Par le docteur Stéphane CASCUA, médecine du sport,
Cet hiver lors d'une banale infection virale, votre mécanique cardiaque peut se gripper. Le traditionnel footing pour « transpirer » n’est pas recommandé ! Soyez prudent !
Le froid venu, vous reconnaissez aisément l'attaque des virus. Le nez coule, la gorge est douloureuse quand vous avalez. Vous êtes fatigué et la fièvre vous gagne. De plus, vous ressentez des courbatures, notamment dans les muscles longeant la colonne vertébrale. Le cœur ou myocarde est un muscle. Il peut lui aussi être atteint par une affection microbienne. L'inflammation du muscle cardiaque s'appelle alors la myocardite.
DES COURBATURES DANS LE DOS ?
VOUS AVEZ LES MÊMES DANS LE CŒUR
Le plus souvent, cette lésion ne provoque aucune douleur dans la poitrine, guérit spontanément et ne présente pas de danger…sauf en cas d'effort violent ! Il en est de même pour la membrane qui entoure le cœur, le péricarde. Lors d'une infection, elle peut réagir en sécrétant un liquide inflammatoire qui recouvre et irrite le cœur, c'est la péricardite. Dans ces circonstances également il faut éviter tous les exercices physiques intenses.
Les "claquages" du muscle cardiaque
Essayez de travailler les sprints avec des courbatures plein les cuisses : vos douleurs limitent votre vitesse et la séance est inutile. Si vous insistez, elle devient dangereuse et vous risquez le claquage musculaire. De la même manière, l'infection rend le cœur fragile. De petits amas de globules blancs sont venus le défendre. Ils se sont immiscés entre les cellules musculaires et les ont partiellement dissociées. Très vite, l'organisme tente de réparer ces lésions.
DES CICATRICES CARDIAQUES POUR LA VIE ENTIERE
Pour cela, il réquisitionne des cellules amenées par le sang: les fibroblastes. Ces derniers participent à la cicatrisation mais ne savent pas construire de tissu musculaire. Comme leur nom l'indique, ils ne produisent qu'un tissu fibreux beaucoup moins élastique que le muscle…inadapté au fonctionnement du cœur !
La crampe qui tourne au drame
Les amas de globules blancs et les noyaux cicatriciels perturbent le fonctionnement du cœur. Ils altèrent la conduction de l’influx électrique ordonnant la contraction. Le courant les contourne en passant à travers les cellules environnantes. Pendant l'effort intense, le muscle cardiaque, excité par les hormones du stress, devient particulièrement sensible. Il arrive que l’influx tourne sans cesse autour de la cicatrice et relance la contraction en tous sens à un rythme effréné.
FIEVRE, CRAMPE DU CŒUR ET MORT SUBITE
Au lieu de se contracter simultanément grâce à un ordre unique, les faisceaux musculaires se contractent anarchiquement. En un mot, la machine s'affole : c'est la tachycardie ventriculaire. Parfois, le processus s'aggrave encore : chaque cellule finit par se contracter de façon totalement indépendante. Au lieu de comprimer et d'éjecter le sang, le cœur se met à vibrer de façon désordonné : le risque, c'est la mort subite ! Les études montrent que l’infection fébrile constitue l’un des principaux facteurs favorisants de ce drame ! Elle vient souvent décompenser une pathologie cardiaque sous-jacente.
Le bien-être du cœur
La myocardite est rare et ses séquelles fibreuses sont encore moins fréquentes. Les morts subites restent exceptionnelles. Mais, puisque le sport doit être favorable à la santé, il est inacceptable de prendre le moindre risque ! Si cet hiver, pour quelques jours, vous offrez l'hospitalité à un virus frigorifié, si vous vous sentez obligé de le loger bien au chaud, à 38,5° dans vos bronches, votre gorge et vos muscles, reposez-vous ! En imposant à votre organisme de s'entraîner et, simultanément, de lutter contre l'infection, vous prenez le chemin de l'épuisement. Les glandes chargées de sécréter les hormones du stress se vident rapidement, et vous sombrez dans le surentraînement. Si vous faites de l’exercice pour la santé, le plaisir mais aussi la performance, c'est une séance de …cinéma qu'il vous faut.
REPOS PENDANT LA PÉRIODE FÉBRILE
ENTRAÎNEMENT EN AISANCE RESPIRATOIRE DANS LES 10 JOURS QUI SUIVENT
N'hésitez pas à vous installer confortablement dans un fauteuil, bien au chaud. Ainsi que vous préservez votre cœur et vos meilleurs chronos ! Le club des cardiologues du sport insiste également sur la nécessité d’une période convalescence de 8 jours après la disparition des symptômes. Cette fois un entraînement facile est possible. Il peut s’agir d’une activité cardiovasculaire en « aisance respiratoire » ou de musculation légère.
FOCUS : LES VIRUS NE SORTENT PAS DANS LA SUEUR …
Il est de tradition de proposer un « footing » et une « bonne suée » en cas de fièvre. Malheureusement, les virus ne sortent pas avec la sueur ! Si vous souffrez de grippe, l’effort n’a pas d’intérêt et peut même se révéler dangereux. Mais l’erreur se comprend quand on confond virose avec « signes généraux » et infection localisée aux voies respiratoires. En l’absence de fièvre et de courbatures diffuses, un peu de sport est possible voir bénéfique si vous avez une petite bronchite, le nez qui coule ou si votre gorge est sensible. L’exercice physique modéré et l’élévation de la température corporelle s’associent pour augmenter le taux de globules blancs dans le sang. Les sécrétions nasales et pulmonaires sont stimulées. Cette fois vous évacuez réellement les bactéries … Au retour de votre entraînement en endurance, n’hésitez pas à peaufiner cette stratégie prenant un grand bain chaud pendant 20 minutes.
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