Par le docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport
Rédacteur en chef de www.docdusport.com
La prostate est une glande masculine située sous la vessie. Elle pourrait souffrir lorsqu’elle est longtemps écrasée sur la selle. Quelles conséquences ? Quelle prévention ? Votre doc du sport vous explique.
La prostate est grosse comme une noix. Elle a pour fonction de produire le sperme qui transporte les spermatozoïdes. Elle le stocke puis l’expulse en se contractant lors de l’éjaculation. Ce liquide contient des protéines qui contribuent à sa fluidité appelées PSA pour Antigène Spécifique de la Prostate. Cette molécule est libérée en abondance quand les cellules se multiplient de façon anarchique et son élévation dans le sang peut faire évoquer un cancer de la prostate …

Cancer de la prostate et cyclisme …
Le monde médical s’est interrogé ! La pratique assidu du vélo favorise-telle le cancer de la prostate ? En effet, lorsque le dosage des PSA fut initié afin d’anticiper la diagnostic de cette maladie, il a été constaté que les cyclistes présentaient souvent une concentration sanguine élevée de cette molécule. Mais, ils n’avaient pas de cancer ! En effet, ce marqueur ne fait pas le diagnostic et son interprétation multifactorielle mérite une expertise spécialisée.
MARQUEUR DE CANCER PARFOIS ELEVE … MAIS PAS DE CANCER
Dans ce cas précis, il est hautement probable que la compression rythmée de la prostate au cours du pédalage favorise le passage des PSA dans le sang. Cette notion a été remise en question et il existe de nombreuses études contradictoires. Cependant, pour éviter d’inutiles inquiétudes, un conseil pratique reste valide : ni de vélotaf, ni home-trainer le matin de votre prélèvement sanguin et pas de sortie longue inhabituelle dans la semaine qui précède.
Adénome de la prostate et cyclisme …
L’adénome de la prostate porte aussi le nom d’hyperplasie bénigne de la prostate. Comme son nom l’indique, il s’agit d’un gonflement sans gravité de cette organe. Bien-sûr, on peut penser que les compressions et les frottements inhérents à la pratique du vélo pourraient provoquer un œdème. Cependant, la littérature scientifique ne confirme pas du tout cette hypothèse. Au contraire, la pratique sportive régulière et raisonnable s’intègre à une hygiène de vie protectrice. Certaines études suggèrent même que des rapports sexuels ou des éjaculations trihebdomadaires pourraient contribuer à la prévention des maladies de la prostate.
LE VELO N’AGRAVE PAS LES ADEMONES DE LA PROSTATE
Plusieurs mécanismes sont envisagés. La vidange mécanique contribuerait à la réduction régulière du volume et à l’élimination de cellules anormales. Sans compter que l’entretien de la fonction d’un tissu contribue à sa santé … concept bien connu dans le domaine du sport au sujet du cœur et de l’appareil locomoteur ! Alors, n’hésitez pas à pédaler et à garder la forme ! Cependant, en cas d’adénome de la prostate, la pratique prolongé du cyclisme peut s’avérer inconfortable … et le dernier paragraphe de « chouchoutez votre prostate » vous sera bien utile !
Prostatite et cyclisme …
La prostate c’est l’inflammation voire l’infection de la prostate. Là encore, il existe un débat scientifique quant à l’effet du vélo concernant cette maladie. Vous l’avez compris, écrasement et friction peuvent irriter la prostate. Quand celle-ci est gonflée et empâtée, ses tissus prennent une consistance favorisant la stagnation puis le développement des microbes. Le plus souvent, ils arrivent par voie sanguine … on peut même émettre l’hypothèse d’une transmission locale en franchissant la barrière cutanée.
PROSTATITE ET VELO : LE DEBAT RESTE OUVERT
MAIS ATTENTION A L’HYGIENE MAIS EN ULTRACYCLISME
Quoi qu’il en soit, l’expérience de terrain semble mettre en évidence que les grandes virées sur plusieurs jours associées des conditions d’hygiène précaire favorisent les prostatites ! De plus, sachez que le traitement habituel de ses infections passent par les fluoroquinolones. Il s’agit d’antibiotiques particuliers, spécifiques des germes rencontrés. Ils imposent un arrêt sportif de quelques semaines car ils peuvent provoquer, même à distance, des tendinites ou des ruptures tendineuses. Bref, il faut éviter la prostatite …
Alors comment protéger votre prostate ?
Sans rien changer à votre matériel, pour répartir les zones de compressions et de frottements, pensez à modifier régulièrement l’emplacement de votre bassin sur la selle. Pour y parvenir, variez la position des mains sur le cintre. Mettez-vous, souvent en danseuse. Il a été démontré que cette pratique permettait de revasculariser et de drainer le périnée.
CHANGEMENTS DE POSITION FREQUENTS ET DANSEUSE
Soyez rigoureux quant à votre hygiène, notamment avant les longues sorties : lavage ou désinfection locale, changement systématique de cuissard entre chaque entraînement, utilisation d’une peau de chamois synthétique, ergonomique et dermophile, c’est-à-dire antimicrobienne.
SELLE A ENCOCHE PERINEALE ET BEC INCURVE
Au prix de quelques réglages, n’hésitez pas à remonter un peu le guidon et à incliner légèrement le bec de selle vers le bas. Le choix d’une selle adaptée accroit véritablement le confort de votre prostate. Dans cette optique, la présence d’une encoche périnéale est incontournable. Un modèle un peu large offrant un bons appuis latéraux sur les ischions du bassin réduit d’autant la compression centrale. On peut également opter pour un bec de selle incurvé vers le bas. Les selles SMP répondent volontiers à cette description.
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