Vous avez ressenti d’étranges battements cardiaques dans votre poitrine. Mais que s’est-il passé ? Quelle en est la cause ? Et que faut-il faire ?
Par Stéphane Cascua, médecin du sport.
Habituellement, la cadence de votre cœur est régulière et harmonieuse comme la mélodie d’un orchestre. Soudain un coup de cymbale retentit ! C’est l’extrasystole ou battement cardiaque irrégulier et isolé. Parfois, vous percevez comme un «vide » ou un «raté». Voilà qui correspond à la petite pause que s’octroie votre cœur juste après une contraction supplémentaire et inattendue ! Chez certains, l’enregistrement s’emballe ! C’est la tachycardie ou accélération du rythme non justifiée par l’effort. De temps à autre, le morceau tourne à la cacophonie ! Prudence !
Anodin ou dangereux !
Les extrasystoles ou les palpitations sont parfois sans gravité. Chacun d’entre nous présente quelques battements irréguliers dans la journée. C’est normal. Il arrive que certains les ressentent plus aisément et s’en inquiète. Parfois, ils augmentent en cas de fatigue, de stress, d’alimentation déséquilibrée ou d’abus de boissons excitantes. Avec l’âge, le vieillissement naturel du réseau nerveux intracardiaque est responsable de l’accroissement du nombre d’extrasystoles. Cependant, ces troubles du rythme cardiaque peuvent aussi être l’expression de maladies cardiaques très sérieuse. Il arrive que l’anarchie de contraction soit telle, que le cœur ne parvient plus à propulser suffisamment de sang. Malaises, perte de connaissance et même décès peuvent survenir.
De nombreuses causes possibles
Dans le cœur, l’ordre de contraction est transmis par un réseau nerveux spécialisé. Il peut être anormal à plusieurs emplacements. Il existe aussi des malformations du muscle cardiaque. Il peut être épais et granuleux ou, au contraire, mince et fibreux par endroit. Cette texture hétérogène fait tournoyer le courant électrique et provoque des contractions anarchiques. Des valves séparent différents compartiment du cœur. Elles s’ouvrent et se ferment méthodiquement pour gérer le passage du sang. Il arrive que ces membranes soient violemment mise en tension et tire sur le muscle cardiaque. Cette irritation locale peut provoquer des battements anormaux.
LES PALPITATIONS SOUVENT ANODINES, SONT PARFOIS PROVOQUÉES PAR DES MALADIES GRAVES.
Pour travailler aisément, sans faire de crampe, le cœur a besoin d’oxygène. Les artères sont parfois partiellement bouchées avec de la graisse. Le processus de contraction est initié par un échange de minéraux chargés électriquement. Leurs concentrations sanguines sont parfois excessives ou insuffisantes. Un manque de globules rouges altère le transport de l’oxygène jusqu’au muscle et oblige le cœur à accélérer excessivement. Certaines hormones stimulent le cœur. Il arrive qu’elles circulent en quantité trop importante.
Un bilan médical s’impose
Pour rechercher ces origines complexes et multiples. Il faut mener l’enquête de façon rigoureuse ! Un avis cardiologique s’impose. L’entretien avec le médecin précise vos symptômes, retrouve vos facteurs de risque et vos antécédents. Une échographie visualise les contours de votre cœur. Elle met parfois en évidence une malformation ou le mauvais fonctionnement d’une valve. Un électrocardiogramme de repos étudie le comportement électrique de votre cœur. Une prise de sang est prescrite pour doser les globules rouges, les minéraux et hormones impliqués dans les palpitations. Le test d’effort recherche une mauvaise oxygénation du cœur. Il déclenche parfois la palpitation et permet son analyse en milieu médicalisé et sécurisé. Si rien ne se produit, si le bilan ne décèle pas d’anomalie, il est d’usage de programmer un holter. Cet électrocardiographe portable espionne votre cœur toute la journée. Il analyse et dénombre vos battements cardiaques anormaux au repos comme à l’exercice.
Et le sport ?
Vous percevez des battements cardiaques irréguliers ou trop rapide. Arrêtez votre entraînement ! Avant de renouer avec le sport, prenez l’avis d’un cardiologue ! Ne perdez pas de temps si vous avez ressenti simultanément des vertiges ou un malaise. C’est une urgence si vous avez perdu connaissance ! Si, à l’issue du bilan, la bénignité de vos trouble du rythme sont confirmés, vous reprendrez votre activité en suivant quelques conseils (voir encadré : Limitez vos palpitations). S’il existe une maladie sous-jacente, le sport de loisir est fréquemment possible sous couvert du traitement adapté. Néanmoins, les activités au cours desquelles un malaise se révèlerait dramatique sont contre-indiquées. C’est le cas de la plongée sous marine ou de la conduite automobile, parfois de la planche à voile ou de l’escalade. La sollicitation intensive et le « dépassement de soi » favorisent les palpitations. Le plus souvent, la compétition est interdite.
LIMITEZ VOS PALPITATIONS !
Si une maladie cardiaque est à l’origine de vos palpitations, il faut la soigner. Votre cardiologue peut aussi ajouter des médicaments visant à réduire « l’excitabilité » de votre cœur. Ce sont les antiarythmiques.
Si votre cardiologue, vous a confirmé qu’il s’agissait de battements supplémentaires sans gravité, vous pouvez les diminuer en améliorant votre hygiène de vie et votre entraînement !
Évitez les excitants : café, thé, sodas, boissons énergisantes. Les arrêter suffit parfois à faire cesser les palpitations.
Reposez-vous, détendez-vous ! Le surentraînement et le stress font baigner le corps dans les hormones de la stimulation. Optez pour de courtes séances en aisance respiratoire suivi d’un protocole de relaxation.
N’oubliez pas les poissons gras (Thon, saumon, sardine, maquereau, hareng), 2 à 3 fois par semaine. Ils sont source d’acide gras oméga 3. En assouplissant vos membranes cellulaires, ils ont démontré leur efficacité pour réduire les troubles du rythme cardiaque.
Augmentez les fruits, les légumes et les céréales complètes. Ils vous apportent les minéraux nécessaires à une contraction harmonieuse. Vous avez même droit à un peu de chocolat pour le magnésium. Une complémentation en minéraux, en magnésium ou en oméga 3, sous forme de médicament, pourra être envisagée par votre médecin.
Prenez soin de vous échauffer et de vous ménager un retour au calme progressif. N’abusez pas des fractionnés. Les palpitations se déclenchent souvent à la faveur des changements hormonaux et nerveux induits par les brusques variations d’intensité.
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