Votre genou est vraiment très usé. Votre médecin a envisagé une prothèse ! Alors, voici des informations essentielles concernant l’opération, les suites et… la reprise du sport !
Dr Nicolas LEFEVRE, chirurgien du sport
Dr Stéphane CASCUA. Médecin du sport
Votre genou est douloureux et raide. Il est victime d’arthrose. Il s’agit de l’usure du cartilage. Cette substance nacrée recouvre les os au niveau des articulations et permet un mouvement harmonieux. Ce tissu pour particularité de ne pas se reconstituer … son érosion est irréversible ! Cette lésion est favorisée par le sport intensif avec brusque changements de direction. Elle constitue souvent la suite logique des blessures : fissures des ménisques, entorses ligamentaires opérées ou non.

Quand faut-il opérer ?
L’indication de la prothèse peut se poser quand les autres traitements se sont révélés inefficaces. Lorsque vous êtes gêné par votre arthrose de genou, il est conseillé d’adapter votre activité sportive. Réduisez les sauts, les pivots ou la course. Préférez le vélo, le cardiotraining ou la natation. Faites de la rééducation pour préserver votre force et votre mobilité. Vous pouvez également prendre des compléments alimentaires qui nourrissent votre cartilage. Votre médecin peut réaliser des infiltrations pour réduire l’inflammation et l’autodestruction du cartilage. Il a aussi la possibilité d’injecter dans votre genou des produits lubrifiants, on parle de viscoinduction. Dans certains cas, votre chirurgien vous propose des interventions moins lourdes pour patienter : nettoyage articulaire ou remise dans l’axe du tibia pour mieux répartir les contraintes. Vous le constatez, les traitements palliatifs sont nombreux … plus nombreux et plus aisé que ceux destinés à l’arthrose de la hanche. Voilà l’une des raisons justifiant que l’âge moyen de mise en place d’une prothèse de genou est plus avancé que celui de la hanche : 72 ans contre 60 ans. Bien sûr, chez les sujets sportifs désormais incapables de poursuivre leurs activités, il est possible d’envisager cette intervention plus tôt. Le sport est tellement favorable à la santé, que de vous condamner à la sédentarité ne constitue pas une démarche médical rationnelle ! Néanmoins, il reste opportun de repousser l’intervention le plus possible car la durée dévie des prothèses de genou est de 15 à 20 ans, contre 20 à 25 ans pour les prothèses de hanche … et son remplacement est un geste complexe, beaucoup plus lourd que la pose initiale ! Alors, avec votre arthrose, insistez sur le vélo, le cardiotraining en salle et la musculation des bras !
Des prothèses conçues pour vous par ordinateur
Les prothèses continuent d’évoluer. La pièce remplaçant la surface du fémur et celle se substituant au plateau reste en acier inoxydable ou en titane. Entre ces deux parties, on trouve un coussinet qui permet d’emboîter plus harmonieusement le tibia sur le fémur. Il est en plastique, en polyéthylène plus exactement. Sa texture progresse, elle est désormais plus dense, on dit « hautement réticulée». Cette pièce intermédiaire est maintenant plus résistante, plus dure sans être cassante. La recherche avance afin que les débris microscopiques liés aux frottements soient moins irritants pour la jonction entre l’os et la prothèse. Afin de reproduire les mouvements de glissement articulaire associés à la flexion du genou, les plateaux sont parfois mobiles. Grâce à ce matériel, les patients ressentent souvent un plus grand confort et le genou fléchit un peu plus, aux alentours de 130 voire 140°. Si la complexité de ce montage n’altère pas sa fiabilité, la réduction des contraintes mécaniques qui en résulte devrait, en théorie, limiter l’usure. C’est l’avenir qui nous le dira ! Depuis peu, pour faciliter et améliorer la technique de pose des prothèses de genou, les outils utilisés pour couper les os et caler les prothèses peuvent être fait sur mesure. Ils sont réalisés à partir d’une IRM ou d’un scanner effectué au cours des semaines précédant l’intervention. Ainsi, la mise en place est beaucoup plus aisée pour le chirurgien, l’intervention est plus courte limitant d’autant le saignement et le risque d’infection ! Par la suite, l’ajustement parfait réduit les contraintes sur la structure osseuse et diminue ainsi le risque de descellement ou de fracture autour de la prothèse.
