Sylvie a 25 ans. Elle est vétérinaire, spécialiste des chevaux. Pour que sa vie soit cohérente et harmonieuse, elle a pris soin d’être passionnée d’équitation et elle monte en concours à bon niveau. Elle vient me voir suite à une violente douleur musculaire dans sa paroi abdominale. Cinq jours auparavant, elle tenait un jeune étalon par le licol pour le soigner. Il a pris peur et s’est cabré. Elle a été violemment tractée vers le haut et son dos s’est creusé. Ses abdos ont tenté de freiner le mouvement et se sont complètement déchirés !
La blessure est originale. Les dégâts ont l’air sérieux. Il faut mener l’enquête ! L’échographie et l’I.R.M. montrent le moignon des abdominaux rétracté sur plus de 10 centimètres. L’espace laissé vacant est rempli de sang. Habituellement, les lésions musculaires graves guérissent en un peu moins d’1 mois et demi. Dans ce contexte, le radiologue est plus inquiet et parle même de 2 mois et demi. C’était sans compter sur la motivation de cette jeune athlète !
Je lui prescris de la kinésithérapie. Drainage, étirements, renforcement progressif sont au programme. Je lui propose des exercices d’auto-rééducation. Chez elle, elle s’assoit sur un gros ballon, un swissball. Dans un contexte d’instabilité, elle fait des exercices et travaille ses mouvements de cavalière. Sur vélo d’appartement, elle garde la forme en pédalant penchée en avant, abdos détendus. Peu à peu l’hématome se transforme en fibres musculaires. Rapidement les douleurs disparaissent. À 3semaines, elle remonte un vieux cheval sympa au pas. Je l’invite à la patience et à la prudence. Je lui suggère de revenir à 1 mois et demi après sa blessure pour programmer son retour à une pratique sans restriction. Elle m’appelle à la 5e semaine : « Ça va super bien, je remonte mon jeune cheval difficile à l’obstacle ». Je ne lui tiens pas rigueur d’avoir enfreint mes consignes. En traumatologie du sport, il est d’usage d’affirmer que «parfois, les patients indisciplinés nous font progresser !». Mais attention, ne vous emballez pas ! Dans bon nombre de cas, les rebelles retardent leur cicatrisation… ou aggravent leur lésion !
Par le Docteur Stéphane Cascua, médecin du sport.
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