
La chondroïtine et la glucosamine constituent les chaines de la gélatine des tendons et surtout du cartilage. La chondroïtine est constituée d’un enchaînement de glucose associé à de l’azote, la glucosamine, sur lesquels se fixe un atome de soufre. Ainsi, elle crée un maillage chargé électriquement qui retient les molécules d’eau. Elle constitue un gel visqueux et élastique. Dans le cartilage, il favorise l’amortissement des impacts. Au sein du tendon, il permet aux fibres de glisser et de coulisser sans s’accrocher.
CHONDROITINE : GELATINE DU CARTILAGE
Plus connu en cosmétologie, l’acide hyaluronique structure la peau mais aussi tous les autres tissus conjonctifs. Amarré sur les fibres de collagène, il favorise l’organisation et l’hydratation de la gélatine du cartilage et des tendons. Il permet également la glissement à la surface du cartilage et entre les fibres des tendons. Là encore, les compléments de type chondroïtine et acide hyaluronique agissent par un « effet signal ». Les petits fragments ingérés ressemblent à des déchets qui trompent les cellules, signalent la survenue de dégâts tissulaires et activent les processus de synthèse et de reconstruction.
ACIDE HYALURONIQUE : LUBRIFIANT DU CARTILAGE ET DES TENDONS
Les études validant l’opportunité de ces molécules pour soulager l’appareil locomoteur sont nombreuses. Elles indiquent des effets modestes mais significatifs et additifs qui s’intègrent à la synergie de la prise en charge biologique et biomécanique.
Les anti-inflammatoires issus de la nature
L’inflammation post-traumatique est bénéfique. Elle enclenche le nettoyage des débris et initie les processus de cicatrisation. Sur des lésions chroniques et particulièrement sur les tissus à faible potentiel de réparation, elle se révèle rapidement délétère. Elle poursuit sa mission de digestion qui s’étend jusqu’aux zones saines. Elle laisse perdurer un fond douloureux qui altère la fonction articulaire bénéfique ! Les plantes régulent leurs propres phénomènes inflammatoires.
LES PLANTES AGISSENT A DES NIVEAUX DIFFERENTS DE LA CASCADE INFLAMMATOIRE
L’aspirine porte aussi le nom d’acide acétylsalicylique … qui vient du saule comme son étymologie l’indique. Les plantes et leurs nombreux principes actifs agissent sur des branches différentes et à plusieurs niveaux de la cascade inflammatoire. De fait, leur association se révèle souvent synergique ! Elles parviennent ainsi à limiter la synthèse des protéines ou des graisses pro inflammatoires, à réduire leur activité sur l’articulation, à freiner leur message douloureux et à ralentir leur action destructrice. De fait, en se fondant sur des modes d’action complémentaire, le cocktail le plus efficace pourrait ressembler à une association de curcumine, boswellia, harpagophytum et gingembre.
CURCUMINE, BOSWELLIA, HARPAGOPHYTUM ET GINGEMBRE : LE COCKTAIL LE PLUS SYNERGIQUE
La bromélaïne est une plante contenant des enzymes qui digèrent certaines protéines. En aigu, elle accélère la destruction des déchets notamment issus de la coagulation. De fait, elles limitent l’implication de l’inflammation dans le processus de nettoyage. Au-delà, elles dégradent les récepteurs membranaires qui favorisent l’accrochage des globules blancs pro inflammatoires sur les lésions. Cependant, ces plantes et particulièrement la curcumine sont à utiliser avec prudence en cas de traitement anticoagulant ou de calculs biliaires. Elles induisent la production d’enzymes hépatiques de détoxification et favorisent l’élimination trop rapide de certains médicaments. Mais, contrairement aux anti-inflammatoires industriels, elles ne provoquent de brûlure digestive.
LES OMEGAS 3 EPA DHA FAVORISENT LA PRODUCTION DE MEDIATEURS MOINS INFLAMMATOIRES
Au sommet de la cascade inflammatoire, la nature pourrait également nous proposer de modifier les substrats afin qu’il soit moins agressifs. Ainsi, il serait pertinent d’enrichir nos membranes cellulaires en acides gras oméga 3 aux dépens des oméga 6. De fait, une complémentation en DHA et EPA contribue progressivement à apaiser l’inflammation chronique.
Simental‑Mendía et al. (2025) — Systematic review & meta‑analysis on knee osteoarthritis and collagen supplements
Martínez‑Puig et al. (2023) — Collagen Supplementation for Joint Health
Eleyson et al. (2025)The Safety and Efficacy of Glucosamine and/or Chondroitin in Humans — Systematic Review
Kawasaki, T., Ogasawara, T., Kamei, M., et al. (2021). Oral administration of low-molecular-weight hyaluronic acid improves knee osteoarthritis symptoms: a randomized, double-blind, placebo-controlled study.
Quarta, A., Russo, D., D’Angelo, S., et al. (2022). Anti-inflammatory and anti-angiogenic effects of a multi-component natural product containing Harpagophytum procumbens, Boswellia serrata, Curcuma longa, bromelain and escin.
Deng, W., et al. (2023). Effect of omega-3 polyunsaturated fatty acids supplementation in patients with osteoarthritis: a systematic review and meta-analysis.





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