Rémi MANTION est diabétique depuis l’âge de 16 ans. Il pratique pourtant le BMX à haut niveau ! Mieux encore, le sport l’aide à comprendre et à maîtriser son traitement ! Un exemple à suivre !
Par le docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport
Le diabète de l’homme jeune est une maladie au cours de laquelle le pancréas ne parvient plus à sécréter l’insuline. Cette hormone a pour mission de faire pénétrer le sucre du sang dans les cellules du corps. Ce phénomène s’enclenche tout particulièrement après les repas lorsque la digestion provoque le passage du glucose des aliments dans le sang. Le traitement du diabète consiste en une injection régulière d’insuline. La procédure est contraignante et complexe. La dose administrée dépend du taux de sucre sanguin mesuré à l’aide de petites piqûres, de la composition des repas… et de l’activité physique. En effet, le sport agit un peu comme l’insuline. Les muscles consomment beaucoup de sucre et absorbent celui qui se trouve dans le sang ! On comprend alors aisément qu’il participe au traitement.
Surentraînement ou diabète ?
En 2006, Rémi MANTION a 16 ans. Il se prépare intensément pour les compétitions internationales à venir. Malgré de grosses charges de travail, il ne progresse plus ! Son coach redoute un surentraînement. Son médecin lui prescrit un «bilan de fatigue ». Le diagnostic est simple mais dur à encaisser… il est diabétique ! Rémi est alors hospitalisé sept jours. L’équipe médicale lui explique toutes les subtilités de son traitement par insuline. La diététicienne lui décrit l’alimentation adaptée à sa maladie. Par chance, elle ressemble étrangement à celle d’un sportif de haut niveau : sucres lents accompagnés de légumes pour étaler dans le temps le passage du sucre dans le sang. Il connaît aussi la règle de base « inverse » : éviter les sucreries pour que le glucose n’envahisse pas soudainement la circulation. On lui enseigne également l’influence de l’activité physique permettant de diminuer les doses d’insuline. Là encore, il comprend aisément. Il va rejoindre les terrains d’entraînement et apprivoiser son traitement !
Les championnats du monde trois mois après le diagnostic !
Pendant quelques semaines Rémi tâtonne ! C’est normal. En théorie, il faut réduire les doses d’insuline avant et après les entraînements. Il est impératif d’éviter les « hypoglycémies » pendant l’effort. En pratique, les longues sorties en endurance répondent à cette règle de base. À l’occasion du repas précédant la sortie, Rémi réduit son injection basale qu’il règle afin d’injecter 20 à 30 % de ses besoins d’insuline en temps normal, et cela pour toute la durée de l’entrainement de plus d’1h. Il n’en a pas besoin au cours des 6 heures qui suivent ! Lorsque son taux de sucre sanguin est un peu élevé au départ, il se contente de boire de l’eau et n’a aucune défaillance. Lorsque sa glycémie est normale, il prend une boisson de l’effort comme bon nombre de sportifs. Étonnamment, les séances fractionnées provoquent une élévation de son taux de sucre sanguin. À y regarder de plus près, ce n’est pas illogique ! Elles sont plus courtes, brûlent moins de calories et provoquent la sécrétion de l’adrénaline, cette hormone du stress qui libère un maximum de glucose ! Bref ce n’est pas évident mais Rémi s’accroche, réfléchit, ajuste, gère puis maîtrise ! Malgré tous ces aléas, ces bouleversements et ces émotions dans sa préparation, trois mois après le diagnostic, Rémi est sur la ligne de départ des championnats de France, d’Europe et du monde !
LES FRACTURES DÉSÉQUILIBRENT LE DIABÈTE !
Rémi vous l’a montré : l’exercice physique potentialise le traitement de son diabète. Les muscles brûlent du sucre et reconstituent leurs stocks en absorbant celui qui circule dans le sang. Le sportif a besoin de moins d’insuline. Comme pour faire la démonstration « en miroir », Rémi s’est cassé la clavicule lors d’une chute à vélo. En quelques jours de sédentarité forcée et malgré un équilibre alimentaire rigoureusement préservé, il a été contraint de multiplié par deux ses doses d’insuline.
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