Du sport à l’horizon …
Après une bonne semaine d’hospitalisation vous vous rendez en centre de rééducation pour 4 à 6 semaines. Vous y bénéficiez d’un service hôtelier car vous n’êtes pas encore autonome. Vous travaillez intensément afin de retrouver la force et la mobilité nécessaires pour renouer avec le quotidien. A l’issue, vous marchez, vous emprunter les escaliers sans difficulté et vous poursuivez votre rééducation dans le cabinet d’un kinésithérapeute. A 1 mois de l’intervention, vous pédalez sur un vélo d’appartement. A 2 mois, vous faites du cardiotraining sur appareil : elliptique, stepper, rameur. A 3 mois vous pratiquez le cyclisme sur route. A 5 mois vous faites du golf au practice et en parcours. A 6 mois, vous avez «oublié votre genou» ! Passé ce délai, vous jouez aussi au tennis, plutôt en double et sur terre battue. Attention certains sports restent déconseillés. En effet, les contraintes sur la prothèse sont évaluées à 1,2 à 2 fois le poids du corps à vélo et 4 fois pour la marche, c’est raisonnable ! En revanche, elles s’élèvent à 9 fois en courant et à 8 fois lors des descentes en randonnée. Ainsi, ces disciplines ne sont pas recommandées et les bâtons s’imposent lorsque vous craquez pour une courte balade en montagne ! Il va sans dire que le basket ou le foot et les autres sports imposant des sauts et des pivots sont sérieusement déconseillés voire proscrits ! Concernant les activités intermédiaires comme le tennis, le ski ou l’équitation, les pratiquants expérimentés peuvent poursuivre raisonnablement alors que les débutants doivent s’abstenir ! En tout cas, il a été mis en évidence que la poursuite de l’exercice physique après pose de prothèse de genou réduisait les maladies cardiovasculaires, le surpoids et le diabète. Alors bougez raisonnablement, mais bougez !
RECOMMANDATIONS DES EXPERTS
La « société américaine de chirurgie du genou» a réuni ses experts. Ils proposent la classification suivante.
Sports conseillés
Marche active, vélo, natation, plongée sous-marine, golf, bowling
Sports autorisés si expérience
Tennis en double, équitation, ski de fond, ski de piste, aviron, musculation
Sports non recommandés
Footing, randonnée en montagne, tennis en simple, football, rugby, basket Ball.
SURVEILLANCE ET PRUDENCE !
Chirurgiens et sportifs font équipe pour surveiller les prothèses. Votre opérateur vous revoit chaque année avec une radiographie. De votre côté, restez vigilant quant aux douleurs et aux gonflements. La fracture nette de l’os autour de la prothèse est très rare en cas de traumatisme sportif. Elle survient plus volontiers chez patients très âgés victime d’ostéoporose. Les risques principaux sont l’usure et le descellement. A force de frotter, le polyéthylène détache de toutes petites particules. Elles s’immiscent entre l’os et la prothèse. Les globules blancs tentent de digérer cette substance étrangère et grignote le tissu osseux voisin. La prothèse n’est plus fixée correctement et elle se descelle et devient douloureuse. Afin que les mouvements anarchiques ne fissurent pas l’os, il est impératif d’envisager son remplacement. Vous le savez, il s’agit d’une opération plus compliquée et plus risquée. Le fut osseux malmené peut se briser et il faut souvent placer des cales pour combler les premiers dégâts. Les chirurgiens aiment à préciser que même avec les nouveaux matériaux, on ignore dans quels délais ce descellement surviendrait en cas de pratique sportive « non recommandés ».
DES ÉTUDES RÉVÉLATRICES ET RASSURANTES
A 5 mois de l’intervention, MALLON montre que 92% des golfeurs reprennent leur activité 3 fois par semaine et retrouve le même niveau. Après un délai identique, LEFEVRE met en évidence que 60% des judokas « ceinture noire » sont remontés sur le tatami … alors que, pour les ¾, leur chirurgien leur avait déconseillé ! Néanmoins, ils s’entraînent avec plus de philosophie, privilégient les katas et ont renoncé aux combats. MONT a opéré des tennismen. Après 1 an, 25% ont repris en simple et 50% en double. Tous préfèrent la terre battue. De façon générale, on considère que 80% des prothèses bénéficient de bons résultats. Malheureusement, 20 % des opérés présentent quelques douleurs imposant la prise d’antalgiques ou fléchissent à moins de 110°. Dans ces conditions, utiliser les escaliers ou faire du vélo restent difficiles !
LES TEMPS CLÉS DE VOTRE PROTHÈSES
Age moyen de la pose : 72 ans
Age possible : 40 ans
Durée de l’intervention : 90 minutes environ.
Début de la kiné : 1er jour, mobilisation douce.
Reprise de la marche avec 2 cannes : 2ème jour
Durée de l’hospitalisation : 7 à 12 jours
Durée du séjour en centre de rééducation : 4 à 6 semaines
Durée de la kinésithérapie : 12 semaines
Vélo de salle : à 4 semaines
Autonomie dans la vie quotidienne : 8 semaines
Vélo de route : 3 mois
Marche active : 3 à 4 mois
Golf : 4 à 5 mois
Tennis : 6 à 12 mois
« Genou oublié » : 6 mois
Surveillance avec radio tous les 1 à 2 ans
Durée de vie de la prothèse : 15 à 20 ans
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