Balnéothérapie, traitements par les algues ou les boues marines ! À la lumière des hypothèses scientifiques actuelles, ces techniques apparaissent particulièrement appropriées à la récupération du sportif senior !
Par le docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport.
La vie est apparue, il y a 3, 8 milliards d’années, dans la mer. Il y a 430 millions d’années, les êtres vivants s’extirpent des océans enveloppés d’un manteau marin : le liquide extracellulaire. En 1904, QUINTON cherche à composer un milieu permettant la survie des globules rouges et des globules blancs. Il n’y parvient qu’en les plaçant dans de l’eau de mer, surnommée depuis le « plasma de QUINTON ». Aujourd’hui encore, les cellules de notre corps baignent dans l’eau de mer ou presque ! Les sportifs s’en servent aussi pour conserver une température compatible avec l’effort et la survie, en transpirant de la sueur salée… En thalassothérapie, vous profitez de cet équilibre minéral !
Bains de mer chauds pour une subtile reminéralisation
Le professeur HAYEM appelle l’eau de mer, l’eau « réelle ». Elle est pour lui « la plus riche et la plus complète des eaux minérales ». Bien sûr, elle contient beaucoup de sodium comme notre milieu extracellulaire et notre sueur. Elle également très riche en iode, en potassium, en magnésium et en calcium. Les professeurs DUBARRY et GUELFY ont montré que les minéraux dilués dans un bain chaud passaient à travers la peau. On parle de « transminéralité ». L’eau devait être à plus de 32° et il fallait que l’immersion dure plus de 12 minutes. Bien que l’expérience ait été menée sur des animaux rasés il est hautement probable que le phénomène soit identique sur nos peaux glabres d’êtres humains. Dans ces conditions, les ions vont du milieu le plus concentré vers le moins concentré, c’est l’osmose. Tout se passe comme si un équilibre minéral subtil se rétablissait doucement entre le corps et son milieu natif maritime de référence. On est loin des complémentations menées à l’aveugle avec des gélules. Pour optimiser le phénomène, il est possible d’augmenter la température de l’eau et prolonger le bain : 37° pendant 20 minutes constitue une procédure confortable et habituelle. En thalassothérapie, vous bénéficiez de bains bouillonnants produit par de la propulsion de gaz. Le CO2 accroit l’ouverture des vaisseaux. Vous profitez aussi de balnéothérapie avec micro jets qui augmentent les pressions locales. Les douches agissent de façon comparable tout en assurant un renouvellement permanent de l’eau. Ces systèmes accélèrent les échanges. Puisque la sueur a une composition voisine de la mer et que le sportif transpire abondamment, ce mode de rééquilibration minéral semble particulièrement intéressant !
Des algues pour réactiver les cellules
En langage branché de thalassothérapie, les divers soins par les algues portent le nom d’algothérapie. Afin d’accroitre la présence de minéraux au contact de la peau, il est possible d’ajouter aux bains un broyat d’algues. Ce dernier peut aussi être chauffé et appliqué directement sur votre corps au pinceau, en massage ou sous forme de cataplasmes. Les algues concentrent l’iode. Cette substance est symboliquement associée au séjour en bord de mer… à juste titre ! Son influence est réelle. La médecine décrivait autrefois le « Crétin goitreux des hautes Alpes ». Du fait de son éloignement des côtes, ce pauvre larron était victime d’une carence en iode responsable d’un gonflement de sa thyroïde et d’un ralentissement globale de l’activité de ses cellules. En effet, l’iode est indispensable à la synthèse des hormones thyroïdiennes qui stimulent le « métabolisme de base » autrement dit le fonctionnement de tous les organes au repos. L’hypothyroïdie, le manque d’hormones thyroïdiennes, provoque une grande fatigue, une prise de poids… et beaucoup plus tard une dégradation intellectuelle ! Vraiment le sportif a besoin d’iode pour entretenir, développer et réparer ses tissus malmenés par l’exercice.
Des boues marines pour les cartilages, les tendons et les ligaments
La fangothérapie, c’est le nom donné aux traitements par application de boues marines. Comme pour les algues vous pouvez en bénéficiez grâce à des bains, des enveloppements et autres applications locales. Voilà qui n’est pas sans rappeler le fameux « cataplasme d’argile » cher au sportif blessé adepte des médecines douces. Les boues marines sont riches en silice et l’eau de mer en calcium. Ces 2 deux substances ont contribué de façon complémentaire à la formation des êtres vivants pluricellulaires et à la structure de nos tissus. Il y a 3,4 milliards d’années, les colonies de bactéries se sont alignées pour constituer de longs filaments. Elles ont profité des strates minérales présentes au sein de monticules situé dans les eaux chaudes et peu profondes, les stromatolithes. Depuis, les minéraux sont des constituants essentiels de l’armature de notre corps. De fait, la silice est aux tendons, aux ligaments et aux cartilages ce que le calcium est à l’os : un oligoélément qui relie les fibres microscopiques entre elles et en assurent la cohésion. La nature chimique des liaisons établies par la silice permet un lien plus élastique ; celle du calcium est responsable d’un maintien plus rigide. Ainsi la silice contribue à la texture amortissante des cartilages et la souplesse des tendons ou des ligaments. Le calcium, présent aussi dans l’eau de mer, est indispensable à la solidité des os ! Autant d’impératif pour le sportif senior !
APESANTEUR CHALEUR : BONUS TONUS
Dans votre bain de thalassothérapie, vous flottez… un peu plus que dans votre baignoire. Selon la salinité du milieu, la densité de l’eau et la poussée d’Archimède augmentent de 2 à 3 %. Allongé, avec de l’eau jusqu’au cou, vous pesez moins de 10 % de votre poids. Vos muscles se reposent ! La chaleur aussi contribue à vous détendre. Vous le savez, les muscles n’ont pas un rendement parfait. Seuls 25 % des calories brûlés lors de la contraction se transforment en énergie mécanique et permet le mouvement. Les 75 % restant deviennent de la chaleur. Derrière cet inconvénient apparent se cache une fonction essentielle des muscles. Ils sont nos radiateurs, leur tonus, leur contraction de base destinée à conserver notre posture, contribue grandement au maintien de notre température corporelle. Ainsi, dans un bain à 37°, vos muscles n’ont plus ni à vous soutenir, ni à vous réchauffer ! Ils se relâchent ! Ils récupèrent !
Comentários