Henry a 48 ans, il vient me voir pour son certificat d’aptitude avant les 20 kilomètres de Paris. Bien sûr, c’est l’occasion pour faire un point sur ses activités sportives depuis notre dernière consultation.
Le Doc : Alors, racontez-moi votre programme sportif de cette année. De mémoire, je vous avais suggéré de réduire un peu la course et vous initier au triathlon pour limiter les blessures, notamment votre tendinite d’Achille qui vous embête de temps en temps.
Henry : Oui, j’ai suivi vos bons conseils, j’ai commencé le triathlon cette année ! Je me suis contenté des petits, les XS ou les S, ceux qui font 500 à 750 mètres de natation, 20 kilomètres à vélo et 5 à pied. En 1H30 à 2H, c’était bâché, un peu comme un semi. Mais, je n’avais pas de courbatures et le lundi, je ne dormais pas au bureau. Et c’est vrai qu’en variant mes entraînements, je ne suis pas blessé cette année. J’ai amélioré mon endurance notamment grâce aux belles sorties à vélo. En plus, ma fille a trouvé les séances plus ludiques et m’a suivi sur quelques compets, un vrai bonheur ! Mais, la course, c’est quand même plus sympa !
Le Doc : Ah bon pourquoi ?
Henry : Vous l’avez constaté, le triathlon est de plus en plus populaire. Pour preuve, on remarquait les nouveaux pratiquants à leurs combinaisons trifonctions DECATHLON, il y en avait partout ! Malgré cela, les instances n’ont pas encore négocié le virage du « sport plaisir » et la culture est restée très compétitive ! Je vous donne deux exemples. Vous savez que je mets des chevillières Filmista ZAMST afin d’éviter les entorses en courant. Elles sont supers, elles ne me gênent pas du tout. En Triathlon, je les bloque sous des chaussettes de contention. Avant, d’entrer dans l’eau, un arbitre m’a invectivé et m’a dit qu’il était interdit de porter des chaussettes. Je me suis permis de dire lui répondre que j’étais là pour la joie de bouger et que j’allais finir au tréfond du classement. Et bien, j’ai été éliminé ! Autre compétition. Une fois la ligne d’arrivée franchie, je trottine en sens inverse pour aller à la rencontre de ma fille. Je la vois, je l’attends pour faire les deux cent derniers mètres à ses côtés. Un arbitre m’interpelle : « Oh monsieur ! pas de coaching ! Ecartez-vous ! ». Eberlué par son manque de bienveillance, je lui bredouille : « Mais … je cours avec fille … ». Et il répond tout aussi chaleureusement : « Où vous voulez monsieur ! Mais pas ici ! ». Je fais souvent cette petite manœuvre lors des compétitions de course à pied ! Jamais de tels propos agressifs ! Au contraire, souvent des encouragements ! Franchement, ça ne donne pas envie de continuer l’aventure triathlétique !
Le Doc : Aïe ! Parmi mes patients triathlètes, vous n’êtes pas le premier à me raconter ce type d’anecdotes. C’est vrai, on cherche les arbitres sur les « 20km de Paris » ou sur « La parisienne » … A croire qu’on peut organiser de grandes fêtes sportives sans obsession du chrono et sans entretenir la paranoïa de la tricherie ! On cherche encore les triathlons déguisés, gastronomiques ou musicaux … Bref, pour encourager la population à bouger ou pour cultiver l’image d’un sport santé et plaisir, le triathlon a encore du chemin à parcourir … Et la course conserve quelques belles foulées d’avance !
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