Sophie a 45 ans. J’ai vu en consultation son époux la semaine précédente. Comme lui, elle fait de la course de fond. Je la vois pour un contrôle annuel. À l’issue d’un bilan rigoureux incluant notamment un électrocardiogramme, je lui signe son certificat d’aptitude. Elle m’interroge : «‑Docteur, vous avez prescrit à mon mari une « épreuve d’effort » pour évaluer le comportement de son cœur alors qu’il est sollicité au maximum. J’ai le même âge que lui. Alors, pourquoi pas à moi ? ‑ » « ‑Bonne question ! Il est d’usage de proposer aux hommes de plus de 40 ans s’entraînant intensément de faire cet examen. Mais les femmes sont protégées par leurs hormones jusqu’à la ménopause.
En fait, vous avez 4 fois moins de risque de crise cardiaque que vos collègues masculins. Pour vous, ce bilan sera médicalement indiqué aux alentours de 50 à 55 ans. » « Pourquoi ? Comment sommes-nous protégées ? » « On comprend un peu « comment » ça marche. Les hormones féminines, vous le savez, favorisent la souplesse et l’utilisation des graisses. Ce sont finalement des spécificités à retentissement sportif. Du coup, les membranes entourant vos vaisseaux sont plus élastiques. Vos artères sont moins agressées par le flux sanguin, elles font moins de cicatrices épaisses. Vous brûlez plus aisément les lipides, ils s’accumulent moins dans vos parois artérielles. Ces deux facteurs concourent à ce que vos artères se bouchent moins. Quant au « pourquoi », c’est toujours plus délicat ! Les médecins étudiant l’évolution de notre espèce émettent une hypothèse. Au Paléolithique, les hommes étaient très actifs, ils parcouraient de longues distances pour chasser. Les femmes bougeaient moins, elles étaient responsables de la cueillette à proximité de la grotte. Elles auraient donc aujourd’hui moins besoin de l’exercice pour équilibrer leur métabolisme, pour assurer leur survie et celle de leur descendance. C’est comme si les femmes avaient sélectionné des gènes de résistance à la sédentarité : c’est le privilège de la cueillette ! »
Docteur Stéphane Cascua, Médecin Du Sport.
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