Vous avez été victime d’une entorse interne du genou. Votre médecin vous a prescrit une genouillère. SantéSportMagazine vous explique à quoi elle sert et vous donne de bons conseils d’utilisation.
Par le docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport
Classiquement, le modèle de genouillère est différent selon la gravité de la blessure. Il est même astucieux d’envisager d’en changer en cours de traitement afin de contribuer à la « mécanisation » de la cicatrice et pour retravailler vos muscles et votre coordination.
Recollez votre ligament
En cas d’entorse grave, le ligament interne du genou est totalement rompu, il ne parvient plus à assurer sa stabilité. L’articulation risque de basculer en direction de l’autre genou et les lésions peuvent s’aggraver ou mal cicatriser. Dans ce cas, il est d’usage de porter une attelle rigide, fixée en très légère flexion de genou, au voisinage de 20°. Cette immobilisation stricte permet de bien placer face à face les fragments du ligament déchiré. Ce dernier étant traversé par de petits vaisseaux sanguins, sa section a provoqué un saignement. Ainsi, l’attelle facilite la formation d’une croute de sang entre les moignons ligamentaires. Ce caillot amène des cellules aptes à construire du tissu fibreux qui se transformera peu à peu en ligament. Habituellement, il faut porter cette immobilisation pendant 3 à 6 semaines. La protection du ligament étant assurée par l’attelle, les béquilles sont inutiles et il est vivement conseillé d’appuyer sur votre pied et de bien pousser avec votre mollet. De cette façon, vous entretenez un minimum votre solidité osseuse et votre force musculaire. Surtout, le sang ne stagne pas trop dans votre jambe et vous limitez le risque de formation d’un caillot dans les veines. Malgré cela, au cours de cette étape thérapeutique, il est souvent utile de bénéficier d’un traitement anti phlébite à l’aide de piqûres quotidiennes dans l’épaisseur de la peau.
« Mécanisez » votre ligament
En cas d’entorse moyenne, quand le ligament n’est pas totalement rompu mais partiellement déchiqueté, il est recommandé de porter une genouillère articulée. Ce modèle est également conseillé en cas d’entorse grave après 3 semaines d’immobilisation stricte. Grâce aux montants rigides latéraux, les mouvements de bascule particulièrement dangereux pour le ligament interne sont évités. En revanche, la flexion et l’extension sont possibles du fait de la charnière. Ainsi, vous préservez ou retrouvez votre force musculaire. Votre ligament blessé ne souffre pas de ce déplacement très différent du geste traumatisant. Il balaye la face interne du genou. Il se reconstitue dans sa longueur mais ne colle pas en profondeur sur l’os. Ses fibres s’orientent dans l’axe des contraintes mécaniques tout en conservant leur élasticité : la cicatrice fibreuse devient progressivement un ligament souple et solide, on dit qu’elle se « mécanise ». En cas d’entorse moyenne ou lors de la deuxième étape de prise en charge d’une entorse grave, il est d’usage de conserver votre genouillère articulée environ 3 semaines. De façon cohérente, il est de bon ton d’entreprendre parallèlement la kinésithérapie et l’autorééducation.
Protégez votre ligament
En cas d’entorse bénigne, le ligament a été étiré et irrité. Il fait mal mais n’est pas distendu. Les petits récepteurs nerveux situés dans cette cordelette et chargés d’informer le cerveau de la bascule du genou ont été abîmés. La douleur aussi vient perturber les indications neurologiques concernant la position de l’articulation. Dans ce contexte, une genouillère avec armatures latérales souples est bien adaptée. Sa mission n’est pas de stabiliser totalement le genou. Elle freine les bascules intempestives. Les frottements cutanés renseignent le cerveau des déplacements de l’articulation. En réaction, les muscles stabilisateurs ont le temps d’intervenir. Les faux mouvements sont évités le temps de la guérison. Pour des raisons identiques, la genouillère à armatures latérales souples peut constituer la dernière étape de contention au cours du traitement d’une entorse grave ou moyenne, notamment pour la reprise du sport. Simultanément, la kinésithérapie et l’autorééducation s’intensifient et s’orientent tout particulièrement vers le travail de la force et de la coordination.
