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GRAISSES FÉMININES : QUELLE INFLUENCE SUR LA PERF’ ?

Dernière mise à jour : 23 févr. 2023


Par le docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport.


Mesdames, votre corps contient environ 25 % de graisse, celui des hommes 15 %. Cet écart de 10 % s’émousse à peine à haut niveau, lorsque les silhouettes s’affûtent. Cette adiposité est parfois un avantage, notamment en triathlon. Explications !


Vos hanches rondes sont recouvertes de tissu adipeux spécifiquement féminin. Il apparaît à la puberté. En théorie, il contient les réserves énergétiques nécessaires pour mener à bien la grossesse et l’allaitement. S’il alourdit un peu votre corps en course à pied, il modifie favorablement votre équilibre en natation. De surcroît, il est associé à votre aptitude à brûler plus aisément les graisses. C’est un avantage sur les épreuves longues distances.


SUR LA TERRE, CE N’EST PAS FORCÉMENT UNE BONNE AFFAIRE !


La VO2 max, la consommation maximum d’oxygène, correspond à la cylindrée du sportif d’endurance. Il est d’usage de l’indiquer en la divisant par le poids du corps, comme si un constructeur automobile mentionnait la puissance de son moteur par kilos de carrosserie. L’indice se révélerait alors plus déterminant pour évaluer la performance du véhicule lors des accélérations ou dans les côtes. Cette mesure est également pertinente en course à pied puisque chaque foulée est un petit saut au cours duquel vous soulevez votre poids. C’est moins intéressant à vélo, sauf pour estimer vos qualités de grimpeuse. Toujours est-il que votre VO2 max/kg est en moyenne de 15 % plus faible que celle des hommes. Une bonne part de ce handicap est liée à votre surcharge adipeuse. Les performances entre 1 500 et 10 000­mètres sont très dépendantes de la consommation d’oxygène. De façon cohérente, sur ces distances, l’écart entre les records mondiaux féminins et masculins est d’environ 12 %. Il tombe à 9 % sur marathon puis à 5 % sur 100 kilomètres. Mesdames, vos chronos se rapprochent de ceux des hommes sur longue distance essentiellement pour deux raisons. Premièrement, si vous transportez un peu plus de graisse, c’est que votre métabolisme en a besoin et qu’il sait l’utiliser ! À intensité modérée, vous consommez une proportion plus élevée d’acide gras, vous préservez votre stock de sucres musculaires, vous repoussez l’épuisement, vous évitez plus aisément le « ­mur du marathon ». En moyenne, vous commencez à empiéter sur vos réserves de sucre à 52 % de vos aptitudes cardiaques alors que chez l’homme le processus débute dès 45 %. Deuxième justification : vous êtes plus souple. Vos membranes musculaires sont plus élastiques, elles s’abîment moins à la réception de chaque foulée. Vos muscles sont moins douloureux, vous poursuivez plus aisément votre effort à la même vitesse.


DANS L’EAU, C’EST PLUTÔT UN AVANTAGE


Dans l’eau, les poumons pleins d’air se comportent comme une bouée. Lorsque les hommes tentent de bien s’y allonger pour nager, leurs lourdes cuisses pèsent et leurs corps basculent. Pour eux, acquérir une bonne glisse se révèle difficile, ils n’y parviennent qu’en battant plus énergiquement des jambes. Pour vous, Mesdames, inutile de vous fatiguer, le tissu adipeux de vos membres inférieurs est là pour vous aider ! La graisse est plus légère que l’eau, l’huile flotte sur le blanc d’œuf avant d’émulsionner la mayonnaise, et la crème Chantilly flotte sur l’irish-coffee. Ainsi, votre bassin et vos cuisses remontent plus aisément, vous êtes spontanément plus horizontale dans l’eau, vous bénéficiez d’un meilleur « hydrodynamisme ». Sur 1 500 mètres nage libre, où la VO2 max reste essentielle, la différence entre les records mondiaux masculins et féminins n’est que de 6 %. Si l’adiposité n’est plus un handicap, pourquoi cette petite inégalité persiste-t-elle ? Vous l’avez compris, les hormones féminines favorisent le métabolisme des graisses, aussi bien le stockage que la mise à disposition. À l’inverse, les hormones masculines stimulent la construction des protéines. Les hommes profitent d’une plus volumineuse masse musculaire. Ils sont plus forts et leurs muscles parviennent à consommer plus d’oxygène. En crawlant, ils battent plus énergiquement des jambes et ils tirent plus puissamment avec les bras. De plus, ils synthétisent plus abondamment une protéine capitale : l’hémoglobine ! Ils font plus de globules rouges alors que vous, pour ne rien arranger, vous en perdez un peu chaque mois pendant les règles. Ils transportent plus aisément l’oxygène vers les muscles en action. De façon schématique, sur des épreuves de course à pied, de distances modérées, votre écart de performance avec les hommes est de 15­%. Dix pour cent, soit les 2/3, se justifient par les 10 % de surcharge en graisse. Cinq pour cent, soit 1/3, s’expliquent par un manque de masse musculaire et de globules rouges.


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