Entre guerre des étoiles et chirurgie, le laser CO2 se montre efficace pour soigner bon nombre de traumatismes sportifs. Le Docteur Tania BELLOT a introduit cette technique en France, elle nous transmet 20 ans d’expérience !
Par Stéphane Cascua, médecin du sport
Attention, le laser médical CO2 n’est pas comparable aux « softs-lasers» dont les kinésithérapeutes se servaient dans les années 80. Ces appareils utilisaient l’hélium et le néon. Ils se montraient trois fois moins puissants et se sont révélés peu actifs. De fait, ils ont largement desservi l’image de cette technique pourtant efficace.
Un faisceau d’énergie thermique et mécanique
L’appareil est constitué d’un tube contenant du gaz carbonique d’où sort un rayon laser. Ce milieu est progressivement agité jusqu’à ce que toutes les molécules oscillent simultanément. Ainsi, l’onde parvient à se propager sans se disperser. Elle peut transporter une énergie considérable. Au contact des tissus, le faisceau se transforme en chaleur et en force mécanique. Ces phénomènes ont été bien décrits des chercheurs de l’INSERM à Lille, MORDON et BRUNETAUD.
Des actions tissulaires puissantes
Quelques millimètres sous la peau, lorsque la température atteint 50 à 60 degrés, les tissus ne brûlent pas mais les vaisseaux s’ouvrent amplement. Les échanges entre le sang et la zone traumatisée sont stimulés. Les protéines dures et fibreuses coagulent et se brisent. Les cicatrices tendineuses ou musculaires raides et fragiles sont assouplies. L’énergie du laser modifie la charge électrique de bon nombre d’atomes. Ce processus est à l’origine de champs électriques. La différence de tension entre les molécules voisines cède brutalement. Ce micro-éclair provoque une onde mécanique qui tire sur les tissus et les assouplit. Ce sont les effets « photoélectriques » et « photomécaniques » du laser.
Par la suite, les globules blancs viennent nettoyer les déchets. Voilà qui favorise le remodelage des cicatrices excessives et collantes. La rééducation et le sport progressif se charge de réaligner les nouvelles fibres musculaires et tendineuses dans l’axe des contraintes mécaniques. Les nouveaux tissus peuvent assumer leur mission.
Le laser au secours des tendons et des muscles.
Un tendon ou un muscle lésé souffrent souvent d’une cicatrisation anarchique et rigide. La zone reconstruite est dure mais cassante. Elle cède à la moindre remise en tension, un peu comme vos gerçures hivernales craquent lorsque vous esquisser un sourire douloureux ! Vous l’avez compris, c’est dans ces circonstances que le laser trouve tout son intérêt. Il assouplit et « mécanise » les cicatrices fibreuses. Il active les processus de régénération. Il est indiqué pour soigner les vieilles tendinites chroniques. Il contribue au traitement des anciennes lésions musculaires devenues collante et fragile.
Parfois, après un claquage, un saignement abondant a coulé entre les faisceaux musculaires, les tendons et la peau. La croute diffuse qui s’est constituée est à l’origine d’adhérences qui perturbent le coulissage de ces structures les unes sur les autres. Voilà qui provoque des douleurs et parfois des récidives. Heureusement, le balayage du faisceau laser se montre très efficace pour assouplir ces larges zones collantes. A l’inverse, les cicatrices tendineuses forment parfois de petits nodules très localisés. Cette fois, un faisceau laser pulsé, canalisé par une cloche de verre est parfaitement indiqué. Les ondes électromécaniques cassent les tissus fibreux et redonnent son élasticité à la zone blessée.
Le laser : même pas mal !
Il existe d’autres techniques pour lutter contre les cicatrices anarchiques à l’origine de bien des souffrances chez le sportif. Les « massages transverses profonds » ou MTP sont réalisés par votre kinésithérapeute. Il frotte les tissus rigides et tendus pour les assouplir. Les appareils à percussions frappent aussi sur zones fibreuses (voir « SANTESPORTMAG n°1). Ces deux méthodes ne sont utilisables que sur de vieilles blessures enraidies et elles sont douloureuses …
Le laser peut être commencé plus précocement sur les tendinites débutantes ou sur les lésions musculaires, dès la fin du saignement. On peut penser que l’ouverture des vaisseaux favorise le drainage des déchets. L’énergie du rayon pourrait activer les réactions chimiques de régénération. Il est probable que les ondes électromécaniques massent en douceur les tissus et guide la cicatrisation.
Des protocoles établis, des résultats satisfaisants.
Pour venir à bout d’une tendinite récalcitrante, il est d’usage d’envisager 10 à 15 séances de 8 à 10 minutes, à raison de deux par semaine. Lorsque les lésions sont plus récentes, on peut tenter réduire le nombre de visites mais il faut en augmenter un peu la fréquence. Les études menées sur des patients exclusivement soignés par laser montrent que les résultats sont bons dans 70 à 80% des cas. En pratique, il est conseillé d’associer le laser aux autres traitements des tendinites. Alimentation équilibrée, hydratation abondante, kinésithérapie, programme sportif progressif et parfois compléments nutritionnels ou semelles orthopédiques complètent le laser pour vous soulager.
Laser chirurgical, laser médical : quelles différences ?
Le laser est aussi utilisé par les chirurgiens. Un rayon ponctuel, continu et puissant découpe les tissus. En chirurgie esthétique, le laser efface les cicatrices cutanées ou les tatouages. Il permet aussi enlever les polypes du nez et de sectionner les amygdales. Les médecins du sport emploient le laser à intensité plus modérée, en balayage ou en mode pulsé. Son action chauffante et mécanique mobilise et assouplit les tissus meurtris par la blessure.
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