Après un traumatisme, les sportifs de haut niveau semblent retrouver plus vite que vous la compétition ! Mythe ou réalité ? Pourriez-vous en faire autant ou sont-ils des surhommes jusque dans leur malheur ? Analyse objective et explications !
Par le Docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport.
C’est vrai, les médias relaient avec enthousiasme quelques récupérations impressionnantes. Ils passent involontairement sous silence bon nombre de cas où les délais de reprise sont plus proches des vôtres. Quoi qu’il en soit, tentons de comprendre pourquoi certains guérissent si rapidement. Et essayons de nous en inspirer … A moins qu’il ne faille se méfier de ces protocoles défiant les limites de la nature !
Sprint dès la prise en charge !
Médecins et kinésithérapeutes expérimentés sont sur le bord du terrain. Le moindre bobo est traité immédiatement : soins locaux, immobilisation, médicaments. Mathématiquement, on gagne déjà du temps mais surtout la blessure ne s‘aggrave pas. Le saignement est jugulé, l’inflammation est maitrisée. Les traumatismes plus sérieux bénéficient d’emblée d’un diagnostic précis. Les examens complémentaires utiles sont prescrits. IRM ou autres sont obtenus rapidement au sein d’un réseau de spécialistes compétents et disponibles. Si nécessaire, le chirurgien expert programmera l’intervention «en supplément» dans les jours qui suivent. Il est évident qu’un cursus traditionnel fait preuve de plus d’inertie … sans pour cela nuire à la santé !
Surveillance rapprochée tout au long du parcours
Opéré ou pas, le sportif de haut niveau profite d’un suivi médical fréquent. Dans un club de ligue 1, le médecin est présent quotidiennement. Avec un peu d’ironie, on peut dire qu’ «il compte les fibres musculaires qui repoussent». Dès que possible, le footballeur professionnel passe à l’étape suivante de sa rééducation : le genou se fléchit suffisamment, on attaque le vélo ; la force est satisfaisante, on attaque la course à pied. Dans les mêmes circonstances, il est probable que vous pédaleriez quelques jours de plus. L’écart se creuse encore mais pas de drame ! De toute façon, c’est la nature qui donne le rythme de la cicatrisation, pas les contraintes du calendrier ! Ces délais sont connus de votre médecin du sport, je vous invite à les respecter. Le sportif de haut niveau est toujours sur le fil du rasoir, il sollicite sa cicatrice à la limite de sa solidité. En prenant le temps, vous gagnez en aisance sur chaque stade de récupération, vous réduisez le risque de récidive. De toute façon, vous êtes moins pressé, le sport n’est pas votre métier !
L’entrainement prépare à la rééducation
Le sportif de haut niveau sérieusement blessé part souvent en centre de rééducation. Il consacre ses journées à la kinésithérapie. Dans les semaines suivantes, il pratique quotidiennement de longues séances de réadaptation. Il gagne en mobilité, en force, en coordination. Il progresse rapidement ! Alors, vous affirmez : «Moi aussi, je suis prêt à faire un maximum d’exercices pour guérir plus vite ! ». Malheureusement, votre situation n’est pas comparable. Le corps du sportif de haut niveau et même sa cheville blessée sont habitués à de lourdes charges d’entraînement. Ils encaissent sans broncher. Vous qui faites 3 entraînements d’une heure dans la semaine, vous ne pouvez pas assumer 5 heures de sollicitation par jour. Votre organisme crierait de douleur ; votre articulation traumatisée gonflerait ! Là encore, la cadence plus lente que vous adoptez est plus favorable à votre santé !
Entretien physique rigoureux
Les sportifs de haut niveau prennent soin de garder la forme pendant la blessure. Cardiotraining, musculation, assouplissements et coordination sont au programme. Loin d’agresser la lésion, ces sollicitations dosées et progressives servent à guider la cicatrisation autant qu’à l’entretien cardiovasculaire. Il est d’usage d’accroitre progressivement les contraintes. Natation, aquagym, vélo, elliptique, course, déplacements latéraux, éducatifs spécifiques se succèdent tout au long de la progression. L’activité la moins traumatisante permet un travail intensif alors que la suivante est pratiquée avec plus de modération. La lésion achève sa cicatrisation alors que le sportif reprend l’entraînement collectif ou la compétition. Aucune perte de temps ! On est loin du vieil adage affirmant : « Il faut 3 fois le temps d’arrêt avant de retrouver son niveau ». Cette fois rien ne vous empêche de garder la forme à la piscine, sur votre vélo d’appartement ou dans votre salle de fitness. Alors profitez-en !
Des qualités physiques hors du commun ?
Les champions disposent de qualités techniques hors du commun. Ils se situent plus aisément dans l’espace. Génétiquement, ils sont souvent plus forts, ils reprennent plus rapidement de la masse musculaire. Ils retrouvent plus vite une bonne coordination et un meilleur maintien de l’articulation traumatisée. En période d’entraînement ces athlètes de haut niveau récupèrent aisément après les séances intenses. Tout se passe comme si leurs muscles victimes de microlésions et de courbatures se réparaient plus vite. De là à penser qu’il en est de même pour les autres tissus, os ou ligaments, blessés plus sérieusement, il n’y a qu’un pas ! Si ces suppositions sont vraies, cette fois vous ne soutenez pas la comparaison ! Pour une meilleure cicatrisation, pour éviter les récidives, vous devez patienter !
La pression !!
Les athlètes de haut niveau sont victimes du calendrier ! Impossible de repousser de quelques semaines la date des jeux Olympiques pour laisser guérir un tendon d’Achille. Les sportifs professionnels doivent donner satisfaction à leurs employeurs et essaient de reprendre pour les matchs importants. Parfois, il est indispensable de réapparaitre sur les terrains en pleine possession de ses moyens, avant la fin de saison, afin de trouver un autre club. Du coup, les délais de reprise sont parfois un peu limites ! Le sportif assume le risque de récidive ! Le médecin tente souvent de modérer son ardeur ! Vous qui ne brillez pas au sommet des podiums, vous qui ne vivez pas du sport, vous êtes un privilégié ! Si vous ne faites pas « Paris Versailles », vous courrez les « 20 kilomètres de Paris », 15 jours plus tard, ça ne changera pas votre vie ! Ecoutez la nature, vous ne perdez pas de temps, vous guérissez !
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