Pas d’immobilisation pour une vie normale !
Lorsque la lésion ligamentaire est minime, le genou ne fait pas mal dans la vie quotidienne. Même la genouillère souple devient facultative. Aucune sensation douloureuse n’interfère avec les perceptions de position. Au cours de la marche, pendant la phase d’appui, le compartiment interne du genou est spontanément resserré par le poids du corps et le ligament n’est pas mis en tension. De la même manière, lorsque votre entorse plus grave est cicatrisée, il faut vous sevrer progressivement de la genouillère. Commencez par ne plus la mettre à la maison, puis dans la vie quotidienne. Enlevez-la peu à peu pendant le sport. Au début, vous pouvez vous en passer lors des activités sans changement de direction, type course à pied sur terrain régulier. Dans un second temps, il est possible de vous en priver lors des déplacements latéraux « programmés » mais gardez-la en présence d’adversaires qui perturbent volontairement vos mouvements. Enfin, après 5 à 10 séances d’entraînement avec genouillère souple, vous êtes en confiance. Vous finissez même par l’oublier ! C’est gagné, vous pouvez l’enlever définitivement !
Parfois, une « genouillère préventive »
Quelquefois, après une entorse, le ligament situé à la face interne du genou reste légèrement distendu. Malgré un bon traitement, vous pouvez conserver une petite « laxité ». Il est possible que vous gardiez une appréhension lors des changements de direction. Dans ces conditions, n’hésitez pas à utiliser une genouillère « préventive » à l’entraînement ou en compétition. Comme pour soigner une entorse bénigne, choisissez-la avec des renforts souples sur les côtés. Sans gêner la flexion ni l’extension, ces éléments permettent un léger maintien latéral qui freine les mouvements de bascule. Votre cerveau est bien informé des déplacements de votre genou et vos muscles stabilisateurs ont le temps de se contracter. Ce mode d’action met bien en évidence qu’une genouillère de ce type ne « démuscle » pas le genou, au contraire ! Optez pour un modèle permettant d’ajuster finement son serrage et sa position autour de la rotule. Ainsi, votre genouillère restera stable et efficace alors que vous aurez repris le sport à 100 %.
EN BREF
ENTORSE GRAVE DU LIGAMENT INTERNE DU GENOU
LÉSION : Rupture totale de la cordelette fibreuse reliant le fémur (l’os de la cuisse) au tibia (l’os de la jambe, à la face interne du genou).
TRAITEMENT : Attelle rigide. 3 semaines, avec appui. Puis Genouillère articulée. 3 semaines avec kinésithérapie et autorééducation. Puis Genouillère à armatures souples. Reprendre le sport en cas d’appréhension ou de « laxité » séquellaire (ligament cicatrisé mais un peu long).
ENTORSE MOYENNE DU LIGAMENT INTERNE DU GENOU
LÉSION : Distension sans rupture de la cordelette fibreuse reliant le fémur (l’os de la cuisse) au tibia (l’os de la jambe, à la face interne du genou).
TRAITEMENT : Genouillère articulée. 3 semaines avec kinésithérapie et autorééducation. Puis Genouillère à armatures souples. Pour reprendre le sport en cas d’appréhension ou de « laxité » séquellaire (ligament cicatrisé mais un peu long).
ENTORSE BÉNIGNE DU LIGAMENT INTERNE DU GENOU
LÉSION : Irritation sans distension de la cordelette fibreuse reliant le fémur (l’os de la cuisse) au tibia (l’os de la jambe, à la face interne du genou).
TRAITEMENT :
Genouillère à armatures souples. 1 semaine dans la vie quotidienne puis pour reprendre le sport pendant quelques séances, avec un peu de kinésithérapie et de l’autorééducation.
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